Euh non. Là non. Juste non. Voyez Juste Leblanc ? Leblanc c'est son nom, non ? Ben là c'est pareil, c'est Juste Non. Disons que voilà, okay, bon, vous êtes chanteur, vous voulez vous faire connaître parce que merde, on est en 1987, t'es beau gosse, désolé mais la fusion psychédélique asymétrique avec basse slappée et samples de chants zoulous est pas franchement le meilleur moyen de se farcir des cago... d'émoustiller la gent féminine, et quand votre premier album a marché moyennement sans vraiment faire d'étincelles, d'acccord, je l'admets, faire un second album avec des reprises pour mettre en valeur sa culture musicale, sa belle voix et ses talents d'arrangeur, je peux comprendre.

Mais là, Juste Non.

Déjà, pourquoi se faire chier, dans la série "je fais un album de grandes chansons et mon premier album a pas assez marché alors ouin", on débute le disque par "The Little Devil's Lullaby". La même. Copier coller. Zéro intérêt pour le fan, zéro intérêt artistique, zéro crédibilité vu que la prod n'a rien à voir. Ah, la prod. Tenez, on va en parler de celle-là. Elle est calamiteuse. Les arrangements piquent plus que Nikki Sixx en 1987. Peu de guitares, du synthé partout, mais attendez, ce n'est pas le souci, le synthé. Non, le souci, c'est ce qu'on appelle l'orgue électronique, parce qu'il faut appeler un chat miaou. La majorité de ce disque sonne comme un vulgaire karaoké général midi où un bellâtre essaie de faire son kéké devant les cagoles enfardées d'un bar miteux de la banlieue presque proche d'Argelès. Ces cordes à la fin de "You Needed Me", sincèrement les mecs, c'est quoi ? Un RMI Keyboard Computer KC-II ?

On peut faire les comptes : il y a "Yesterday", inutile mais jolie et courte, "Nikita" qui est vraiment bien chantée (malgré un solo de fin qui est une version très amochée de Richard SANDERSON), "Hello" qui possède 50% de l'émotion originale (c'est déjà pas si mal, dommage que les moyens faméliques nous privent d'une vraie explosion), et "You Needed Me" qui est balourde mais a un petit quelque chose, peut-être la présence de guitares.

Sinon, ce disque est un concentré de tout ce qu'il ne faut pas faire pour se démarquer un tant soit peu. "Feelings" où l'émotion qu'un Mike BRANT y insufflait est passée au chinois avec des arrangements copyright Didier SUPER, "Lady in Red" possède l'érotisme subjuguant d'un chiffon microfibres, "Somewhere My Love" ressemble à la musique du répondeur de Prisunic Voyages, "La Vie En Rose" fait passer la version de Grace JONES pour un summum de bon goût, et le pire, le plus époustouflant de putasserie mal calibrée : "Take My Breathe Away", qui essaie de refaire tous les arrangements avec un très grand mimétisme mais se crashe en vol façon Cougar avec une transpose foirée, un pont foiré, un contrechant foiré, une ambiance foirée, bref si pour Roch ce disque c'est l'an deux, ce titre marque surtout l'an foiré.

Il est difficile de rendre compte à quel point un album peut être inutile. Mauvais, atroce aux confins de l'inécoutable, d'accord, mais ici on n'y est pas (encore que...), c'est juste un tout petit, miniscule discounet à la production terrifiante d'amateurisme et une portée artistique qui ne va pas plus loin qu'une éjaculation en poudre au milieu du Sahara. Les fans des chansons originales seront horrifiés, ceux de Roch n'auront rien à se mettre sous la dent (à part donc "Yesterday" et "Nikita"), même la pochette est immonde. C'est un terrible pas en arrière pour notre Canadien et à vrai dire, à l'écoute de ce 33 tours, il est difficile de croire qu'il ait pu autant mûrir en l'espace de deux ans. C'est parce qu'il est venu dans le pays de Michel Drucker et BB Brunes, je ne vois que ça.