Rappel à l’attention des futurs candidats :

En principe, chez Forces Parallèles, un chroniqueur qui s’attaque à un album est tenu de traiter la discographie complète de l’artiste. Ça a des avantages et des inconvénients. L’avantage principal, c’est que ça garantit une certaine cohérence de jugement sur l’ensemble de l’œuvre chroniquée. L’inconvénient majeur, c’est de voir poindre une certaine lassitude quand on se collette avec une discographie qui pèse son poids. Je conseille donc aux futurs rookies de choisir des artistes contrastés, forts en gueule, avec des carrières en dents de scie, ça évite le ronron.

Un type comme Ted NUGENT en somme qui a côtoyé les cimes du succès et signé quelques bouses bien senties. Côté personnalité, je ne vous fais pas l’article, c’est le client rêvé et je ne peux pas m’empêcher de vous rapporter à l’appui sa dernière sortie dans les médias : le guitariste membre du conseil d’administration de la NRA a déclaré qu’un régime alimentaire trop riche en sucre et en additifs chimiques pourrait être à l’origine des fusillades récurrentes aux USA. Ça empêche de penser correctement. Sacré Tonton Ted ! Du pain béni, je vous dis !

Mais bon client ou pas, soyons honnête, je me suis attaqué au Nuge par nostalgie pour son début de carrière flamboyant et j’ai aujourd’hui autant d’enthousiasme à l’idée d’écouter un nouveau méfait du chasseur que de mater à la télé une compétition de curling. N’empêche qu’avec les trois morceaux d’ouverture, il m’a cueilli, Théodore. À 70 ans, NUGENT décoche trois titres qui envoient du bois. Ça n’est évidemment pas original pour deux sous par exemple avec le très bon « Cocked, Locked & Ready to Rock » qui recycle le riff de « Stormtroopin’ » mais c’est exécuté avec conviction, un plaisir indéniable et dynamiquement propulsé par le jeune Jason Hartless derrière les fûts. 70 piges ? Pardon mais le type en a encore dans les doigts. Et on ne regrette même plus l’économie d’un vrai chanteur, on s’est résigné depuis longtemps.

La suite est plus aléatoire et paresseuse entre une auto-parodie douteuse de « Cat Scratch Fever » (« BackStrap Fever » avec des paroles qui font l’apologie de la chasse) et une version acoustique de « Fred Bear » qui sent le remplissage à plein nez. Rajoutez quelques titres passe-partout dont NUGENT ne doit déjà plus se souvenir, un instrumental atmosphérique pas désagréable mais offert en double en mode soldes, tout doit disparaître (« Sunrize », la deuxième version jouée à la Fender Bass IV) et on se retrouve avec un album à l’image de son auteur, hâbleur, ridicule ("I Just Wanna Go Hunting") mais paradoxalement honnête à force de Fuck You attitude assumée tout à la gloire du barbecue et de l’individualisme à tout crin encouragé par le Donald au pouvoir. Et d’en revenir à ce que j’écrivais en chroniquant son premier album, c’est déconcertant mais cet abruti m’est toujours sympathique.

Note réelle : 2,5/5