De ma vie, je ne suis allé qu’une seule fois à la 'chasse aux trésors'. J’avais 10 ans et j’étais très influençable. Le Picsou Magazine de cet été-là avait mis les bouchées doubles pour un numéro spécial sur le sujet. Combien de gamins s’y sont-ils laissé berner ? Nous étions 3, mes deux cousines et moi. Partis tels les Goonies en quête de richesses sur les plages avoisinant la maison des vacances, nous n’avons finalement découvert qu’un repère de naturistes gardant bien malgré eux une grotte qui devait receler l'objet de notre quête. Telle la gueule géante d’un monstre pétrifié, cette dernière avait une haleine repoussante, qui nous a finalement fait rebrousser chemin. Le monstre immobile n’était pas bien effrayant, mais la vase était visqueuse et l’odeur insoutenable.

Alors que je mettais un terme à ma carrière d'aventurier, MEGADETH, fort de sa notoriété, a en parallèle multiplié les participations à divers disques. B.O de films, reprises à l’occasion de tributes et autres : les sessions d’enregistrements se sont multipliées. Premièrement conçu comme un disque bonus dans l’édition limitée de Youthanasia, Hidden Treasures est donc finalement sorti comme album à part entière. L’histoire en a fait un E.P. Ses généreux 8 titres témoignent plutôt d'une compilation de B-Sides, en réalité.

Exercice oblige, elle tire donc un peu dans tous les sens. Les enregistrements des titres se sont en effet étalés de 1989 à 1995. Au menu : 3 reprises, dont 2 font partie des 5 participations à des B.O figurant sur cet album, les autres étant des compositions originales, ainsi qu’une chute studio. Le dernier titre, "99 Ways to Die", est tiré d’une étrange compilation à la gloire de Beavis and Butthead. Il n’y a bien que le logo du groupe imprimé sur la pochette et la gouaille de Dave Mustaine pour nous confirmer le lien qui unit tout cela. Côté styles en effet, on passe un peu du coq à l’âne. Hard Rock ("No More Mr. Nice Guy" de ALICE COOPER), Punk ("Problems" des SEX PISTOLS), Heavy Metal et Thrash tentent ainsi de cohabiter pour un résultat mitigé.

Moins lourdes, plus énervées et rapides si on les compare à celles du comparse METALLICA, les reprises de MEGADETH manquent parfois un peu de personnalité. Dave Mustaine veut montrer à tout le monde qu’il fait mieux que les autres, s’y applique de façon besogneuse, mais tout cela manque d’un brin de folie pour faire mouche. Certes, le chant hargneux du frontman reste inimitable, "Paranoid" s’en sort un peu mieux que les deux autres, mais de tels tubes avaient-ils réellement besoin d’être repris de la sorte ?

En outre, sur ces 6 années, le son de MEGADETH a énormément évolué. Entre le Thrash très technique de Rust in Peace et le Heavy Metal typé US aux accents parfois pop de Youthanasia, MEGADETH est également passé pas la case très spécifique du Thrash linéaire et théatral de Countdown to Extinction. Les titres originaux sont-ils alors des chutes studio ou des expérimentations ? On reconnaît bien dans les monologues parfois un peu longuets de "Angry Again" et "Go To Hell" les particularités de Countdown to Extinction. L’énervé "99 Ways to Die" possède les qualités entraînantes d’un certain "Victory" (Youthanasia). Le line-up de légende répond plus que jamais présent. Mais l’ensemble donne un tout hétérogène pour lequel on a, au final, un peu de mal à réellement s’enthousiasmer.

On mange donc à tous les rattelhead sur cet E.P. MEGADETH ayant commis quelques atrocités sur album depuis sa sortie, on a un peu envie de le réhabiliter. Pour les fans de MEGADETH, surtout ceux de Countdown to Extinction, Hidden Treasures est incontournable. Ne serait-ce que pour cette façon qu’il a eue de slalomer entre les albums qui l’ont précédé. L’E.P s’apparente ainsi à une sorte de pass backstage, avec accès exclusif à quelques titres bricolés à la même époque. Des titres qui, soyons honnête, ont échoué à se hisser au niveau de leurs albums contemporains. Seule "99 Ways to Die", peut-être, tire réellement son épingle du jeu. Le reste n’est cependant qu’un copieux bonus de qualité honorable.

Mais je connais désormais Hidden Treasures depuis 25 ans. Il a toujours été vendu pour ce qu’il est, et ne m’a donc jamais réellement déçu. Tout comme nous n’avions que peu d’espoir concernant l’existence d’un trésor échoué sur des côtes par ailleurs bien touristiques. Pour l’un comme pour l’autre, j’en garde finalement surtout de bons souvenirs, certes mâtinés d’un peu de déception. Mais après tout, même si je ne les ressors que très rarement de leur coffre, c’est sans doute eux qui ont désormais le plus de valeur à mes yeux.