A peine une année après le très réussi Stupid Dream, PORCUPINE TREE revient déjà avec un successeur puisant à la même source : celle d’un rock progressif fortement teinté de pop, et cette fois très marqué folk également. La guitare acoustique de Steven Wilson est en effet à l’honneur tout au long du disque, se mariant joliment avec les subtiles et intenses sonorité des claviers de Richard Barbieri, la basse inventive de Colin Edwin et la batterie intense de Chris Maitland. Lightbulb Sun est néanmoins un album très varié, marqué par des textes assez déprimés, les thèmes de la rupture, du ressentiment et de l’abandon étant particulièrement à l’honneur, de même que des références au monde de l’enfance (avec ce soleil électrique de la pochette notamment).

Le titre le plus long et progressif de l’album est l’imposant "Russia On Ice", mon préféré, superbe exercice disposant d’une atmosphère ultra prenante et d’une montée en puissance superbe et bien rock tout au long de ses 13’.
"Hatesong" est un peu du même tonneau, avec un départ légèrement jazzy, un chant assez minimaliste et des développements plus agressifs. Rayon réussites, "Last Chance To Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled" est devenu un classique (encore joué dans la dernière tournée) : une première partie très bucolique et folk, et une seconde presque Jazz où l’on entend la voix de Do, gourou de la secte Heaven’s Gate qui conduisit au suicide 39 de ses membres en 97 dans le but de rejoindre le Christ caché dans un vaisseau spatial.
J’aime beaucoup également "Shesmovedon" avec son départ un peu énigmatique, sa petite rythmique funk, son refrain catchy et son superbe solo de guitare gorgé de wah-wah.
"Lightbulb Sun" est un bon premier morceau annonciateur du style de l’album par l’alternance des passages très pop et d’autres plus rock. "Four Chords That Made A Million" est une tentative de single pas mal troussée mais qui n’aura pas le succès escompté, alors que "How Is Your Life Today" et "The Rest Will Flow" sont réussis dans un registre cette fois ouvertement pop-folk. Derniers titres, "Where We Would Be" et "Feel So Low" sont un peu en retrait du reste, trop monocordes à mon goût, mais rien de rebutant.

L’album, quoique adulé par les amateurs du versant apaisé des porcs-épics, souffre d’un certain manque d’unité qualitative et d’une ambiance générale légèrement morose, malgré une production parfaite comme de coutume. Steven Wilson himself l’apprécie peu, notamment d’ailleurs "Russia On Ice" qui en est pourtant la pièce maîtresse. Difficile néanmoins de ne pas se fendre d’un 4 tant l’ensemble vole malgré ces quelques réserves bien au-dessus de la mêlée. PORCUPINE TREE a cependant le potentiel pour faire mieux et ne s’en privera pas dès l’opus suivant.