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- Membre : The Stooges , David Bowie , Blondie, Samhain
 

 Iggy Pop, The Rock Iguana (1525)

Iggy POP - Blah Blah Blah (1986)
Par NOSFERATU le 18 Juillet 2021          Consultée 2406 fois

It’s 1986 ok. Mes potes destroy au lycée ne jurent que par BAUHAUS, OBERKAMPH, DEAD KENNEDYS et le thrash metal. Certes, tout ceci m’interpelle mais ce qui me branche le plus à l’époque, c’est la scène protopunk des 'early seventies' que, bien sûr, je n’ai pas vécue. D’où ma fixette obsessionnelle sur MC5, STOOGES, le BOWIE de Ziggy Stardust, le VELVET. Durant cette période, je lis un article de Libération évoquant la sortie du dernier Iggy POP, le qualifiant déjà de personnage 'hors d’âge'. Je vais direct chez mon disquaire qui tente de me vendre la camelote en m’affirmant que c’est le meilleur album d’Iggy. Je l’écoute et je repars aussitôt, très déçu par ce que je viens d’entendre. Déjà, la pochette ne donne pas envie : on voit notre iguane chéri en tee-shirt noir, la coupe toujours courte, en jeans. Aussi clean que le contenu, l’ambiance paraît trop proprette.

Depuis son chef-d’œuvre sorti en 83, le délirant Zombie Birdhouse, Iggy enchaîne les tournées catastrophiques et son état mental est au plus bas à cause de sa consommation dangereuse de dopes de toute nature. Il disparaît même de la circulation. Une fois de plus, c’est le BOWIE blond-platine de ces horribles années où l’ultra-libéralisme règne en maître qui sauve notre pauvre reptile. Comme après l’aventure junkie de Kill City, 83 est l’année où le blondinet casse la baraque avec son hit interplanétaire "Let’s Dance", l’antithèse absolue de Ashes to Ashes qui avait commencé les années 80 sur des chapeaux de roue. Dans l’album du même nom, le 'thin white duke' reprend aussi ce titre "China Girl" dont il avait écrit la mélodie sur le sombre The Idiot de Mr Osterberg. Sauf qu’ici, c’est une cover adaptée à la radio FM, enlevant la noirceur du morceau originel. J’avais même acheté le 45-tours, je l’avoue.

Du coup, Iggy empoche quelques bénéfices bienvenus de ce succès popularisé par un clip plus ou moins sulfureux qui passait alors à la télé à l’époque (l’ami Erwin a dû avoir des rêves humides en le visionnant). BOWIE sur le trop commun Tonight s'attaque même au médiocre "Don’t Look Down" de son protégé sorti sur New Values. Pour Iggy, tout ceci remplit le compte en banque qui en a bien besoin. Ce dernier mène désormais une vie plus modérée et surtout il tombe raide dingue d’une japonaise dénommée Suchi qu’il rencontre à Tokyo. Il séjourne même dans les quartiers friqués de Manhattan, menant l’existence d’un trentenaire presque normal. On est loin des taudis des années 70. Parallèlement, il commence une carrière cinématographique en apparaissant dans le film La Couleur de l’Argent du gigantesque Scorsese, s’initie à la peinture, écrit et reprend contact avec son fiston né l’année de la sortie de Fun House.

La dernière collaboration avec le beau David ne sera pas comme celles, fructueuses, des années 70 à l'époque du chef-d’oeuvre 'protopostpunk' The Idiot ou du tonique Lust For Life. Les mentalités sont changé et l’Ig attend une reconnaissance commerciale. Ce huitième album s’avère en effet plus mercantile.
Steve Jones tient la guitare. Il a rencontré Iggy à Los Angeles et il sort d’un alcoolisme usant. L’histoire est connue : l’ancien PISTOLS adule les STOOGES. Et le 'rock critic' Nick Kent avoue qu’il aurait contacté Mr POP en 75 pour le poste de chanteur du jeune groupe londonien émergeant dans la faune punk de l’entourage de Malcolm Mc Laren. On se rappelle cette orgie sonore qu’est la reprise de "No Fun" où, défoncés, nos pistolets sexuels anéantissaient cet hymne tribal de la punkitude. Iggy a toujours pensé que les PISTOLS étaient les dignes successeurs de son phénoménal groupe matriciel. De plus, durant cette même époque, Steve Jones, affichant la chevelure abondante et le look de motard punk, s’entiche de rock dur comme en témoigne son intervention avec les Poulidor du speed/thrash metal réunis autour de MEGADETH pour une reprise au vitriol d’"Anarchy In the uk" de qui-vous-savez. Fallait donc bien que ces deux symboles du punk rock se rencontrent.

En attendant, le fameux duo destroy se contente d’un titre plutôt énergique pour la bande-son du surprenant film Repo Man (parlant d’extra-terrestres et de trafic de voitures, pour les amateurs de cinoche déviant) sorti en 85, côtoyant des combos punk comme BLACK FLAG, CIRCLE JERKS, SUICIDAL TENDENCIES, THE PLUQZ, tous, de près ou de loin, influencés par les STOOGES. Dans une villa de Los Angeles, les deux compères décalés s’attellent d’abord à des compositions de génies black comme "Purple Haze" de HENDRIX ou "Family Affair" de SLY STONE, Iggy ayant toujours revendiqué une culture soul/funk. Des compositions suivent qui vont plaire à BOWIE. Subjugué par ce qu’il vient d’entendre, notre superstar les ramène à Montreux en Suisse pour créer ce qui va devenir le grand 'comeback' du symbole vivant du rock.

Dans le studio, il y a les zicos du moment de BOWIE, Kevin Amstrong, un gratteux anglais, et le turc Erdal Kizilcay qui joue de plusieurs instruments. Mais Jones pour une sombre histoire de passeport ne peut venir. BOWIE coécrit certains titres comme à l’époque bénie de The Idiot ou de Lust For Life. Ce sera leur dernière alliance artistique. A la production, David Richard responsable des albums de ahem QUEEN. Le label ? Ni plus ni moins A et M. Un album calibré pour les standards de la chaîne omniprésente, MTV donc. Les séances d’enregistrement durent deux semaines avec une intensité qui bouscule l’amateurisme de l’Ig habitué jusqu'alors à faire son taff, mais surtout à sortir après pour embrayer sur une fiesta sauvage. Le son est malheureusement trop 'années 80', en phase avec le rock mainstream de l’époque. Beaucoup trop de synthés, de batteries programmées. Pas la catastrophe annoncée, mais rien de transcendant.

Il y a toutefois des compos assez sympathiques. L’album commence ainsi par une reprise agréable d’un standard rock'n'roll chaloupé des années 50, d’un certain IVAN. La voix est fabuleuse, jamais l’ig n’a aussi bien chanté, sauf que le titre originel est dénaturé et métamorphosé pour entrer dans les codes musicaux des années 80. "Isolation" est une sorte de pop synthétique légèrement rock, malheureusement gâchée par un horrible saxo. "Cry For Love" sonne comme une sorte de rock AOR pas si pénible sur le fond. La voix est grave et langoureuse comme il faut. On dirait presque un crooner goth. Iggy fait aussi son premier clip. Ecoutons son témoignage sur le tournage de la vidéo : ça a été très excitant et en plus, moi, je sais faire l’acteur. Les autres, ils ont l’air de faire de la pub pour un dentifrice. Le morceau éponyme renvoie aux lointains échos du fameux Lust For Life, avec des vocaux réverbérés. "Winners and Losers" semble plus toxique que le reste de l’album, l’iguanodon se lançant même dans les sauvages onomatopées dont il a le secret, rappelant sa gloire passée. Mais ne vous attendez pas évidemment à une resucée de "Search and Destroy". Une atmosphère pas déplaisante imprègne aussi "Little Miss Emperor".

Et puis il y a les déchets. "Baby, it Can’t Fall", mélodie polluée par des cuivres et des synthétiseurs raplaplas, est à oublier d’urgence. "Shades" sonne comme le BOWIE des années yuppies. "Fire Girl", pourtant coécrite avec Mr Jones, résonne comme de la synth-pop informe. Sans parler de la soupe d’ "Hideaway". Ainsi, Blah Blah Blah, que je redécouvre à l'occasion de cette présente chronique, est un peu trop conventionnel à mes oreilles, mais possède par moments un léger charme 'middle of the road' entaché par des titres passe-partout mal foutus. Cette oeuve atteint ainsi le sommet des charts dans certains pays comme la Norvège (deuxième place des ventes !). Désormais, l’Iguane s’attaque aux festivals soignés. Fini les clubs moites des années 70. Il fait une tournée avec les PRETENDERS qui ont de même une cote commerciale non négligeable avec Chrissie HYNDE tout enamourée de jouer avec son idole.

Sur scène, notre 'rock'n'roll animal' number one affiche alors une forme exceptionnelle. Puis il change de look : bagues, coupe rappelant un peu celle de l’année de Raw Power, jeans troués, cuir. C’est le retour de l’électricité dont la prise a été allumée en 69 par son groupe matriciel : les GUNS AND ROSES explosent, le goth-rock bat son plein, les 'greboes' apparaissent en Angleterre, le garage revival est à son sommet, les Australiens carburent aux sonorités sidérurgique du Détroit des sixties, le grunge va poindre son nez. Le punk hardcore et le thrash metal se disputent le terrain de l’ultra-violence. Tous ces courants et artistes revendiquent fièrement l’influence du gang d’Ann Arbour. Il est temps de durcir le son et de retrouver un instinct vital que Mr POP n’a jamais réellement abandonné.

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- Iggy Pop (chant)
- Kevin Armstrong (guitare)
- Steve Jones (guitare)
- Edral Kizilcay (claviers, basse, batterie)


1. Real Wild Child
2. Baby, It Can't Fall
3. Shades
4. Fire Girl
5. Isolation
6. Cry For Love
7. Blah-blah-blah
8. Hide Away
9. Winners And Loosers
10. Little Miss Emperor



             



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