AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine....très lointaine

Prouesses technologiques, saga ambitieuse en six actes, Star Wars(fi] est un produit de luxe made in Hollywood qui nourrit l'imaginaire collectif du monde entier depuis plus de trois décennies. Tous les grands mythes dont raffole l'industrie du cinéma américain sont poussés à leur paroxysme comme, par exemple, la conquête de l'espace, une des grandes obsessions de la guerre froide, ou l'éternelle lutte du Bien contre le Mal. La mythologie de cette immense fresque inter-galactique a été travaillée dans ses moindres détails au plus grand plaisir des fans qui peuvent débattre pendant des heures du nom de tel robot apparaissant un quart de seconde entre deux duels de Jedi ou du poids exact de Jabba le Huth. Le folklore de cette saga est gravé en effet dans la mémoire de chacun : Jedi, sabre-lasers, clones, galeries de héros pittoresques et attachants, méchants diaboliquement maléfiques, extra-terrestres de tout poil, vaisseaux spatiaux légendaires tels le Millenium Falcone ou l'Etoile noire. Mais, si une chose a bien marqué à jamais les esprits de millions (milliards?) de personnes ayant vu ou non les films, c'est définitivement la musique composée par John WILLIAMS.

Connu aux quatre coins de la planète, même au fin fond de la jungle amazonienne, le thème principal est l'un des airs les plus connus du cinéma. Déjà oscarisé pour sa B.O des Dents de la Mer, John WILLIAMS est un compositeur d'expérience lorsqu'il s'attaque à ce travail titanesque qui se révèle largement à la hauteur des ambitions de George Lucas. Ce dernier désirait en effet une musique d'inspiration classique dans la lignée de WAGNER. En prenant pour modèles DVORAK ou STRAVINSKY, cette bande originale brille ainsi par ses thèmes épiques et lyriques qui reviennent comme des leitmotiv et rythment pendant deux heures les aventures trépidantes de Luke Skywalker et de sa soeur, de Ben Kenobi, de Han Solo et son fidèle Shubaka, de C-3PO et R2D2 luttant sans relâche contre le terrible Dark Vador.

La prédominance des cuivres, des mélodies flamboyantes, des rythmes martiaux en perpétuel contraste avec le romantisme des cordes et de la flûte caractérisent l'ensemble de la partition de WILLIAMS. Le thème principal a des allures d'hymne national : le début part en fanfare, le ton est héroïque et d'habiles transitions lyriques à la flûte contrastent avec la chaleur implacable des cuivres. Lors des attaques de vaisseaux, le ton est guerrier et martial avec des percussions très prononcées qui scandent un rythme presque oppressant. Par exemple, lors de l'attaque impériale ("Imperial Attack"), les cordes nerveuses s'entremêlent de manière vertigineuse à la puissance des cuivres. Les ruptures de rythme, de tempo, la variété des mélodies font de ce morceau une des pièces maîtresses du film qui sera cependant remplacée dés l'épisode V par le fameux thème de Dark Vador ("Imperial March").

Lorsqu'il y a peu de dialogues, la musique joue un rôle essentiel et traduit le pittoresque, l'insolite et parfois même le comique de certaines scènes sur Tatooin par exemple avec R2D2 et C-3P0 ("The Dune Sea of Tatooine"). De même, dans une taverne malfamée, un Jazz Band d'extraterrestres désopilants réchauffe l'atmosphère et rompt brutalement avec le classicisme de cette partition ("Cantina Band"). Toute la première partie sur Tatooin est très riche en action, rebondissements ; la musique traduit cette diversité, que ce soit lors des scènes d'actions ("Attack of The Sand People") ou lors de moments clés de l'intrigue comme la découverte de l'hologramme par Luke Skywalker ("The Hologram-Binary Sunset"). Cette séquence décisive se clôt harmonieusement par le thème de la force symbolisant la fibre émotionnelle du film et qui reviendra comme un leitmotiv tout au long de cette bande originale notamment sur "Tales of A Jedi Knight".

Parfois, le tempo s'emballe lors de scènes d'actions très mouvementées au rythme rapide, par exemple lorsque nos héros se battent à l'intérieur de l'Étoile Noire contre l'armée impériale pour délivrer la princesse Leia. Dans un autre registre, les violons et la flûte exaltent quelquefois des mélodies lyriques et délicates qui atteignent leur paroxysme sur "Princess Leia's Theme". Ces rares instants de sérénité contrastent avec le ton épique de "Battle of Yavin", morceau symphonique grandiose sur lequel John WILLIAMS varie brillamment les différents thèmes du film.

Enfin, cette magnifique partition s'achève sur le morceau de bravoure "The Throne Room" qui, avec le retour du thème principal, clôt en fanfare le premier épisode des aventures de Luke Skywalker. Ce morceau final symbolise à lui seul la dimension héroïque de la saga, sublimée par une bande originale ambitieuse qui contient certains des thèmes les plus célèbres du cinéma. Variée et exaltante, la partition de ce premier opus permet à John WILLIAMS d'acquérir un statut de superstar. Rarement une musique de film a connu un succès d'une telle ampleur, rehaussant sensiblement la qualité d'une œuvre aux effets spéciaux spectaculaires et au scénario bien huilé qui fascine toujours autant des millions de fans.

Que la force soit avec toi. A jamais.