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- Membre : Bande Originale De Film

John WILLIAMS - Indiana Jones Et Le Royaume Du Crane De Cristal (2008)
Par MARCO STIVELL le 2 Décembre 2022          Consultée 773 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

'Tannn tan lan tannnnn... Tannn tan lannnnnn...' Entendre ces notes si caractéristiques en 2008 était impensable tant l'écart d'à peu près vingt ans ne laissait rien présager d'une éventuelle suite à la trilogie Indiana Jones. Durant les années 90, certains ont pu suivre la série télé des Aventures du Jeune Indiana Jones, mais le ton y était différent, plus historique qu'archéologique, et elle-même avait dû s'arrêter, faute d'audience. En 2008, George Lucas, Steven Spielberg, Harrison Ford et John WILLIAMS, seuls points communs à toute la saga des films se retrouvent pour le quatrième volet.

Dès sa sortie, et malgré un succès en salles supérieur aux précédents, quelques bonnes critiques également, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal est descendu en flèche par une bonne partie du public à présent 'armé' d'Internet et des réseaux sociaux à leurs débuts. Comme le remarque très justement Romain Dasnoy dans son excellent ouvrage Indiana Jones, Explorateur des Temps Passés (éditions Third, 2022), ce sont souvent des critiques virulentes de la part des mêmes 'rebelles' qui ont adoré la première trilogie et qui semblent ne plus se reconnaître dans ce cinéma d'aventures à une époque où d'autres sagas plus 'adultes' ont pris le relais. Le monde change, les gens changent, tout ça tout ça.

Il y a certes des choses à redire, pourtant, à le revoir, le quatrième Indy ne souffre pas tant de défauts que cela. En premier lieu : la caméra numérique et ses effets d'une trop grande froideur, en particulier dans la scène du cimetière inca. Pour le reste, la rencontre de l'archéologie et des extraterrestres, bon ! Spielberg s'est révélé un maître dans les deux styles, il a simplement tenu à les mêler et même si on a vu mieux, cela ne déroute pas plus que les spectres de l'Arche perdue. D'ailleurs, Irina Spalko, antagoniste et femme de fer dignement incarnée par Cate Blanchett, grande fan d'Indy autant que de Harrison, n'en est pas revenue. Pour des rôles plus secondaires mais par de très bons acteurs, les inconditionnels de la saga Harry Potter peuvent voir 'Mr Ollivander' et 'professeur Slughorn' assis côte à côte sur un banc d'église à la fin, pour assister à un beau mariage.

Le retour d'ailleurs inespéré de Karen Allen en Marion Ravenwood est un petit plaisir non dissimulé, de quoi aider ou non à revigorer le vieux Ford (66 ans) et s'entretenir pour tourner comme s'il était encore dans la force de l'âge. Une performance en soi pour lui, tout en amenant quelques changements à l'histoire. Nous sommes cette fois au milieu des années 50 et Spielberg délivre une peinture plus ou moins subtile des U.S.A. d'alors, entre guerre froide, maccarthysme, zone 51, Roswell et... rock'n'roll ! Ce dernier critère est celui de Mutt Williams, motard et touche juvénile de l'histoire, qui joue autant du couteau que du peigne, façon James Dean. Au départ, j'avais détesté Shia LaBeouf pour cela, mais à y revenir, force est de constater que le nouveau schéma père-fils après La Dernière Croisade est à la hauteur. Tout de même, quand on sait que ç'aurait dû être une fille et jouée par Natalie Portman à l'origine, il y a de quoi râler un peu, m'enfin !

Si le film s'avère une suite plus que correcte, malgré ses défauts, et une belle tentative de faire perdurer le nom d'un vieil aventurier, qui plus est dans un décor presque exclusivement précolombien (absent depuis l'intro du premier film en 81), la bande originale de John WILLIAMS fait un peu pâle figure à côté. Non qu'elle soit mauvaise, mais passé un certain nombre d'idées, la déception pointe le bout de son nez, pour ne pas dire l'ennui. Tombant un peu dans les mêmes travers que d'autres grands noms au cours des années 2000, certains moments passent pour des ersatz de noirceur facile, avec un corps massif d'orchestre et de la ni-queue ni-tête.

Sur une heure quinze, les moments à pointer du doigt dans ce sens sont justement ceux du cimetière à Nazca, auxquels, dans une touche sombre et en grande qualité cette fois, on peut opposer "Call of the Crystal", époustouflant d'hypnotisme par les cordes et les bois. Autre prouesse, le crescendo de "Spell of the Skull", intelligemment précédé du thème de l'Arche d'Alliance, pour nous signifier que l'entrepôt vaste de la zone 51 dans lequel pénètrent Indy, Mac, Spalko et son armée de Soviétiques infiltrés n'est autre que le même vu à la fin du premier film en 81 (et si on ne le devine pas tout de suite, l'Arche nous est montrée durant une course-poursuite plus tard). Fan service peut-être, moment des plus appréciables pour ceux qui sont restés un brin naïfs !

Le constat initial peut paraître sévère, mais c'est d'autant plus regrettable quand on écoute nombre d'idées proposées à côté de cela. Rien que la "Raiders March" d'introduction, avec les deux tours du thème d'Indy séparés par une féérie aux cordes typique du Hollywood années 50, cela vaut le détour. Le final a aussi son mot à dire, en incluant de nouveau le thème de Marion à son tour et au bout de tant d'années pour boucler la boucle complètement. Neuf minutes lumineuses et fort bien équilibrées, l'air de nous dire que nous ne connaissions point de telles mélodies.

Mutt, au prix de bons soubresauts humoristiques, y compris dans l'échange avec Indy, qui lui donnent le statut de nouveau 'Junior', bénéficie d'une belle mise en valeur avec des vallonnements mélodiques rapides et légers, non sans évoquer judicieusement la séquence du jeune Jones dans La Dernière Croisade. Pareil pour Irina Spalko, avec des consonances très russes forcément, mais des pointes martiales et maléfiques du plus bel effet. En matière folklorique, "The Journey to Akator" nous régale du WILLIAMS sous un jour amérindien du sud du plus bel effet. "Grave Robbers" reprend l'idée de percussions tribales dans une texture plus sombre, mais retombe hélas vite dans les facilités susmentionnées.

À l'inverse, "Oxley's Dilemma" finit mieux qu'il ne commence, quand l'orchestre se soulève en un maelström réussi. "The Snake Pit", propice à l'une des séquences les plus drôles du film, est un thème de trois minutes tout à fait adapté, en plus d'être généreux. Enfin, la suite "Temple Ruins and the Secret Revealed" se trouve être celle qui canalise le mieux l'inspiration 'ésotérique' et les moments d'action.

Si l'on se perd un peu dans tout cela, rien de grave car une nouvelle fois, bonne partie de cette oeuvre reste accordée au talent de John WILLIAMS. Tout comme le quatrième film (dernier ?) d'Indiana Jones se doit d'être reconsidéré dans la grande carrière spielbergienne même si, de toute évidence, les meilleurs moments appartiennent au passé.

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   MARCO STIVELL

 
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- John Williams (compositions, orchestrations)


1. Raiders March
2. Call Of The Crystal
3. The Adventures Of Mutt
4. Irina's Theme
5. The Snake Pit
6. The Spell Of The Skull
7. The Journey To Akator
8. A Whirl Through Academe
9. « return »
10. The Jungle Chase
11. Orellana's Cradle
12. Grave Robbers
13. Hidden Treasure And The City Of Gold
14. Secret Doors And Scorpions
15. Oxley's Dilemma
16. Ants!
17. Temple Ruins And The Secret Revealed
18. The Departure
19. Finale



             



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