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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

John WILLIAMS - Indiana Jones Et Le Temple Maudit (1984)
Par MARCO STIVELL le 26 Octobre 2022          Consultée 847 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Indiana Jones et le Temple Maudit (Temple of Doom en V.O), ou l'épisode le moins aimé de la saga ; parmi les trois premiers, entendons-nous bien. L'histoire se passe un an avant celle des Aventuriers de l'Arche Perdue, en 1935, et pourrait être le chapitre le plus ancien de la vie fictive du héros sur écran s'il n'y avait eu ensuite la première séquence western-'adolescente' du troisième film, puis, dans les années 90, la série TV consacrée au jeune Indiana Jones. George Lucas sera d'ailleurs très fier de cette dernière, contrairement à ce deuxième film qui nous intéresse, plutôt un chouchou de son papa numéro deux dans le fond, premier dans la forme, à savoir Steven Spielberg.

Notre barbu à lunettes achève-là une période pour le moins intense de neuf années depuis les Dents de la Mer en 1975, un début de décennie en trombe qui l'a vu redéfinir le cinéma grand spectacle avec le premier Indiana Jones en 81, E.T. et la production du Poltergeist de Tobe Hooper rien que pour l'année 82. Le début des années 90 lui permet à nouveau de conjuguer efforts multiples et succès faramineux. Déjà, là, en 83-84, il participe à La Quatrième Dimension aux côtés d'autres grands noms, mais son grand projet est bien entendu ce Temple Maudit, dans lequel il tente plus ou moins habilement de renverser son image de cinéaste-conteur enfantin (dont E.T. constitue l'emblème). Au milieu de difficultés personnelles (notamment le décès d'un collaborateur sur un plateau), ce film symboliserait pour lui une arrivée à l'âge adulte.

Et cela se traduit par plus de noirceur, de violence au sein de l'aventure palpitante, choses que l'acolyte John WILLIAMS restitue à merveille, au moins pareil voire mieux que le film. Film quelque peu entaché par des éléments divers, comme de nouveau la bouffe avariée et l'équipe malade (en 81, c'était pareil !), ou encore les maux de dos d'Harrison Ford décuplés par la monture éléphant et qui bloquent le tournage plusieurs semaines. Le tournage en Inde est compromis à cause de la censure et autres autorités culturelles qui ne permettent qu'aux Indiens de faire ce que veulent les autres à l'écran, y compris en matière de gros clichés locaux (la fameuse scène du repas dans le palais de Pankot). Du coup, tout se fait chez les voisins insulaires du Sri Lanka.

Les acteurs-stars indiens Amrish Puri et Roshan Seth (le prêtre et le ministre), clichés ou pas, n'en gardent que de bons souvenirs, et les Occidentaux friands d'exotisme, notamment de cette partie du monde, se trouvent comblés, yeux comme oreilles. Indiana Jones, encore appelé 'docteur' en 1935, ne met jamais les pieds chez lui aux U.S.A. dans ce film. Il est projeté directement de la Chine de Shanghai à l'Inde frontalière après une double tentative malaisée pour Spielberg, un, de faire du Broadway/Hollywood années 30 style (ces claquettes, ce music-hall féminin fastueux en intro ont de quoi déconcerter, malgré une chanson originale de qualité : "Anything Goes"). Deux, de montrer son rêve impossible d'être réalisateur américain pour James Bond (l'échange raté des cendres de Nurhachi). D'ailleurs, drôle de coïncidence, pas loin de là, EON Productions vient de tourner Octopussy !

Autres critiques courantes à l'image du film : les légèretés en masse, la décontraction forte dans les idées et pas seulement l'humour renforcé. Indy qui arrive au pauvre village indien, acclamé comme le sauveur blanc, de quoi déclencher l'ire de journalistes et spectateurs en 2020. Les personnages ensuite, comme Short Round, Demi-Lune en VF (un pur 'gamin Spielberg' hyperactif à casquette, dans la tradition allant d'E.T. à la série Stranger Things). Willie, ensuite, dont la blondeur, la séduction et la trouillardise n'ont rien en commun avec Marion Ravenwood du premier film. Peu appréciée des fans, Willie est capturée au fouet à la fin (une des premières envies du réalisateur depuis 77 et les premières ébauches de son ami G. Lucas, sacré filou !), méthode rapide s'il en est, plus que le mariage de ladite actrice Kate Capshaw, cinq ans plus tard avec... Steven Spielberg !

Si John WILLIAMS insère bien un thème romantique, cette fois il n'est présent que par bribes et n'est pas celui de l'alter-ego féminin d'Indy. Pour Ford et Capshaw, une séquence géniale et frustrante dans le somptueux palais de nuit justifie à elle seule la dose d'humour, sur fond de cordes pizzicato (pincées) intelligentes avant le suspense de la bagarre et la découverte du tunnel secret. Short Round/Demi-Lune a bien son thème lui en revanche et semble de fait plus important, car il connaît déjà Indy au début, le sauve du prêtre Mola Ram avant de sauver les enfants de la mine. On retrouve là en quelques notes tout le cinéma enfantin et épatant de Spielberg, à grand renfort de mignonneries mais aussi d'une force extrême-orientale qui ne s'est pas totalement heurtée avec l'avion de Lao Che sur les cimes de l'Himalaya, après le début du film !

L'Orient impérial, l'Asie des grandeurs sont donc au coeur de la partition de WILLIAMS, avec une réussite folle dès le début à Shanghai où c'est fait en grande pompe, sur "Anything Goes" puis au milieu de divers soubresauts d'orchestre, suivant l'action. Le compositeur accumule toujours brillamment les tensions comme il fait éclater les nuées. Le fameux thème héroïque d'Indy, identité musicale de la saga entière, n'intervient que dès la course-poursuite en voiture. Les tourbillons vertigineux de cordes sur les montagnes enneigées plongent ensuite avec vitesse personnages comme spectateurs dans un autre pays prestigieux et un autre rythme. La jungle indienne brumeuse est l'occasion de ressortir les cordes col legno (bois de l'archet), comme au début de l'Arche Perdue.

Efficacité et redites ne signifient point paresse ni facilité. Quand WILLIAMS fait intervenir un sitar, pour l'arrivée au village, ce ne sont que quelques jolies notes discrètes. Plus tard, l'arrivée à Pankot est soulignée par des tablas et on note quelques cymbales ailleurs. Globalement toutefois, c'est l'orchestre classique qui se taille la part du lion pour ce qui est de l'inspiration hindoue, et on ne peut que saluer, une nouvelle fois, le travail accompli. "The Scroll" avec son hautbois dissonant et sa drôle de guimbarde, arrivent à point nommé. On note une belle danse séductrice pendant le repas face au maharadjah, tout comme d'autres éléments de choix pour les malheureux enfants captifs. Quand ils s'enfuient, c'est une véritable parade indienne, rythmes de syncopettes à l'appui !

Et à propos de fuite positive, difficile de passer à côté de thèmes comme "Short Round Helps" à l'architecture soignée, "The Mine Car Chase" où les flûtes et violons se prêtent eux aussi à des prouesses en cavalcades, sans oublier "Water!", l'inondation des cavernes annoncée par mille cloches, glockenspiel etc. Quelle maestria ! Les moments d'action comme de bagarre fleurissent, avec cette évasion en wagonnet dans la mine qui reste en mémoire, même si ce n'est pas le principal attrait, tout comme les pièges des souterrains du temple ni même le trésor des pierres de Sankara qu'Indy doit subtiliser aux méchants, pour la note archéologique minimale.

En revanche, on parlait de noirceur et le film, peu recommandable aux enfants, trouve un véritable sommet dans ses scènes de sacrifices du clan Thug à la déesse-mort Kali - coeur vivant ôté à la main ! -, la prestation d'Amrosh Puri en prêtre fanatique, l'empoisonnement d'Indy qui devient esclave etc. Feu, filtres rouges et autres détails sordides liés à la secte et son culte satanique, en plus d'offrir le pendant idéal, surprise de taille et sans concession, aux parti-pris légers récurrents de ce deuxième volet, sont soulignés par une musique tribale, si bien éloignée de "Anything Goes", qui vient encore ajouter au génie de WILLIAMS.

"Approaching the Stones" et surtout "The Temple of Doom" sont l'occasion de faire intervenir, outre des percussions en masse, un choeur d'abord discret d'hommes, avant que les voix féminines ne s'en mêlent petit à petit. Incantatoire, hypnotisant, échevelé, cet ensemble ne fait qu'ajouter à la puissance du visuel de la messe noire. Un rappel plus que bienvenu se fait durant le dénouement final lors de la scène non-moins essentielle du combat contre Mola Ram et les Thugs sur le pont suspendu, avec les crocodiles qui guettent dans le fleuve tout en bas. Le tout entre deux montées et descentes vertigineuses d'orchestre aux cuivres lourds, xylophones et tambourins affûtés, et avant l'arrivée glorieuse de l'armée britannique.

L'Inde en pleine voie décoloniale est donc l'occasion de faire prendre une tournure différente à la saga, moins portée sur l'archéologie malgré les mots-leitmotivs 'fortune' et 'gloire'. Indiana Jones et le Temple Maudit, souvent moins aimé (et c'est aussi mon cas) gagne en dynamisme ce qu'il perd parfois en intégrité pour cause de grossièreté. Quant à la bande sonore, l'écouter à part constitue un certain régal, tout en se repassant en tête les meilleures scènes, même si elle-même les raconte déjà très bien.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- John Williams (compositions, orchestrations)
- Kate Capshaw (chant)


1. Anything Goes
2. Indy Negotiates
3. The Nightclub Brawl
4. Fast Streets Of Shanghai
5. Map/out Of Fuel
6. Slalom On Mt. Humol
7. Short Round's Theme
8. The Scroll/to Pankot Palace
9. Nocturnal Activities
10. Bug Tunnel/death Trap
11. Approaching The Stones
12. Children In Chains
13. The Temple Of Doom
14. Short Round Escapes
15. Saving Willie
16. Slave Children's Crusade
17. Short Round Helps
18. The Mine Car Chase
19. Water!
20. The Sword Trick
21. The Broken Bridge/british Relief
22. End Credits



             



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