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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

John WILLIAMS - Empire Of The Sun (l'empire Du Soleil) (1987)
Par DERWIJES le 17 Décembre 2018          Consultée 2423 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Adapté du roman semi-autobiographique de J.G. Ballard, L’Empire du Soleil (Empire of the Sun) raconte comment un jeune garçon britannique vivant à Shanghaï, Jim, va se retrouver séparé de ses parents lors de l’invasion de la Chine par le Japon durant la Seconde Guerre Mondiale et devra ensuite survivre dans un camp de prisonniers. Publié en 1984, le livre sera suivi en 1987 par une adaptation cinématographique réalisée par Steven SPIELBERG.
En 1987, le cinéaste a déjà les succès des deux premiers Indiana Jones et E.T. derrière lui. Son précédent film, La Couleur Pourpre, a été son premier véritable film historique mais n’a pas eu le succès escompté. Avec L’Empire du Soleil il retrouve ses deux thématiques les plus chères : la Seconde Guerre Mondiale et l’enfance et offre son premier rôle à Christian Bale (et à Ben Stiller dans un rôle secondaire qui fera germer en lui les prémices de son futur film Tonnerre sous les Tropiques) tout en s’entourant du toujours impeccable John Malkovich. Le film remporta un bon succès critique et gagna une flopée de récompenses, mais le public ne suivit pas et le film fut considéré comme un échec commercial. Spielberg devra attendre 5 ans avant de sortir de son carcan de réalisateur de blockbusters familiaux avec La Liste de Schindler.

Je ne me risquerai pas à une critique du film ici, n’étant pas critique de cinéma, mais je dirai simplement que c’est un film pour lequel j’ai une certaine tendresse et que je regarde toujours avec plaisir, notamment pour sa photographie qui offre aux spectateurs quelques plans superbes, comme celui de Jim devant l’hélice d’un avion en réparation, mais aussi et surtout pour la performance de Christian Bale qui porte le film sur ses épaules alors âgées de 12 ans (!). Et évidemment, il y a la musique. Je ne le cache pas, je suis fan de John WILLIAMS. A chacun son opinion, mais j’ai toujours apprécié chez lui sa manière de raconter une histoire dans l’histoire. Ses partitions semblent toujours habiller parfaitement les images qu’elles illustrent et cela se ressent aussi ici.
Pourtant, une première écoute de la musique de L’Empire du Soleil sans le film pour l’accompagner surprend. Le film n’est pas drôle, loin de là. Il se conclut après tout par les yeux hallucinés de Jim enfin réuni avec ses parents mais qui semble terriblement distant, son innocence partie en fumée en même temps qu’il contemplait la vision apocalyptique d’Hiroshima réduite en poussière nucléaire. Mais la musique, elle, paraît légère, sautillante, parfois joyeuse et presque innocente. Ce n’est pas une erreur de WILLIAMS, nominé aux Golden Globes pour ce film. Son travail s’éloigne des images du film et se rapproche plus de ce que peut faire le romancier : traduire ce qui se passe dans la tête du personnage. Sa partition n’est pas pensée pour simplement accompagner ce qui se passe à l’écran mais pour aller plus loin, pour représenter le point de vue d’un enfant qui tente de survivre et de donner un sens à ce qui n’en a pas. L’un des thèmes principaux est la comptine galloise "Suo Gân" choisie à cause de la nationalité de Christian Bale mais aussi pour ses paroles évoquant un enfant s’endormant dans les bras de sa mère qui renvoie à la quête de Jim pour retrouver la sienne. Le tour-de-force de l’album, "Cadillac of the Skies", illustre cette interprétation : alors que des bombardiers américains attaquent le camp, Jim tente de les suivre au mépris de sa propre vie pour les voir de plus près. La première partie du morceau commence avec un chœur qui fait penser à un chœur d’anges, la béatitude de Jim face aux avions, avant de revenir sur des notes plus sombres et terre-à-terre lorsqu’il avoue ne plus se souvenir du visage de sa mère après que le médecin du camp l’a ramené à la réalité. C’est du pur WILLIAMS, mais c’est très efficace en matière de tire-larmes. Si je voulais citer d’autres exemples de ce genre, je citerais toutes les pistes de l’album, contentons-nous donc du moment plus dramatique "The Streets of Shanghai" qui rappelle le début d’Indiana Jones et le Temple Maudit, ou "Toy Planes, Home and Hearth" qui reprend dans sa seconde moitié le Mazurka Op. 17 No.4 de CHOPIN, morceau joué par la mère de Jim au début du film.
Pour un film se passant en Chine, les instruments asiatiques se font discrets. Encore une fois, cela peut être justifié par le fait qu’étant un enfant de la noblesse britannique établie à Shanghai, Jim n’a pas l’occasion d’en entendre et reste donc confiné aux orchestres occidentaux, mais cela rend leurs apparitions plus intéressantes. Comme dans "The Return to the City" : on y entend un shakuhachi, une flûte chinoise, qui sonne étrangère, de la même manière que la ville où Jim a toujours vécu lui paraît étrangère lorsqu’il s’y retrouve seul. Loin de son enclave occidentale, il se découvre au cœur d’une civilisation qui lui est entièrement étrangère et qu’il n’a fait que regarder depuis la vitre de la voiture de luxe de ses parents. On retrouve cette atmosphère fantôme sur "The Pheasant Hunt", un passage dissonant où des instruments occidentaux se mêlent à des instruments japonais pour créer une ambiance oppressante.

Trente ans après sa sortie, L’Empire du Soleil est un film qui a très bien vieilli. Personnellement, c’est un de mes Spielberg préférés. C’est sentimental, certes, mais il n’y a pas encore le pathos larmoyant de ses derniers films et ça reste très appréciable. Plus habitué à la musique tonitruante des Star Wars et Indiana Jones, il m’a fallu du temps pour apprécier la partition plus subtile de John WILLIAMS pour ce film (attention, subtil pour du John WILLIAMS), mais c’est aujourd’hui une de mes favorites du compositeur par la manière dont il raconte une histoire dans l’histoire du film en se plaçant dans la tête du personnage principal. Il est ici à son meilleur en tant que conteur musical.

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   DERWIJES

 
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- John Williams (compositions, direction)
- The Ambrosian Junior Choir
- John Mccarthy (chef du choeur d'enfants)
- James Rainbird (soliste vocal)


1. Suo Gân
2. Cadillac Of The Skies
3. Jim’s New Life
4. Lost In The Crowd
5. Imaginary Air Battle
6. The Return To The City
7. Liberation: Exsultate Justi
8. The British Grenadiers
9. Toy Planes, Home And Hearth
10. The Streets Of Shanghai
11. The Pheasant Hunt
12. No Road Home/seeing The Bomb
13. Exsultate Justi



             



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