La troisième sortie, et le deuxième album studio, des Allemands de FIDDLER'S GREEN a des allures de véritable aboutissement pour la bande de Peter Pathos, qui mène alors sa barque avec une détermination et un savoir-faire remarquable (ce qu'il fera jusqu'à son départ du groupe en 2006). Résolument folk celtique, mais aussi un peu reggae, et raisonnablement rock, King Shepherd voit le groupe gagner en assurance et en confiance. On peut être rebuté, de prime abord, par la consistance de l'album qui nous laisse à penser que les Allemands ont décidé de constituer un catalogue exhaustif de tout ce qui peut se faire en matière de rock celtique. De par sa grande variété et la qualité de ses compositions, ce dernier se révèle pourtant un petit délice à consommer sans modération.

Les reprises de traditionnels celtiques sont bien entendu toujours de la partie. Mais plutôt que de jouer la carte de la facilité, FIDDLER'S GREEN ressort des placards quelques pièces moins connues qui trouvent ici un nouvel écho rajeunissant. « Lanigan's Ball », mis en valeur par un accordéon enjoué, se fait si délectable qu'il deviendra un classique du groupe, systématiquement joué en concert. « The Mermaid », avec son bodhran et ses harmonies vocales, constitue un autre grand moment, au même titre que le troisième traditionnel repris, « Worker's Song », agrémenté d'une flûte du plus bel effet. Si la performance des musiciens est à saluer, celui qui tire véritablement son épingle du jeu est bien Peter Pathos. Ce dernier propose en effet des compositions originales qui pourraient aisément passer pour des titres traditionnels tant elles semblent ancrées dans la culture musicale celtique. Il suffit de poser une oreille sur les lignes de violon endiablées de « Sherwood Forest », sur le feeling country-folk de « Rose of Ballymore » ou sur la toile irlandaise teinte par les mélodies de « Shamrock Busker » pour se rendre compte que le bonhomme n'est pas né dans le bon pays.

Au-delà de ces influences, FIDDLER'S GREEN poursuit néanmoins son évolution musicale vers un rock celtique qui peine encore à trouver ses bases. Ce n'est véritablement que sur le titre « One Way Out » et son riff quasi-metal que l'on se dit que le groupe est sur la bonne voie. Pour le reste, les Allemands se font reggae (« Rainbow Warrior »), folk (la superbe ballade « Stay by My Side »), country (« Another Ring of Fire »), et propose même un trip techno-ragga-dance-folk halluciné sur « Tribal Dance », un ovni qui sent la déconne à plein nez. Avec une heure pleine de musique, King Shepherd n'est pas exempt de remplissage, mais sa grande variété en fait un album appréciable sur la durée. Un opus très recommandable.

3,5/5