Outsider marque une nouvelle étape dans la carrière d'URIAH HEEP : Trevor Bolder, bassiste historique du HEEP, présent depuis 1976, décédait en 2013 des suites d'un cancer du pancréas. Trevor Bolder a depuis été remplacé par Dave Rimmer (après un bref passage temporaire de John Jowitt), et URIAH HEEP nous revient en 2014 avec un nouvel album, Outsider, ayant pour charge de succéder au sympathique Into The Wild, belle surprise de l'année 2011.
Malgré l'arrivée d'un nouveau bassiste, Outsider demeure fidèle au style dans lequel semble se complaire URIAH HEEP depuis son grand retour au-devant de la scène avec l'album Wake The Sleeper (2008), à savoir un hard-rock classique et sans prise de têtes, avec ce qu'il faut de claviers et de choeurs à foison.

L'intro "Speed Of Sound" se veut efficace et rentre-dedans, bien que très classique. On croirait entendre du MAGNUM par moments. Le single "One Minute" en revanche, bien que peu intéressant, demeure finalement assez sympathique. La double pédale de Russel Gilbrook envoie du lourd sur "The Law", titre réellement réussi. "The Outsider" continue sur la même lancée : la guitare de Mick Box meule à toute blinde et le chant de Bernie Shaw se révèle vraiment bien inspiré. "Rock The Foundation" fait illusion un temps, avec ses riffs hard-rock vraiment agréables, mais le refrain finalement très poussif lorgne beaucoup trop sur le hard FM. Les quelques aspects "progressifs" du morceau, qui font (un peu) penser au IRON MAIDEN des grands jours, ne sauvent malheureusement pas le titre des oubliettes.

"Is Anybody Gonna Help Me ?", ballade d'apparence conventionnelle, se révèle finalement assez lourde et puissante, malgré des côtés là encore un peu poussifs sur la fin, ce qui n'est pas le cas de "Looking At You", avec son riff quasiment punk (oui oui !) susceptible d'étonner plus d'un amateur du HEEP. "Can't Take That Away" flirte presque avec le heavy metal des années 1980, et on croirait là encore entendre MAIDEN par moments. Avec "Jessie", URIAH HEEP revient à des sonorités plus 70's, mais la chanson conserve un aspect général assez agressif. Ce qui n'est pas trop le cas de "Kiss The Rainbow", un peu trop classique : le morceau s'écoute mais une impression d'ennui se fait vite ressentir. "Say Goodbye", le morceau final, nous propose à nouveau des choses un poil plus bourrines, avec un riff principal du tonnerre. Mais là encore, l'impression générale demeure mitigée : le groupe joue le risque zéro, et on achève l'écoute d'Outsider sans en avoir retenu réellement grand-chose.

Outsider qui n'est pas un mauvais album demeure bien trop lisse et trop plat, presque ennuyeux, où le groupe semble en pilotage automatique. La mort de Trevor Bolder aurait-elle eu des effets négatifs sur l'inspiration du groupe ? On serait bien mal placé pour en juger. Néanmoins, cet album manque de conviction et sa production très consensuelle ne joue pas en sa faveur. Après la pastille rafraîchissante que constituait Into The Wild trois ans plus tôt, on était légitimement en droit d'attendre bien mieux ici.

En 2014, URIAH HEEP ne déroge cependant pas à sa tradition et nous livre un album de hard-rock à l'ancienne plutôt plaisant. Néanmoins, rien de bien exceptionnel non plus ici. Mais l'amateur du genre saura y trouver son compte, pour peu qu'il ne se plaigne pas du manque total d'originalité.
Alors que l'Empereur DEEP PURPLE semble revigoré par un "Now What ?!" tonitruant, URIAH HEEP qui continue de défendre brillamment son territoire peine malheureusement à apparaître comme autre chose qu'un 'clone' de seconde zone. Il est toutefois heureux que nos dinosaures britanniques affichent toujours une aussi belle régularité discographique depuis leur retour en studio de 2007.

Note réelle : 2,5/5