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- Style : The Monkees , The Beatles , Paul Mccartney , George Harrison , Al Kooper, The Lemon Twigs
- Membre : John Lennon , Ringo Starr , Randy Newman

Harry NILSSON - … That's The Way It Is (1976)
Par LONG JOHN SILVER le 8 Juillet 2016          Consultée 2034 fois

Harry a fêlé sa voix d’ange immaculée à coup d’abus, c’est un fait, pourtant on manque de croire au miracle quand résonne « That Is All », sise en ouverture de cet album, piochée dans le répertoire de George HARRISON. Parce que ce qu’on entend est vocalement prodigieux de virtuosité et de souplesse. Aussi parce que Nilsson fait de ce titre du Quiet Beatle, passé complétement inaperçu, un instant de grâce comme lui seul est en mesure d’en créer. Cependant, on remarque derechef l’orchestration lisse et la production très propre appliquée à la chanson. Trop propre, même si dans le cas présent cela sert la performance vocale habitée du chanteur. Explication de texte :

Sandman et Duit Mon Dei, réalisés et presqu’entièrement composés par Harry, ont été deux échecs commerciaux cinglants, or ses disques coûtent cher. Le gaillard est entouré d’une farandole de requins de studio et néanmoins amis, c’est la fête au village, cela a un coût. RCA a bien essayé par-ci par-là de lui faire revoir sa copie sur quelques textes, sans trop de succès, mais est parvenu à imposer ses choix pour les titres des albums. Ce qui est aussi le cas de That’s The Way It Is qu’Harry aurait souhaité nommer Eldridge & Beaver Cleaver U.S.A* ou alors The Legs Go First. Le choix premier ressemble à une provocation teintée d’ironie, le second est une formule absurde. Le sens de l’humour n’est pas toujours apprécié chez les commerçants. Ceux-ci ne trouvent rien de plus original que d’affubler ce nouvel album de Nilsson d’un titre déjà choisi pour un album du King Elvis publié en 1970 par la même maison. Les échecs successifs ont fragilisé l’artiste qui s’en remet à son label pour le guider de nouveau sur la voie du succès. La réaction est rapide, le successeur de Sandman est publié six mois plus tard la même année, en juin 1976. Le label impose Trevor Lawrence - un homme à sa main - comme producteur, pour surveiller de près le budget et Harry Nilsson qui vient de pondre trois albums en peu de temps n’a que deux créations à proposer. Qu’à cela ne tienne, on connaît suffisamment son art de la reprise bien sentie. L’idée (facile) de la maison de disques est de refaire le coup de « Without You »* en allant soutirer « « I Need You » au trio pop/folk AMERICA. Évidemment, ça ne marchera pas, non pas que l’ami Nilsson n’y mette pas du sien mais à trop vouloir édulcorer on y perd l’essentiel. C’est ce qui arrive fatalement lorsqu’on remet les clés aux comptables me direz-vous.

Car ce qui sauve l’album, ce sont bien les prestations du chanteur, sans quoi That’s The Way It Is est un disque à ranger au rayon variété pop/rock, pas trop loin de Rod STEWART ou d’Elton JOHN à la même époque. L’homme cosigne ici deux plages : « Moonshine Bandit » (avec Danny Kortchmar**) nous ressert les marimbas – récente marotte de l’énergumène - sur une rythmique reggae, c’est très mollasson. Harry possède le potentiel pour faire nettement mieux. Heureusement, « Daylight Has Caught Me » (coécrite par Dr JOHN) est d’un tout autre acabit, c’est même un excellent titre entraînant, un blues rock cuivré aux ambiances vaudou et bayou. Harry y pénètre comme un larron en foire, tout va bien. L’ensemble du skeud est très hétérogène qualitativement. Outre « That Is All » et « Daylight… », on repère une troisième piste d’excellente qualité. Et même mieux que ça, « Sail Away » rappelle le disque Nilsson Sings Newman. Logique, il s’agit d’une magnifique chanson de Randy. Il va de soi qu’Harry livre de nouveau ici une fabuleuse interprétation à ranger parmi ses (nombreuses) plus grandes.

« Moonshine Bandit » n’est pas terrible, on l’a vu, mais aussi l’exotique standard « Zombie Jamboree» également chaloupé par les marimbas, sorte de tarte à la crème aux effets surlignés qui passe totalement à côté de la plaque. « She Sits Down On Me », blues jazzy, est une fausse bonne idée, elle manque trop de pep pour allumer la moindre mèche. Plus tôt, « A Thousand Miles Away », toujours sur un tempo blues lancinant, n’est même pas convaincante du point de vue vocal, ce qui est embarrassant même si un choriste vient opportunément soulager notre lascar sur les lead. Et si Harry est en meilleure forme sur « I Need You », la ficelle est trop grosse, il ne fallait surtout pas chercher à reproduire la magie de « Without You ». Il n’y a que des comptables pour avoir une idée aussi stupide. À l’intérieur de tout cela, s’égrènent deux instants pas désagréables du tout : le medley « Just One Look/Baby I’m Yours », en duo avec la chanteuse soul Lynda Laurence, est très classieux. La courte reprise vocale de « That Is All » clôt l’album sur une note élégiaque tout à fait dans la nature du bonhomme.

La pochette du 33t est très sympa. On voit Nilsson en train de cloper dans son canapé, la bouteille pas trop loin. Autour, règne un foutoir sans nom. L’ouverture offerte sur la chambre à coucher laisse à observer un peu plus l’état général de l’appartement. On espère qu’il a pensé à aérer. Cela contraste avec le son très smoothe du disque, cette volonté de se la jouer ouvertement radio friendly. De courir après le succès. Encore raté ! Le résultat est un nouveau flop retentissant. RCA reconnaît son échec, décide même de laisser une nouvelle (et dernière) opportunité à Harry, lui accordant une liberté totale pour le (33) tour(s) suivant.

* Ce titre figure tout de même au dos de la pochette, sur un poster représentant un membre des Black Panters et un gamin hyperactif, personnage fictionnel de la culture US
** Dernier hit majeur de Nilsson en 1971
*** Fidèle guitariste sur les disques de Nilsson, mais aussi Ringo Starr etc

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Harry Nilsson (chant)
- Klaus Voorman (basse)
- Chili Charles (batterie)
- Jim Keltner (batterie)
- Danny Kortchmar (guitare)
- David Wolfert (guitare)
- Dennis Budimir (guitare)
- Derrek Vaneaton (guitare)
- Fred Tackett (guitare)
- Jesse Ed Davis (guitare)
- John Morell (guitare)
- Keith Alison (guitare)
- Lon Vaneaton (guitare)
- Michael Anthony (guitare)
- Peter Jameson (guitare)
- David Paich (claviers)
- Dr John (claviers)
- James Newton Howard (claviers)
- Jane Getz Wilson (claviers)
- Van Dyke Parks (claviers)
- Malcom Cecil (synthétiseur)
- Doug Hoefer (percussions)
- Robert Greenridge (marimbas)
- + Plein De Cuivres
- + Plein D'instruments à Cordes
- + Plein De Choristes


1. That Is All
2. Just One Look/baby I'm Yours
3. Moonshine Bandit
4. I Need You
5. A Thousand Miles Away
6. Sail Away
7. She Sits Down On Me
8. Daylight Has Caught Me
9. Zombie Jamboree
10. That Is All (reprise)



             



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