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- Style : The Monkees , The Beatles , Paul Mccartney , George Harrison , Al Kooper, The Lemon Twigs
- Membre : John Lennon , Ringo Starr , Randy Newman

Harry NILSSON - Son Of Schmilsson (1972)
Par LONG JOHN SILVER le 1er Août 2015          Consultée 2075 fois

À chaque disco particulière, son chouchou, or Harry en aura sorti des albums en fin de compte. Dont certains sont devenus incontournables au rayon pop classieuse. Rien que sa cuvée 71, plus particulièrement Nilsson Schmilsson, s’était inscrite au firmament des œuvres majeures de l’histoire. Mais 1971 était une année exceptionnelle, on le sait depuis. Pourtant Harry va vraiment se surpasser l’année qui suit avec Son Of Schmilsson, rejeton iconoclaste, déluré, dissipé, absurde et vraiment barré du précédent effort. Mon chouchou à moi, c’est lui ! Pour être relativement exact, on peut avancer que Son Of Schmilsson s’affirme comme le pendant négatif de Nilsson Schmillson, qu’il fait ressortir les aspérités là où le "père" se faisait plus souvent lisse, Harry laisse Richard Perry s’occuper du son mais ne suit aucune de ses directives quand au contenu du disque contrairement à ce qu’il fit l’année précédente. On continue grosso modo, au même endroit, avec les mêmes musiciens qu’avant néanmoins viennent s’adjoindre de sacrées pointures, puisque, outre Ringo STARR et George HARRISON, Nicky Hopkins, Ray Cooper, Lowell George ou encore Peter FRAMPTON donnent tous de leur personne, l’interprétation instrumentale de ce disque étant éblouissante.

Pourtant nombreux sont ceux qui reprochèrent à l’ami américain de n’avoir sorti là qu’un disque de blagues… Presque étonnant dans la mesure où la musique d’Harry déborde d’humour loufoque et de second degré depuis ses tous premiers pas enregistrés. À ceux-là, Harry répond le plus souvent par l’absurde en parodiant Johnny CASH sur les couplets de "Joy", la ballade country dégoulinante, puis en roucoulant comme ELVIS période cinéma pour ménagères désespérées : "si tu n’as pas eu de réponse, alors tu n’as pas de question, si tu n’as jamais eu de question, alors tu n’auras jamais de problème, s’il n’y avait jamais de problème eh bien tout le monde serait heureux et alors il n’y aurait jamais eu de love song" (1). Démerde-toi avec ça, tiens… L’absurde encore avec l’incroyable "Spaceman" et son texte tout aussi stupide : "Je voulais être astronaute, c'est ce que je voulais et maintenant que je le suis : personne ne s'intéresse à moi", l’orchestration qui commence doucement s’en va crescendo puis devient démente à mesure qu’Harry profère son blues co(s)mique. La suite se fait délicieusement folk avec "Lottery Song", quand Harry chante "la vie est juste un jeu, joue si tu veux gagner" mieux qu’un slogan pour l’euro-million, n’oublions pas que NILSSON fut jadis rémunéré par une banque et que derrière la crétinerie assumée du propos le bonhomme tourne en dérision un symbole ancré dans la société : le jeu d’argent, ce à quoi il permettrait d’accéder comme étant la définition du bonheur.

"I’d Rather Be Dead" décroche le pompon toute catégorie de l’incongruité sur un accompagnement totalement suranné façon musette anglaise où Harry fait entonner "je préférerais être mort que de faire pipi au lit" à une chorale de retraités qu’on a fait venir en car au studio. Les vétérans sont arrivés sans connaître le contenu de ce qu’ils allaient chanter, de perfides assistants ayant décorés le studio en salle des fêtes se chargeant de les faire picoler, laissant Harry se pointer sur le tard pour dévoiler – mort de trouille, avouera-t-il - son projet. L’ambiance est aux cotillons et les anciens éméchés, qui chantent un texte punk sur une musique qui a leur âge, embarquent sans problème dans la combine ; le tout, accompagné de quelques musiciens, est bouclé assez rapidement Puis "The Most Beautiful World In The World" revient à l’exotisme latino, laissant un Harry désinvolte dévoiler sa prochaine orientation artistique sur un final burlesque. Mais on tient bien plus "corsé" dans l’affaire : "Take 54" et son "I sang my balls off for you baby" (2) est bien salace, on entend des ronflements et une voix maléfique qui cite la maison de disques juste à la fin, mais c’est "You’re Breakin’ My Heart", chanson rock de rupture définitive avec ses "so fuck you !" (2) décochés comme des gifles, qui enfonce le clou dans le cercueil. On tient l’antithèse absolue du hit single "Without You" et cela vaut censure automatique pour la BBC, l’avant dernier mot étant toujours absolument inacceptable en 1972. Les keupons n’auront plus qu’à se baisser en 1977.

Toutefois le côté élégiaque de NILSSON n’a pas complétement disparu, de même Nilsson Schmilsson délivrait ouvertement ses fragances borderline ("Jump Into The Fire", "Coconut"), Son Of Schmilsson offre en contrepartie "Remember" qui déborde de mélancolie contemplative et "Turn On The radio", chanson de rupture très Mccartneyienne dans sa construction, malicieusement enchaînée avec "Joy", regorge de délicatesse… alors que "You’re Breakin’ My Heart" qui lui succède sans répit, déterre la hache de guerre. Malgré tout cela, le sommet du disque se niche peut-être bien dans la suite punchy "At My Front Door"/"Ambush". La première où Harry nous a fait partir sur une fausse piste avec l’intro de "Remember" qu’il conclut par un rôt avant de s’encanailler, est un pur rock’n’roll qui monte en puissance, le seconde est un blues qui se densifie, s’apaise pour mieux reprendre et qui finit par s’effacer après les dernières lignes de chant.

Ajoutons que la version 2006 parue en CD contient quelques bonus plutôt recommandables : "What’s Your Sign ?", un excellent titre, n’aurait pas dépareillé dans l’ambiance de Nilsson Shmilsson, "Campo De Encino" est un piano voix lancinant qui n’empêche pas Harry d’élucubrer un texte saugrenu, "Daybreak", qui fera l’objet d’une sortie en single, quoique bien sympa, n’est pas marquante, enfin "It Had To Be You/I’d Rather Be Dead" est un instant volé des sessions où on entend un Harry nonchalant improviser un texte pendant que les musiciens présents l’accompagnent.

Avec Son Of Schmilsson, Harry délivre son disque le plus rock, genre qu’il avait peu abordé de front avant 1971. Les sessions de ce disque sont par ailleurs souvent collectives, les musiciens étant captés ensemble pendant qu’Harry chante ou qu’il joue du piano avec eux. Tous témoignent leur admiration pour la voix de NILSSON. Parallèlement à cela l’homme est en procédure de divorce - la rupture étant un thème abordé plusieurs fois ici, le plus souvent de manière ironique - et mène une vie dissolue dans les bars ou chez les amis du show biz. Au même moment NILSSON tient également le rôle principal dans Son Of Dracula, inénarrable nanar du 7e art qui ne verra le jour qu’en 1974, produit par et avec Ringo. C’est dans son costume d’acteur qu’il est photographié pour la pochette du disque, quelque part dans la maison de… George HARRISON.

1) En Anglais dans le texte
2) Intraduisible

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Harry NILSSON
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   LONG JOHN SILVER

 
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- Harry Nilsson (chant, piano, guitare)
- Nicky Hopkins (piano)
- Klaus Voormann (basse, saxophone, guitare)
- Ringo Starr (batterie)
- Peter Frampton (guitare)
- Chris Spedding (guitare, bouzouki)
- Jim Price (trompette)
- Bobby Keys (trompette, saxophone, trombone)
- John Uribe (guitare)
- Ray Cooper (percussions)
- Richard Perry (percussions)
- Milt Holland (percussions)
- George Harrison (guitare slide)
- Lowell George (guitare)
- Red Rhodes (pedal steel)
- Richard Mackey (cor)
- Vincent Derosa (cor)
- Barry Morgan (batterie)
- Henry Krein (accordéon)
- Paul Keogh (guitare)
- Les Tatcher (guitare)
- Pop Arts String Quartet (cordes)
- Senior Citizens Of The Stepney & Pinner (chorale)


1. Take 54
2. Remember (christmas)
3. Joy
4. Turn On Your Radio
5. You're Breakin' My Heart
6. Spaceman
7. The Lottery Song
8. At My Front Door
9. Ambush
10. I'd Rather Be Dead
11. The Most Beautiful World In The World
12. What's Your Sign (bonus)
13. Take 54 (alter Take Bonus)
14. Campo De Encino (bonus)
15. Daybreak (single Version Bonus)
16. It Had To Be You / I'd Rather Be Dead (jam Session



             



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