De nos jours, CHRISTOPHE est un monument de la chanson française, aimé par le public et respecté par les critiques. Une belle reconnaissance que le chanteur semble s'employer à remercier par une activité discographique moins parcellaire que lors de la première décennie du siècle actuel. C'est ainsi que trois ans après Paradis Retrouvés sort Les Vestiges du Chaos, un album remarquable s'il en est.

Par le passé, CHRISTOPHE avait prouvé qu'il savait rester à la page pour donner ce qu'il pouvait faire de mieux. À bientôt 70 ans, il le prouve une fois de plus avec son 14ème album studio qui se paie le luxe de figurer parmi ce que l'année 2016 a de mieux à offrir. Et ce n'est pas seulement par défaut étant donné le peu qu'a à nous offrir la musique française, dans l'absolu sa qualité n'est absolument pas à nier.

La haute qualité des Vestiges du Chaos, outre une production des plus solides et par conséquent un son plutôt propre, c'est l'écriture variée et intelligente de CHRISTOPHE. Aidé par bien des plumes (dont Jean-Michel JARRE lui-même pour les paroles de la chanson-titre, une première depuis 1977) qui savent écrire de beaux et bons textes, il met à disposition un éventail pop qui pioche dans quelques sous-genres comme l'électro pop ou bien celle à cordes. Une diversité remarquable qui prend encore plus de sens quand elle est couplée à une écriture tout bonnement excellente. Un exemple frappant est "Lou" : cet hommage au regretté LOU REED marque et ébranle, et ce même si comme moi on ne connaît presque pas l'oeuvre de cette fameuse légende. En parlant de morts, Les Vestiges du Chaos offre la dernière occasion d'entendre feu Alan Vega chanter sur le dynamique "Tangerine" – enfin, il serait plus juste de parler de parlando. Un moment chargé d'émotion, donc.

L'émotion, c'est ce qui prédomine tout au long des Vestiges du Chaos. En témoigne "Océan d'Amour", sublime odyssée mélancolique, ou "Dangereuse" à l'instrumentation plus classique (en gros il n'y a presque pas d'électronique), mais pas moins touchante. C'est d'autant plus notable que le chant y est pour beaucoup. En effet, CHRISTOPHE impose sa voix vieille, parfois chevrotante et pas forcément belle en conséquent, mais dotée d'une chose oubliée de certains jeunes minets plus occupés par leur gel coiffure que leur art : la sincérité. Rien que pour ça, il est impossible de détester Les Vestiges du Chaos, tout au plus peut-on se sentir pas du tout concerné par ce qu'il a à offrir.

Difficile de trouver où l'on peut avoir été déçu sur l'album. Même l'intro "Définitivement", avec son vocoder (ou autotune ?) moche se laisse écouter avec plaisir et parvient à attirer l'attention de manière plus positive que négative. Voilà un beau tour de force réalisé par CHRISTOPHE qui prouve une nouvelle fois ce que « grand artiste » veut dire, ni plus ni moins.

Note réelle : 4,5/5