Paradis Retrouvé (2013) était peut-être un chouette album, par certains aspects, mais autant être franc : ce n'est pas ce qu'on attendait le plus de CHRISTOPHE. Non, ce qu'on veut du chanteur, c'est une nouvelle collection de morceaux, rassemblés en un nouvel album studio. Ou à la rigueur, un album live, ce qui serait tout de même une bonne chose pour les fans.

Et les prières des fans ont été entendues : en 2014 sort Intime, le troisième live de CHRISTOPHE, 11 ans après Olympia 2002. Et pas n'importe quel live puisqu'il s'agit d'un live acoustique. La scène des concerts donnés en 2013-2014 était d'ailleurs des moins chargées : CHRISTOPHE seul sur scène, avec un piano et une guitare. Rien d'autre, si ce n'est le public. De quoi faire frissonner de plaisir certains 'mélomanes' se paluchant sur l'exercice du live acoustique en sortant les lieux communs à ce sujet, le pire étant on voit vraiment le talent du musicien quand il est dépouillé de l'électricité.

Pour en revenir à CHRISTOPHE, le pari est à moitié risqué. En effet, une large partie de son répertoire n'a aucun problème à être jouée de manière acoustique. On est loin d'un groupe habitué à sortir la grosse artillerie distordue ou bien le Minimoog. Cela dit, il est bien aisé de se dire que le rythme général sera bien lent, surtout avec le titre d'album, Intime, donc. Gagné : la première piste, c'est "Comme un interdit", joué au piano. Le reste de la tracklist fait également la part belle aux chansons les plus populaires de CHRISTOPHE, pas beaucoup de surprises émaillent le disque. Quoique... pour commencer, "Aline" et "Les Marionnettes" détonent par rapport à leurs versions originales, mais n'en restent pas moins intéressantes – malgré le caractère surfait de cette dernière. Ensuite, on a quand même envie de bouger sur "Señorita", avec cette guitare sèche supportant un chant certes vieux mais captivant par son grand charisme. Il y a également de l'hommage ici : CHRISTOPHE n'oublie pas George BRASSENS, l'une de ses références, avec "La non-demande en mariage" (pas l'une des plus populaires du natif de Sète, certes), et il pense également à son pote Alain BASHUNG avec "Alcaline".

Dans l'ensemble, Intime est un live réussi de bout en bout. Même les extraits d'Aimer ce que nous sommes (2008) ne sont pas irritants – mais restent toujours les plus oubliables. "Comme un interdit" est poignant et magnifique, "Emporte-moi" d'une beauté touchante. De tels moments sont légion sur l'album, le chanteur s'en donne à cœur joie pour taper dans les hautes sphères de la sensibilité. Et cela devant un public qui brille par sa discrétion, sauf sur "Les Marionnettes" dont le final devient un exercice interactif où l'artiste n'est alors plus seul.

Après un remix de vieilles démos, CHRISTOPHE enchaîne avec un nouveau disque particulier dans son œuvre, et surtout un album terrible par sa beauté minime. Une preuve de plus, si besoin était, que CHRISTOPHE est tout sauf un chanteur mineur. Cela dit, si on apprécie l'interprète, l'auteur-compositeur n'est pas particulièrement visible ici. Enfin si, quand même, mais disons que l'opus de 2008 n'était pas très rassurant quant à la plume du musicien. Heureusement que l'avenir donnera tort aux mauvais augures et aux pessimistes.

Note réelle : 4,5/5

PS : il existe une édition d'Intime qui contient un deuxième CD. Même si ce n'est pas du tout de l'acoustique (ah ben ça), il s'agit d'un supplément toujours bon à prendre, ne serait-ce que pour "La petite fille du troisième".