Alors là, il m'a fallu beaucoup de temps pour l'apprécier celui-ci. Son style est assez difficile à comprendre. A passion play était une folie sombre en un seul bloc, War Child est une folie morcelée. Les deux partagent une influence directe de Van der Graaf Generator, bien qu'elle ne soit pas évidente sur toutes les chansons du présent album. En tout cas, on trouve encore du saxophone, mais également divers instruments : accordéon, violons, piano, cornemuses, applaudissements, ainsi qu'une première utilisation des synthés. Pas mal d'expérimentations, dont la plupart ont été réutilisées dans les albums ultérieurs jusqu'à Stormwatch inclus (sauf l'accordéon).

Une chose est sûre, Ian Anderson était devenu un sacré mélodiste. La différence de qualité d'écriture des chansons par rapport à Aqualung est criante. La plupart des numéros sont très complexes et amusants à la fois. C'est seulement quand je m'en suis rendu compte que j'ai apprécié l'album à sa juste valeur... en fait, War Child est très progressif à sa manière, et le caractère décousu de l'orchestration n'en est qu'une composante. Ajoutons à cela un concept léger, plus ou moins basé sur l'histoire d'un enfant pendant la guerre, mais présentant diverses autres métaphores des rapports de force et du jeu de la vie.

Bon, il ne s'agit pas d'un chef-d’œuvre pour autant, il souffre un peu de la comparaison avec la montagne d'albums énormes parus en 74. Précisons encore l'inégalité entre les faces, la première étant vraiment géniale – mention spéciale à «Sealion» – tandis que la seconde est plus linéaire, malgré la présence de l'amusant «Bungle in the Jungle». Malgré tout, j'estime que War Child est un peu mésestimé. A mon sens, il est au moins aussi intéressant que Aqualung et Thick as a brick.