Après Signify,qui se démarquait nettement des premiers essais psychédéliques du combo britannique, Stupid Dream vient parfaitement enfoncer le clou, mais en poussant le bouchon encore un peu plus loin.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser la pochette, PORCUPINE TREE laisse un peu de côté cette fois le volet le plus expérimental de sa musique pour nous proposer des titres plus directs et susceptibles de plaire à une audience élargie. C’est ainsi que cet album et le suivant sont encore aujourd’hui considérés comme les plus Pop des Britanniques.

Ne nous y trompons pas : l’ensemble reste remarquablement construit, pensé et produit, et l’excellence instrumentale est bien au rendez-vous. Les mélodies sont mises à l’honneur dans une atmosphère moins lourde et étouffante que celle de l’opus précédent et la voix de Steven WILSON prend de l’assurance et une place plus importante pour nous proposer des textes moins sombres et plus personnels.
Ce versant pop est parfaitement illustré par des titres comme "Piano Lessons", entraînant et léger, ou "Pure Narcotic", joliment construit autour de beaux accords de piano et d’une guitare folk, avant un refrain imparable.
Dans le même registre, on peut également citer "This Is No Reharsal" dont le thème grave ne dissimule pas la forte séduction pop, "Baby Dream In Cellophan" sur laquelle plane l’esprit de John LENNON ainsi que "Stranger By The Minute" au refrain mélodieux orné de jolis chœurs. "Smart Kid" est un autre versant de ce PORCUPINE TREE accessible, mais dans une version plus atmosphérique et chargée en émotion pour un des meilleurs moments de l’opus.
Mais le disque contient également "Even Less", fort titre introductif et classique du groupe au rendu nettement plus rock ainsi que "Don’t Hate Me" qui penche vers le Jazz, traversé par de formidables lignes de flûte et de saxo joués par Théo Travis qui deviendra un complice régulier de Steven lors de sa carrière solo. Ce titre est probablement le meilleur du disque, parfait assemblage d’émotion et de virtuosité.
"Slave Called Shiver" dévoile une ambiance un peu plus grinçante, alors que l’instrumental "Tinto Brass" (du nom d’un réalisateur italien de films érotiques) est drivé par de belles lignes de basse et que "Stop Swimming" met un terme à l’album dans une ambiance un peu lancinante. "Stupid Dream" enfin n’est qu’un intermède atmosphérique qui renvoie au début du disque (même accord de synthé).
Malgré la qualité des compositions, la production haut de gamme (malgré des moyens limités), et l’adulation des fans amateurs de la facette la plus Pop de la bande de Steven, cet album reste relativement confidentiel. Le groupe insistera néanmoins dans cette veine moins progressive et moins agressive sur son album suivant sorti dans la foulée.

Stupid Dream est quoi qu’il en soit un album fortement recommandable et une belle porte d’entrée à l’univers de PORCUPINE TREE.