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- Style : Maxime Le Forestier , Georges Brassens , Bobin

Francis CABREL - Les Murs De Poussière (1977)
Par BAKER le 14 Octobre 2019          Consultée 1057 fois

C'est important, une maison de disques. Ca sait ce que ça fait, il faut l'écouter. Les décideurs et experts en com sont grassement payés pour ce qu'ils font. Parfois mieux que les chanteurs. Donc lorsque le jeune Francis, venant de la petite ville d'Astaffort dans le Lot-et-Garonne, soit le trou du cul du monde vu de Puteaux, fait écouter sa chanson "Petite Marie" à sa future maison de disques, il a bien écouté leur conseil : "c'est bien, mais débarassez-vous de cet horrible accent".

Il faut TOUJOURS écouter les maisons de disques. Et faire l'inverse de ce qu'ils disent. Ca marche à tous les coups, satisfait ou remboursé.

C'est donc muni d'un adorable accent du sud que Frangcisseuh a sorti un premier album qui reste encore aujourd'hui une pierre angulaire de la variété française. Minute, de la variété ? Ou de la folk, style où il a été le plus souvent affilié ? Là est la magie de ce premier disque : on navigue entre les deux. La douceur, la proximité du folk, mariées à l'opulence symphonique de la variété frenchie 70s toute pomposité violonneuse dehors. Au milieu, un jeune compositeur qui fait feu de tout bois et délivre en un seul 33 tours au moins quatre de ses plus belles chansons. Et quand on connait le pedigree du bonhomme, ça laisse rêveur.

Débuter sa carrière avec "Petite Marie" est en soi un acte de bravoure. Ce mélange d'orchestral pastoral, de comptine folk presqu'enfantine et de variété de luxe reste 40 ans plus tard un sommet de beauté et de simplicité. Du premier arpège de guitare à l'illumination orchestrale du second refrain, c'est un genre de magie comme dirait Connor McLeod. La continuer (la carrière !) avec "Les murs de poussière", ça tient du prodige : ces arrangements entre JETHRO TULL et le SARDOU de l'époque, à savoir un tantinet plus funk qu'avant, ce texte pourtant sur un sujet pas très glamour, ce refrain improbablement long et complexe mais assimilable dès la première écoute, c'est grandiose.

Ces deux immenses, terriiants succès, qui ont largement mérité leur place au panthéon, ne doivent pas cacher deux autres bijoux. En mode mineur, sentimental mais surtout ambigü et déchirant, "Je reviens bientôt" utilise jusqu'à l'épuisement une mélodie évocatrice et forte, où CABREL fait preuve d'un lyrisme rare chez lui. Sur un plan plus majeur, "L'instant d'amour" est une cristallisation de talent, un petit diamant de mélodie et d'orchestrations, que certains trouveront insupportable de mièvrerie tandis que les autres fondront littéralement. Cette clarinette quoi, on dirait qu'elle vient se nicher au creux de votre oreiller !

Pour un premier album, CABREL tape très, très fort. Il ne fait pas de concessions, et les quelques ratages sont plus le résultat de maladresses que de compromis à un style. "Change de docteur" est sa première incursion dans le domaine du shuffle rock, pas une réussite, mais qui ne l'empêchera pas de réitérer l'expérience, en se débarassant notamment des cuivres mal intégrés qui plombent cette chanson. De même, "Je m'étais perdu'' essaie la loufoquerie propre à du SHELLER des débuts et Francis saura redresser la barre en affinant son rock humoristique. Des passages moins convaincants, mais très vite rattrapés dans un disque à la qualité supérieure, bardé de petits moments de grâce : "Ami" qui marche sur des oeufs, "Madeleine" chantée comme on susurre un secret, et à l'inverse "Imagine-toi" outrageusement cinématographique. C'est vrai que CABREL est beaucoup plus convaincant dans le registre pastoral que rock, mais il sait brillamment varier les plaisirs.

Le disque se finit sur un constat fantastique : "Automne" n'est qu'une reprise de "colchiques dans les prés"... Naïf, enfantin ? Non, subtil et révélateur. CABREL adapte le rythme, rajoute des arrangements au cordeau, et cette ritournelle de cour de récré devient une fin d'album en pied de nez. La nature, le monde paysan, la terre, le refus d'une civilisation pétrolifo-Giscardienne qui marchait alors sur la tête, des histoires simples et touchantes, une authenticité mais sans une once de passéisme (nous avons tout le temps pour y arriver hélas) : le premier album de Francis CABREL est connu, certes. Mais pas encore assez.

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- Francis Cabrel (chant, guitare)
- + Divers Instrumentistes


1. Ma Ville
2. Petite Marie
3. Les Murs De Poussière
4. Je Reviens Bientôt
5. Imagine Toi
6. Je M'étais Perdu
7. Madeleine
8. L'instant D'amour
9. Change De Docteur
10. Ami
11. Automne (colchique Dans Les Prés)



             



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