Ce qu'il y a de bien avec TRI YANN, c'est qu'ils nous surprennent toujours, sans jamais se renier. Même si l'âge avance et le rythme (musical et productif) s'adapte, ils sont fidèles à eux-mêmes, à leur esprit rassembleur par des danses et des chants qui plaisent à un large public, tout en faisant preuve d'une audace qui leur avait porté préjudice vingt ans plus tôt...

Les albums publiés depuis Portraits et l'an 2000 mettent tous en avant de manière plus ou moins marquée cet aspect conceptuel : différents personnages et affaire Guillaume Seznec, pèlerinage à Compostelle, diptyque sur la mer et en plongée... Rummadoù reprend l'idée de « portrait », mais à l'échelle d'une famille et sur plusieurs siècles, accordant l'histoire des différentes générations (« rummadoù ») avec celle de la Bretagne et les événements survenus : attaques des vikings, bataille de Saint-Aubin du Cormier, Révolution Française, Guerre de 39-45...

Le chemin est tracé afin de permettre au groupe d'user de son savoir-faire dans de nombreux genres : polyphonies joyeuses sur « Pour Faire de Bonnes Crespes », ou tristes façon « Le Soleil Est Noir » comme pour « Le Prisonnier de 39-45 », rock festif et textes rigolos (« Naïk ar Bihan, Fille Follette », « The Eyes of My Bonnie Mary » en duo avec Jimme O'Neill des Silencers), morceaux mystiques et élans progressifs (« Ar Vikinged », « Lamentations Sur Saint-Aubin du Cormier »)...

Les choeurs des Trois Jean et le soutien instrumental de Goron-Bourgeois-Chevalier-Mevel-Peloil demeure sans faille. Le talent de conteur du groupe est à la hauteur d'une telle entreprise, et l'ensemble demande plusieurs écoutes, invite à y revenir. TRI YANN propose simplement ici l'un de ses meilleurs disques « récents » et quelques unes de ses plus belles chansons : « La Complainte de Marion du Faouët » et « Glen Glas » en tête. Le plus vieux groupe français (au sens large...) et emblème de la Bretagne n'a pas fini de nous étonner !