J'hésite... Violator est un excellent disque très attachant, mais je ne l'ai jamais trouvé très impressionnant pour autant, enfin pas les deux moitiés. Ce sera un 4/5, qu'il faut comprendre comme une première face à 3 et une deuxième à 5.

Violator, c'est un éloge de la lenteur, un des disques les plus posés que je connaisse. Oh certes "World in my Eyes" est un début assez rapide mais elle est un peu poussive comparée aux autres débuts d'album de Depeche Mode. Mais surtout, la mélodie, au demeurant encore fort monotone après l'épisode Music for the Masses, donne déjà l'impression de se dérouler doucement. "Sweetest Perfection" est, elle, résolument lente, et pas mal écrite du tout. Ensuite, le fameux "Personal Jesus" ne m'a jamais convaincu, et ce n'est pas le caractère antireligieux qui pourrait y faire quelque chose, vu que c'est simplement la musique qui me barbe joyeusement. On commence la montée en puissance sur "Halo" et "Waiting for the Night", des numéros incroyablement posés tout en introduisant maintenant une certaine tension dramatique. On constatera également que les mélodies s'améliorent nettement.

Et puis il y a la deuxième partie, et cet enchaînement qui me touche particulièrement, sans doute la meilleure série du groupe. On ne présente plus "Enjoy the Silence". J'y signalerai simplement la guitare, qui annonce curieusement le prochain tournant du groupe, et bien sûr le petit bout instrumental illustrant le silence absent du single. Mais à mon sens, cette chanson ne vaudrait pas autant si elle n'était suivie de "Policy of Truth". Il faut dire que c'est ma chanson préférée de Depeche Mode, celle qui me semble le plus parfaitement équilibrée. Et puis, on s'enfonce dans les profondeurs de "Blue Dress" puis dans le vide de "Clean", qui renchérit sur "Nothing" la bien-nommée dans cet ensemble de fins d'album dépouillées dont ils ont le secret.

Finalement, je ne peux que recommander de toujours écouter cet album dans son intégralité. Ça fait partie du jeu de prendre son temps avec lui. Et je me rends compte qu'il est étonnant qu'une telle œuvre ait pu avoir un succès aussi immédiat alors qu'il faut une approche presque recueillie pour le comprendre. Peut-être que c'est parce que le monde de 1990 était encore capable de ce genre d'attitude.