1980, Londres. Le mouvement Punk lancé en 76-77 a été un feu de paille, une révolte adolescente éphémère contre le rock progressif qui régnait alors en maître. Une vague métal emporte tout, vite baptisée N.W.O.B.H.M (New Wave Of British Heavy Metal), et son chef de file est IRON MAIDEN qui sort alors son premier album. Steve Harris, fondateur du groupe, principal compositeur et bassiste virtuose, est fan des géants anglais du Hard-Rock et du prog. ; il sait en sus capter l’énergie vitale débridée du Punk. Il s’adjoint les services d’un chanteur écorché vif et hors-normes, Paul Di Anno, d’un batteur survolté, Clive Burr, et d’une paire de fins bretteurs, Dave Murray et Dennis Stratton (avantageusement remplacé par Adrian Smith dès l’album suivant) pour accoucher d’une recette miraculeuse.

Cet album, n’est pas totalement parfait bien entendu, mais c’est un florilège de riffs qui tuent, de mélodies impeccables, de temps de respiration où transparaîssent de la profondeur et de l’émotion ainsi que de brusques changements rythmiques qui seront un des marqueurs du groupe.
On y trouve des 'tubes' métal imparables : "Prowler" et son riff acéré, "Running Free" au refrain irrésistible, "Charlotte the Harlot" la survoltée et "Iron Maiden" la légendaire. Deux morceaux sont construits sur un tempo plus lent, "Strange World" dont l‘arpège d’intro relayé par la basse et les harmoniques guitare me donnent encore des frissons, et l’incroyable "Remember Tomorrow", mélange parfait d’émotion et de pure speederie quasi keupon sur la seconde partie. "Transylvania" est le premier instrumental du groupe, modèle du genre qui sera maintes fois copié.
Reste le joyau absolu, encore un des cinq plus beaux morceaux du groupe toutes périodes confondues, "Phantom of the Opera". Premier d’une longue série de titres épiques, il a tout pour lui : un thème mystérieux et romantique (merci Gaston Leroux), des lignes de guitare imparables, l'alternance des ambiances et des tempos, un passage basse-guitare de toute beauté et une intensité constante jusqu’à la fin. Personne n’avait encore composé de morceaux pareils, et l’impact à l’époque fut considérable, une véritable marque de fabrique du groupe encore au cœur de tous ses fans.
Un dernier mot sur la pochette : coup de génie là encore que cette mascotte destinée à l’origine à illustrer un album de Punk et que Derek Riggs ne parvenait pas à vendre. Le groupe lui a fait ajouter des cheveux et le tour fut joué : IRON MAIDEN tenait son icône métal et un véritable passeport tout au long de sa carrière.