Parmi les quatre albums majeurs de TRI YANN à cheval entre années 70 et années 80 (La Découverte Ou L’Ignorance, Urba, An Heol A Zo Glaz et Café Du Bon Coin), An Heol A Zo Glaz est certainement mon préféré. Un peu moins rock qu’Urba mais plus fouillé que n’importe quel album des Trois Jeans de Nantes, Le Soleil Est Vert représente pour moi le compromis parfait entre musique traditionnelle et musique moderne.

Si des titres comme « Guerre, Guerre, Vente, Vent », « Si Mort A Mors » et « Au Jardin De Mon Père, Les Lilas Sont Fanés » reprennent la recette qui a fait le succès de TRI YANN - à savoir des titres courts et accrocheurs, servis par des airs traditionnels qui nous plongent dans les racines de la musique, l’attrait principal de An Heol A Zo Glaz se situe beaucoup plus dans les titres longs, découpés en plusieurs pièces plus ou moins distinctes.

C’est le cas de « Suite Ecossaise » qui sur la base d’un motif tout simple, imprime de subtiles variations avec en point d’orgue « Elslie Marly » et cette touche de guitare électrique qui sublime les instruments traditionnels. « An Heol A Zo Glaz » quant à lui, est le titre majeur de l’album. En effet, Les Trois Jeans de Nantes y déploient leur savoir-faire tout au long des 21 minutes du morceau : chant tour à tour solennel et mélancolique, guitares acoustiques et électriques et surtout instruments traditionnels qui revisitent les structures de la musique celtique avec une aisance déconcertante. D’un début presque éthéré, on passe à un « Kan Ar Kann » très martial puis à une fin plus complexe composée par le groupe lui-même : « Dans Nevez ».

En définitive, An Heol A Zo Glaz s’inscrit dans la continuité de La Découverte Ou L’Ignorance, tout en bénéficiant d’un son plus moderne et d’une richesse de composition qui manquent à son aîné. Dommage cependant, que le disque demeure introuvable à cause des réticences de la maison de disque à rééditer ce chef d’œuvre.