En 2007, FAIRPORT CONVENTION a 40 ans. Comme au moment des 35, l'envie de célébrer est forte, ce qui nous donne un nouvel album nommé Sense of Occasion, enregistré en petit comité par le groupe seul cette fois-ci.

Et avec, en prime, le retour sur une époque où parmi les membres restants, Simon Nicol seul était présent. Bonne version de "Tam Lin", on peut le dire d'emblée, ou du moins intéressante avec le passage au micro de Nicol à Leslie, et inversement, quelques influences jazz fusion inédites dans les moments instrumentaux.

"Keep on Turning the Wheel" débute l'ensemble avec chaleur ensoleillée, country sautillante, batterie de Conway forte en contretemps... Chris Leslie y est excellent, et on apprécie un clin d'oeil supplémentaire aux BEATLES à travers une fin différente du reste du morceau, géniale.

Le soleil reste sur la reprise du groupe XTC, "Love on a Farmboy's Wages", ici marche folk et foraine débordante de basse syncopée par Dave Pegg, de rythmes et percussions chaloupées, dans le respect de la version originale, alors que Simon Nicol nous émeut grâce à son chant mélancolique. Pas de surprise dans cet effort, mais un bel hommage à une superbe chanson !

Le voyage/road-trip conté sur "South Dakota to Manchester" par Leslie est davantage recouvert de brume, mais tout aussi prenant à sa façon. On y aime facilement la batterie, les sons aériens... C'est toujours le même membre du groupe, compositeur principal, qui nous propose deux jolies ballades avec "Spring Song" et "In Our Time".

Au rang des réussites, "Hawkwood's Army" nous plonge en pleine Guerre de 100 ans, avec l'avancée des troupes anglaises d'Edward Ier en France, par le biais de l'interprétation toujours impeccable de Nicol et de la dynamique du groupe entier. La pop sixties de "Untouchable", garnie de 12 cordes à la BYRDS, possède ses charmes, tout comme l'hymne final "Best Wishes" chanté en choeur, tandis que Gerry Conway est à l'harmonium. On peut encore mentionner l'instrumental galant et doux "Your Heart and Mine" de Ric Sanders, la mandoline se substituant au violon.

Néanmoins, il ne faut pas se mentir. Une heure et sept minutes totales sont bien trop longues et que ce soit dans les compositions ou les reprises, FAIRPORT CONVENTION fait naître ici la sensation de redite, de bavardage parfois même au sein d'une chanson correcte. On pense à "Polly on the Shore", réenregistrement de la chanson présente sur l'album Nine (1973), composition de Dave Pegg avec des paroles écrites par Dave Swarbrick et le regretté Trevor Lucas, à qui Simon Nicol rend justice en reprenant la partie vocale. Tout va bien jusqu'au solo de violon, tirant trop sur la corde (!).

"The Vision", autre ballade chantée par Chris Leslie, apparaît trop sucrée. L'instrumental de Sanders, "The Bowman's Return", malgré un set rythmique festif et de bons arrangements percussions-guitare électrique, s'alourdit lui-même tout en faisant voir des étincelles. Enfin, la tentative du groupe en matière de funk ("Edge of the World") est louable pour l'essai en lui-même, mais ne convainc guère dans sa forme. Sense of Occasion est un disque trop chargé, avec quelques idées satisfaisantes mais qui échoue là où Over the Next Hill faisait preuve d'équilibre.