Des groupes qui fêtent leur anniversaire, cela arrive souvent. Le 50ème anniversaire, c'est déjà moins courant. Avec le recul, cela fait quelques temps déjà que FAIRPORT CONVENTION les enfile : 35 ans, 40 ans, et là 50. Cela tient presque de la performance sportive ! D'où le titre, même si, en dehors du fait de vouloir sonner moderne, je ne comprends pas trop l'emploi de l'arobase, ni l'envie de tripler le chiffre.

Ce qui est beau, c'est que là où il y a peut-être performance sportive, il n'est point d'essoufflement. On pourrait penser que ce disque n'est qu'un album de plus, plus précisément mi-studio mi-live de plus, comme le groupe anglais en faisait pas mal 20 années plus tôt, mais non. Depuis Myths and Heroes (2015), l'inspiration semble ne pas vouloir quitter la maison FAIRPORT.

On se délecte donc d'un disque hautement réussi, plutôt mené par Chris Leslie en terme de chant dans la première partie et par Simon Nicol dans la seconde. Rien ne semble avoir changé d'un point de vue stylistique, le temps n'ayant guère d'emprise sur la formule du quintette, lui aussi imperturable depuis vingt ans.

Nicol, Pegg, Sanders, Conway et Leslie sont toujours au top. "Eleanor's Dream" est une belle entrée en matière d'un Chris Leslie en forme olympique, lui qui signe d'ailleurs seul la moitié des chansons du disque. Ce morceau propose une rythmique lourde pour une complainte folk à la britannique. Le violon, après chaque refrain, joue une mélodie empruntée à un air traditionnel connu dont il m'est impossible de trouver le nom (prenez la chronique du groupe cornouaillais ANAO ATAO, Poll Lyfans ; la seule chanson du disque, "Gweli Delyow", reprend la même).

Et puisqu'on parle de rythmique lourde, s'il y en a bien un qui me régale sur ce disque, c'est Dave Pegg. On ne compte plus le nombre d'interventions et remontées judicieuses de la basse sur nombre de morceaux. C'est faire justice à ce grand musicien, que ce soit "Devils's Work", la version live du "Naked Highwayman" ou la refonte judicieuse et bienvenue de "Lord Malborough" (titre repris de l'album Angel Delight 1971), même si de toute manière le son est vraiment excellent.

Un bémol pour Ric Sanders et son "Danny Jack's Reward", instrumental où FAIRPORT amène quelques rares cuivres. On préfère les venues elles aussi rares et précieuses des vieux amis : Jacqui McSHEE, toujours aussi belle chanteuse de PENTANGLE et Robert PLANT qui a toujours eu un contrat lointain mais honorable avec la bande à Nicol depuis 1971, date de la "Battle of Evermore". Quand lui maîtrise le blues-reggae-folk de "Jesus on the Mainline", titre à la fraîcheur agréable, elle n'est pas en reste dans son rôle de "Lady of Carlisle", chanson-fleuve où FAIRPORT use d'ambiances exotiques. C'est d'ailleurs une grande volonté mise en valeur dans les arrangements du disque, ces rythmes ou couleurs subtiles des îles ("Step by Step", "Summer by the Cherwell"...)

Plusieurs titres ne manquent pas de profondeur, d'arrangements acoustiques superbement enrichis, ne serait-ce que la guitare 12 cordes de Nicol sur "Step by Step" qui suit une intro très jolie en arpèges à la classique. Merveilleux "Mercy Bay" et "John Condon", tous deux enregistrés en live, où la voix grave du plus ancien de la bande nous touche au même titre que la sensibilité dégagée par les chansons. Chaque coup de batterie en balais par Conway, chaque note de basse, chaque effet de choeurs est à sa place. Vraiment, il n'y a pas à dire, cela fait toujours autant de bien.