Difficile à trouver, ce Red & Gold. Il doit encore s'agir d'une signature de contrat problématique avec un label important (Rough Trade Records, celui des SMITHS), qui ne permet pas de réédition ou d'exposition suffisante pour permettre une existence longue à un tel album.

De toute façon, pour FAIRPORT CONVENTION, on est encore dans une période marquée par la reformation, où le groupe semble se chercher et met ses idées bout à bout, une à une, sans trop se soucier du résultat global. Pour le coup, aucun des trois membres "anciens" ne propose quoi que ce soit au niveau compositions ou textes.

Maartin Allcock et Ric Sanders eux-mêmes ne fournissent que deux morceaux chacun, dont un arrangement de traditionnel, "The Beggar Song" où l'on reconnaît la patte habituelle du groupe, mandolines superposées, violon guilleret et rythmique bien marquée. Dans ces albums, la batterie de Mattacks sonne toujours détachée car sans doute enregistrée à part, et il y a un caractère haché (particulièrement sur "The Battle", court instrumental progressif de Sanders et médiocre). En revanche, Dave Pegg s'unit à son camarade Simon Nicol au chant pour ce traditionnel.

La voix décidément très belle de ce dernier est un élément clé de l'opus et de tout ce que fait FAIRPORT CONVENTION désormais. "Red & Gold", chanson du folkeux Ralph McTELL qui mentionne la bataille du pont de Cropredy survenue en 1644 pendant la guerre civile en Angleterre, est bien choisie par un groupe qui trouve une place de choix dans ce même village, chaque année pour le festival de musique. C'est le plus beau morceau de l'album, choisi idéalement pour titre.

On remarque aussi bien sûr l'égayant "Set Me Up", dans la lignée de "Head in a Sack" (album Gladys' Leap, 1985) et autres, une pop très américaine par un groupe folk non moins britannique, choeurs à l'appui, ça fait toujours son effet, sans oublier l'introduction proche de ce que fait le breton Dan AR BRAZ. Maartin Allcock va d'ailleurs devenir son collaborateur le plus stable pour les années à venir.

En parlant du claviériste, il apporte une couleur forte depuis l'album instrumental Expletive Delighted ! (1986), doublé par Dave Mattacks à certains moments. Cela donne un mélange de folk et 80's que l'on retrouve en plus rock chez JETHRO TULL la même année avec l'album Rock Island. Puisqu'on en parle, Dave Pegg ne va pas tarder à cesser sa participation fidèle jusque là au groupe de Ian Anderson.

Il y a de beaux moments sur ce Red & Gold, comme "The Rose Hip", un autre instrumental de Sanders très joli cette fois et plein de délicatesse. Son ambiance crépusculaire est reprise pour la ballade "Summer Before the War", preuve que l'esprit guerrier est bien présent sur ce nouvel effort de l'un des meilleurs groupes anglais par excellence. À côté de cela, les titres "London River" et la reprise cajun de Bob DYLAN & THE BAND "Open the Door Richard" (Homer à la base) se laissent apprécier parce que joyeux et communicatifs, mais ne sont pas franchement mémorables non plus.