Les archives, Geir JENSSEN aime ça. Depuis quelques années, le Norvégien nous fait le plaisir régulier de nous ouvrir ses vieux cartons et de nous proposer quelques-uns de ses trésors endormis : du live (Live At Vega, Copenhagen 9.11.1996), des titres inédits (Compilation 1991–2004) ou encore des extraits d'installations sonores (Sound Installations. 2000-2009). En ce qui concerne Patashnik 2, la démarche est toutefois un peu différente. Cette compilation est construite comme un album, et d'ailleurs présentée comme tel, mais ne contient en fait que des pistes enregistrées entre 1992 et 1994, alors que BIOSPHERE était donc en train de réaliser Patashnik.

Il nous en extrait tout d'abord les premières moutures, plus particulièrement celles de « Novelty Waves », « The Shield », « SETI Project » et « The Third Planet ». On s'en rend bien compte aujourd'hui, en entendant ces beats et ces textures si caractéristiques du début des nineties, Patashnik était au départ un album beaucoup plus house que dans sa version définitive. Écoutez donc « SETI Project », moment très « club », qui nous rappelle encore une fois que BIOSPHERE était à l'époque l'un des animateurs majeurs de la scène ambient house, dont les clips passaient en boucle sur MTV. La seconde moitié du disque est encore plus house, sans extraits sonores, où l'on s'amuse à déceler quelques-unes des influences de Geir JENSSEN à l'époque, de LFO (« Cloud X-4 ») à APHEX TWIN (« A Circular Path ») et la techno de Détroit (« The Lightone »). À signaler également la présence de « The Seal & The Hydrophone », morceau culte de son premier répertoire mais uniquement joué en live, dont l'on trouvera néanmoins une version nettement plus appréciable sur la Compilation 1991 – 2004.

De l'ambient house donc, bien ancrée dans son temps, où l'on retrouve pourtant déjà le goût de BIOSPHERE pour les ambiances arctiques, toujours portées par ces nappes froides qui le mèneront par la suite à Substrata, Polar Sequences et Cirque. Mais le Norvégien est aussi dans sa période science-fiction, avec ses séquences futuristes et ses pulsations technoïdes. Parfois, on est même à la lisière des deux mondes, notamment en ce qui concerne « A Circular Path », alliant beat rapide et atmosphère glaciale, brumeuse. Les aurores boréales illuminent le dance-floor, c'était aussi une époque où l'on organisait des concerts d'electro aux Spitzberg, à des centaines de kilomètres au nord du cercle polaire !

Alors bien sûr, ces « unreleased tracks » n'apportent pas grand-chose. On préférera sans doute se remettre Patashnik, le vrai, plutôt que son brouillon. Même remarque pour le reste de l'album qui, exceptées peut-être la très belle « North American Sequence » et « A Circular Path » précédemment mentionnée, ne marque pas outre-mesure. Mais certains trouveront peut-être dans Patashnik 2 une certaine saveur perdue de ce début des années 90 et de cette étrange étape de la musique électronique, quand ambient et house faisaient bon ménage … et recette !