Recherche avancée       Liste groupes



      
AMBIENT  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Woob, Steve Roach
- Style + Membre : Biosphere / Deathprod, Hia / Biosphere, The Fires Of Ork
 

 Bandcamp (232)

BIOSPHERE - Dropsonde (2005)
Par JOVIAL le 22 Octobre 2022          Consultée 783 fois

S'il fallait trouver une nouvelle image pour illustrer Dropsonde, on pourrait choisir l'une des cases du premier tome du Secret de l'Espadon d'Edgar P. Jacobs. Celle de cet avion jaune s'enfonçant dans le bleu triste d'un ciel immense. Une case assez épurée, presque vide, que réciproquement les errances atmosphériques de BIOSPHERE pourraient parfaitement venir incarner. Le titre de l'album nous renvoie d'ailleurs à un type particulier de sonde météorologique, larguée depuis un aéronef et munie d'un parachute pour freiner sa descente. C'est plutôt bien trouvé, car Dropsonde voit le natif de Tromsø partir, ainsi que l'écrivait le dessinateur belge, vers les solitudes glacées de la stratosphère.

Il s'agit là d'un album d'une grande richesse qui viendrait presque faire la synthèse des autres productions du Norvégien, sans pour autant n'être qu'un amalgame d'influences et d'intentions hâtivement syncrétisées. À l'écoute, malgré une approche assez froide dans la lignée de Substrata, ou répétitive à l'instar de Shenzhou et parfois plus downtempo à la manière de Birmingham Frequencies ou de Cirque, Dropsonde n'évoque que rarement ces derniers, et d'une certaine manière les dépasse. Il se dessine ici un ambient plus aérien et discret, s'imposant avec douceur. On pensera encore une fois aux œuvres de Brian ENO, mais la musique de BIOSPHERE est bien plus qu'une simple toile de fond sonore venant combler un silence. Derrière ces boucles méditatives, il y a dans quelque chose d'infiniment vivant, le bruissement d'un monde qui souffle, se transforme et se déploie, myriades de paysages fuyants et éphémères que, derrière le hublot de sa sonde, Geir JENSSEN nous invite à observer.

Ce qui marque en premier lieu sur Dropsonde, c'est l'emploi plutôt inédit chez BIOSPHERE de rythmes jazz et swing, qui confèrent aux morceaux une pulsation inhabituelle et hypnotique. Ces samples de batterie, évoquant Miles DAVIS et Jon HASSELL, donnent un étonnant relief à des séquences d'ambient parfois assez statiques. C'est notamment le cas avec « Birds Fly By Flapping Their Wings », « In Triple Time » ou encore « Fall In Fall Out », où ces derniers viennent brillamment s'entrecroiser avec les loops et les nappes des claviers. Il faut aussi en signaler une utilisation parfois plus mesurée, comme sur la discrète « Arafura », chef d'œuvre d'onirisme et de délicatesse. Certaines pistes se voient également enrichies de field recordings, à l'instar de ces oiseaux que l'ami Geir, randonneur aguerri, a été glaner dans l'Himalaya tibétain. Quant à ces sons étranges au début de « Birds Fly By Flapping Their Wings », on vous laisse le soin d'aller enquêter vous-mêmes, quelque part au pied d'une éolienne.

Mais les meilleurs moments du disque sont peut-être encore ceux où les rythmes jazz s'effacent pour laisser place à une série d'ambiences contemplatives, zéphyriennes, qui nous révèlent plus sincèrement la beauté d'espaces inconnus. Avec « Warmed By The Drift » et « Sherbrooke », les soundscapes se font plus vaporeux, illuminés d'un soleil rassurant. « Altostratus », dont les volutes ne sont parfois pas sans rappeler « Cloudwalker II » sur Microgravity, promet un temps plus incertain, crainte également justifiée par les bourrasques nocturnes de « Daphnis 56 ». Avant cela, le regard de l'artiste s'était fait quasiment scientifique pour « From a Solid to a Liquid », dont l'évolution et le dépouillement progressif incarnent bien cette idée de passage d'un état à autre. Enfin, « People Are Friend » conclut par une longue et calme descente de brume matinale, venant clore l'album avec beaucoup de douceur et de quiétude. Quelques voix, des interférences, la sonde s'approche du sol.

L'étiquette « arctic ambient », suivant habituellement le nom de Geir JENSSEN, à la rigueur encore acceptable sur Autour de la Lune, n'a plus vraiment de sens ici. Aussi onirique que Substrata, aussi poétique que Shenzhou, Drosponde scrute encore là un autre univers, plus haut, plus profond, plus loin. Edgar P. Jacobs a disparu trop tôt pour en juger, mais gageons que lui-même aurait apprécié ces mêmes solitudes qu'il fit connaître à l'équipage du Golden Rocket en 1946. Et il vous dirait même de ne pas l'ignorer, car vous tenez là l'un des chefs d'œuvre de BIOSPHERE, un essentiel de l'ambient de ce début de siècle.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par JOVIAL :


SILVER APPLES
Contact (1969)
Mal de crâne ? Ha ça risque de s'aggraver ...




Robert RENTAL
Double Heart (1980)
Dernier tour avant la retraite


Marquez et partagez





 
   JOVIAL

 
  N/A



- Geir Jenssen (tout)


1. Dissolving Clouds
2. Birds Fly By Flapping Their Wings
3. Warmed By The Drift
4. In Triple Time
5. From A Solid To A Liquid
6. Arafura
7. Fall In Fall Out
8. Daphnis 26
9. Altostratus
10. Sherbrooke
11. People Are Friends



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod