En 2008, Geir JENSSEN avait annoncé renoncer à partir en tournée afin de s'épargner, au moins pendant un an, les aéroports, les contrôles de sécurité, la malbouffe, la climatisation et les hôtels. Aujourd'hui, avec un total de six représentations en six ans, il semblerait bien que le Norvégien ait de nouveau pris le même genre de résolutions, indirectement encouragé sans doute par la crise du Covid-19. C'est bien dommage, car BIOSPHERE n'est absolument pas à négliger en live : pas d'improvisations certes, mais des sets préparés avec soin, reprenant aussi bien les titres de ses dernières productions que ceux des plus anciennes, y compris Microgravity et Patashnik, et encore d'autres totalement inédits, à l'instar du classique "The Seal & The Hydrophone".

Wireless a été enregistré le 27 octobre 2007 à l'Arnolfini de Bristol, lors de la Touch 25 Live, célébrant les vingt-cinq ans de Touch. Pour la petite histoire, c'est à Chris Waston, doyen du label et notamment passé chez CABARET VOLTAIRE et The HAFLER TRIO, que l'on doit l'enregistrement de ce live. La performance de BIOSPHERE se concentre essentiellement sur ses sorties chez Touch, de Substrata à Dropsonde, délaissant néanmoins Autour de la Lune, album se prêtant certainement moins à ce genre d'exercice. À noter la présence de plusieurs inédits : "Calais Ferryport", élaboré avec l'artiste gallois Jony Easterby pour son œuvre The Samphire Tower ; "Pneuma" et "Pneuma II", en compagnie du trompettiste Anders Karlskås.

Infiniment plus qu'un simple best-of live, Wireless réorganise le matériel original comme s'il s'agissait de réaliser un album studio. Bien que sautant d'une œuvre à une autre, c'est sans peine que l'auditeur se laisse tranquillement entraîner vers ces nouveaux rivages que nous impose le natif de Tromsø. Des boucles brumeuses inspirées par Claude DEBUSSY à l'onirisme polaire de Substrata et Cirque, on prend également un peu de hauteur avec les extraits plus contemplatifs de Dropsonde. Les samples de Jony Easterby enrichissent l'ensemble, tandis que Geir Jenssen introduit parfois plus de rythmes. De manière générale, c'est avec beaucoup de plaisir que l'on vient redécouvrir ici des morceaux familiers retravaillés, recombinés en un tout cohérent et aussi immersif que peuvent être les autres disques de BIOSPHERE cités plus haut. Il s'agit enfin du point d'orgue d'une décennie musicale extrêmement riche pour le Norvégien, qui durant la suivante mettra un certain temps avant de revenir à son meilleur niveau.