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AMBIENT  |  STUDIO

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BIOSPHERE - Substrata (1997)
Par JOVIAL le 20 Mars 2020          Consultée 2199 fois

Évoquer BIOSPHERE sans écrire quelques lignes sur Substrata relèverait de la gageure. Considéré comme le meilleur album du musicien norvégien, il s'est imposé au fil du temps comme l'une des pierres angulaires de l'ambient music, un classique du genre, régulièrement cité dans les divers classements qui fleurissent dans la presse spécialisée. Patashnik constituait déjà en soi une référence mais, avec ce troisième disque, Geir JENSSEN accède au rang de maître incontesté de la musique électronique. Substrata est en effet un coup de maître, un vrai, comme seule une poignée d'artistes de la même scène avait su en produire jusqu'alors, une œuvre majeure de cette fin de siècle.

Après Polar Sequences, BIOSPHERE achève sa mue. La science-fiction, les cosmonautes, tout ça c'est fini. De même que la house, ses nouvelles compositions se voyant délestées de leurs beats et autres bleeps trop caractéristiques. De Patashnik, il ne reste après décantation qu'un substrat d'ambiances minérales, profondes, avant tout inspirées au Norvégien par son environnement proche, Tromsø et ses fjords, au-delà du cercle polaire. De son propre aveu, son style se fait alors plus chaud et organique, froid peut-être, mais non au sens de la technologie. Sa musique en devient également plus minimaliste, portée tout d'abord par de sublimes nappes claires et froides que l'artiste laisse évoluer lentement, en y greffant petit-à-petit quelques micro-structures répétitives et des extraits sonores.

En 1997, Geir JENSSEN expliquait à MTV vouloir créer des morceaux suffisamment abstraits afin que chaque auditeur puisse se construire ses propres images en les écoutant. Substrata est un disque d'ambient pur, au sens où l'entendait Brian ENO. Une musique à la fois discrète et intéressante. Assez discrète pour être tout à fait relaxante, assez intéressante aussi pour rester absolument captivante d'un bout à l'autre. On n'en ressort ainsi qu'une fois évanouies les dernières notes de "Silene".

Difficile de décrire l'atmosphère si particulière qui règne sur cette œuvre, ces sons qui vous happent en douceur et vous enferment dans un cocon hermétique. Ce disque est une plongée dans l'humus humide et froid de la Norvège. Les paysages ne sont jamais figés, il y a toujours un mouvement sous-jacent, perpétuel. Comme si Geir JENSSEN souhaitait nous faire visiter son royaume jusque dans ses moindres recoins, des montagnes enneigées aux côtes rocailleuses, s'attardant parfois sur le ressac de la mer avant d'apprécier le grondement du glacier, ou simplement d'aller s'abriter sous le toit d'une cabane en ruine en attendant la fin de l'intempérie. Cette musique est ainsi très cinématographique. La réalisation d'une nouvelle bande-son pour le film L'homme à la caméra un an auparavant est certainement pour beaucoup dans la genèse et l'élaboration de Substrata, bande-son qui ressortira d'ailleurs en tant que disque bonus de Substrata² en 2001. Mais, à l'instar de Polar Sequences, il y a aussi ici quelque chose d'irréel et d'onirique. C'est cela, un long rêve étrange qui n'en finirait plus, un voyage dans les méandres de nos souvenirs. Sensation d'ailleurs renforcée par des samples des voix du Géant et du Major Briggs de la série Twin Peaks, et celle du télépathe russe Karl Nikolaev. On pousse ici les portes d'un monde endormi sous la glace. À nos côtés, le Dr Simon, Joe Hoover et Léonova s'émerveillent devant la Sphère. Les lecteurs de Barjavel comprendront sûrement.

Accumuler les superlatifs desservirait sans doute la chronique autant que l'album. Un mot suffit, Substrata est sublime. Le travail réalisé par Geir JENSSEN est une réelle prouesse, minutieux et subtil assemblage de boucles, de mélodies, de field recordings et de basses. Mais toute la magie de ce chef-d'œuvre réside aussi peut-être dans le fait qu'à aucun moment on n'a vraiment envie d'en percer les secrets de fabrication. Alors que "Poa Alpina" entame, plus rien ne compte et on s'abandonne alors à cet Ultima Thulé fabuleux, petite merveille qui tourne et tournera longtemps dans votre lecteur.

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- Geir Jenssen (tout)


1. As The Sun Kissed The Horizon
2. Poa Alpina
3. Chukhung
4. The Things I Tell You
5. Times When I Know You'll Be Sad
6. Hyperborea
7. Kobresia
8. Antennaria
9. Uva-ursi
10. Sphere Of No-form
11. Silene



             



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