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Pat MARTINO - Consciousness (1974)
Par DERWIJES le 17 Juin 2020          Consultée 874 fois

A écrire sur sa carrière solo, on en oublierait presque que Pat MARTINO s'est surtout fait connaître en jouant pour d'autres, principalement avec le saxophoniste Willis JACKSON. Je dis ça parce que c'est impressionnant de voir tout ce que les musiciens de jazz parviennent à caler dans leurs emplois du temps, entre les enregistrements en groupe, en solos, les concerts...Les pop-stars et les rockeurs qui sortent un album tous les trois-quatre ans ont l'air de petites natures.

'Fin bref, fermons la parenthèse élitiste et concentrons-nous sur ce nouvel album du guitariste : Consciouness, sorti en 1974. On y retrouve le même personnel que sur son Live ! De 1972, à savoir Sherman Ferguson à la batterie, Eddie Green au piano électrique et Tyrone Brown à la basse. La dernière fois que nous l'avons en studio c'était pour The Visit en 1972, un album hommage à Wes MONTGOMERY que j'ai bien apprécié et qui m'avais rendu curieux de savoir ce qu'il allait faire pour la suite, libéré de la contrainte de l'hommage -non pas que cela ne gênait son jeu, mais quand même.

Autant commencer par le commencement, MARTINO est sacrément courageux pour s'attaquer d'entrée de jeu à une reprise du "Impressions" de John COLTRANE, sorti sur son album posthume Both Directions At Once. Reprendre COLTRANE pendant sa période Blue Train où My Favorite Things est une chose – mais reprendre un morceau de sa période free-jazz ? Il faut avoir sacrément confiance en son talent, parce que c'est d'un tout autre niveau. Je ne serais d'ailleurs pas surpris d'apprendre qu'il l'a inclus parce que MONTGOMERY l'avait lui-même repris en concert en 1965 (vous la trouverez sur la version CD de Smokin' at the Half Note, album lui-aussi posthume, comme quoi certains parallèles sont curieux). J'applaudis en tout cas MARTINO de parvenir à me faire apprécier ce morceau. Je ne suis pas un grand amateur du 'Trane dans sa phase la plus expérimentale, lui préférant de loin les deux albums sus-cités, et encore*, mais la version du guitariste réussit le but ultime de la reprise d'avoir sa propre identité et en même de parvenir à me faire apprécier d'un nouvel œil l'originale. Quand on l'entend, on se demande comment c'est possible de jouer autant de notes à la fois sans jamais perdre le fil ?

Ah, mais il y a aussi une reprise que je connais et que j'aime beaucoup, par contre: "Along Came Betty", de Benny GOLSON ! Enfin, je connais surtout la version d'Art BLAKEY sur Moanin'. MARTINO en fait une version plus light mais qui en perd le côté percutant. Encore une fois je passe sur la version alternative proposée en fin de disque, qui s'adresse comme toujours aux auditeurs les plus attentifs dont je ne fais pas parti. Avant d'aborder la pièce de résistance je vais survoler rapidement la reprise du "Both Sides Now" de Joni MITCHELL, une artiste qu'elle est bien et qui finira un jour par être chroniquée sur ce site. Du Joni MITCHELL sans le chant c'est toujours sympa, mais ce n'est pas décoiffant non plus. C'est un morceau de récréation, de détente, ce qui me fait une transition toute faite pour vous parler de "Consciouness", ce monolithe de dix minutes qui regarde le reste de l'album de haut. C'est un morceau composé par le saxophoniste Eric KLOSS, un copain de MARTINO pour qui il a tenu la six-cordes sur son premier disque et sur quatre autres après celui-là.

Un titre qui sent aussi fort le spiritualisme rappelle forcément sa période psychédélique pendant Baiyina. Et c'est vrai que même sans allez aussi loin, il y a quand même un petit quelque chose qui rappelle Baiyina, avec une dose de free-jazz en plus. C'est le seul morceau de l'album où on prête vraiment attention à ce que font les autres musiciens qui se font discret sur tous les autres. J'ai même limite envie qu'ils sont plus intéressants que MARTINO, pour le coup : Tyrone Brown tient tout le long du morceau une ligne de basse hypnotisante, Sherman Ferguson offre des fulgurances bien placés et Eddie Green agrémente ses parties avec quelques effets électroniques discrets qui s'insèrent tout seul dans l'ensemble. Il y a beau avoir "Passada on Guitar" pour faciliter la transition, les morceaux restants ont l'air pâlots à côté. Non, c'est vrai pour "On the Stars" qui sonne très déjà-vu, mais "Willow" est un excellent morceau, très beau.

Avec Consciousness Pat MARTINO continue sa série d'albums magiques en faisant un presque sans-faute. Malgré un léger coup de mou vers la fin, ce nouvel effort ne fait pas honte à ses aînés.

*:On a fini au bûcher pour moins que ça
** : Percutant, Art BLAKEY...Vous l'avez ?*

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   DERWIJES

 
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- Pat Martino (guitare)
- Eddie Green (piano électrique)
- Sherman Ferguson (batterie)
- Tyrone Brown (basse)


1. Impressions
2. Consciousness
3. Passada On Guitar
4. Along Came Betty
5. Willow
6. On The Stars
7. Both Sides Now
8. Along Came Betty -alternate Take



             



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