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Pat MARTINO - The Visit (1972)
Par DERWIJES le 13 Juin 2020          Consultée 988 fois

The Visit, aussi connu sous le nom de Footprints lors de sa sortie en CD en 1997, est le sixième album de Pat MARTINO. C'est un opus important dans sa discographie car c'est ici qu'il impose son style, loin des tâtonnements de ses efforts précédents, et aussi parce que c'est le premier disque d'une série qu'il sortira coup sur coup dans les années 70, enchaînant les réussites avec une aisance à faire rougir les plus grands.
Je vois qu'une question vous brûle les lèvres : « Qu'est-ce que c'est, le style de Pat Martino ? ». Malgré mon affirmation quelque peu prétentieuse, c'est délicat d'y répondre correctement. Déjà et avant tout, Martino doit beaucoup, si ce n'est tout, à Wes MONTGOMERY. Impossible de ne pas entendre le maître chez l'élève tant il reprend son phrasé et sa manière de délicatement espacer les notes. Mais c'est aussi un style élastique, ou caméléon plutôt, capable de s'adapter à n'importe quel morceau, que ce soit du soul jazz, du free jazz, du bop. Vous n'entendrez pas tellement ces transformations dans The Visit composé qui plus est en hommage à Montgomery. Par défaut, je lui collerais l'étiquette passe-partout de bop, mais ce serait plus honnête que cet album vogue sans afficher de couleurs : le mieux est encore de le classer dans le jazz.

Accompagné une nouvelle fois de ses acolytes Bobby ROSE à la guitare, Richard DAVIS à la basse et Billy HIGGINS à la batterie, le strict minimum de musiciens, plus besoin de pianistes où de joueurs de musiques indiens comme autrefois, la fine équipe livre six pistes totalisant une quarantaine de minutes, soit la durée idéale pour ce genre de disque, assez long pour le savourer mais assez court pour éviter l’écœurement.
Elle est trompeuse, cette visite. A la première écoute, on n'en fait pas grand cas : c'est calme, un peu trop d'ailleurs, taillé dans le même moule et excellent pour les longues soirées quand on veut écouter de la musique sans se prendre la tête. Et puis, au fil des écoutes, comme on éplucherait un oignon, on se rend compte de la technicité du guitariste. Il fait le show avec la guitare rythmique de Bobby Rose en guise de soutien. Les deux autres sont très en retrait, surtout la batterie parfois presqu'inaudible, même si la basse a le droit d'occuper le devant de la scène l'affaire de quelques secondes.
Pat Martino veut nous en mettre discrètement plein les oreilles et ce dès le titre d'ouverture. Aérien et élastique, il joue non-stop pendant quatre bonnes minutes, sans s'arrêter une seule seconde pour se reposer les doigts. C'est la seule composition originale du lot, la plus remarquable par sa rapidité et son caractère démonstratif.
Le morceau suivant, reprise d'une chanson de notre Michel LEGRAND national, « What Are You Doing the Rest of Your Life ? », complètement à l'opposé du précédent, est une ballade langoureuse où le guitariste joue tout doucement comme s'il avait peur de casser les cordes de son instrument. Avec le classique de Broadway « Alone Together » concluant l'ensemble, ce sont les deux moments faibles du disque. Le premier s'étire trop, à la fois en longueur et en lenteur, et le second à un côté déjà-vu qui brise quelque peu la magie du morceau précédent, la bossa-nova « How Insensitive », ici déshabillé de ses atours brésiliens (très peu couvrants, comme chacun sait) pour n'en garder que la mélodie la plus pure. Entre tout cela, il y a « Road Song », une reprise de Wes Montgomery plus vraie que l'originale, « How Insensitive », bien sympathique et surtout la perle du lot, « Footprints », de Wayne SHORTER. Un morceau ambitieux qu'il faut bien mâcher pour le digérer correctement, mais l'effort en vaut la peine, c'est tout simplement délicieux. Construit en tiroir, il commence en douceur, s'élève, se repose, s'élève de nouveau. Jusqu'au gong final d'une guitare électrique dissonante.

A noter que ce disque est ressorti en CD sous le nom de Footprints et doté d'une nouvelle pochette, une photo bleue hideuse. Pourquoi cette transformation inutile ? Serait-ce la tentative d'un imberbe jaloux de vouloir faire oublier la saillante pilosité buccale arborée avec fierté et élégance par celui qui fut anciennement un fringant jeune homme rasé de près ? Mystère et boule de gomme.

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   DERWIJES

 
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- Pat Martino (guitare)
- Bobby Rose (guitare rythmique)
- Richard Davis (bassiste)
- Billy Higgins (batterie)


1. The Visit
2. What Are You Doing The Rest Of Your Life?
3. Road Song
4. Footprints
5. How Insensitive
6. Alone Together



             



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