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Alpha BLONDY - Jerusalem (1986)
Par NESTOR le 24 Juin 2020          Consultée 2333 fois

Un an après l’excellent Apartheid is Nazism, Alpha BLONDY nous reviens avec le non moins référentiel Jerusalem. Un album qui trouve son nom dans la chanson qui ouvre le bal par un reggae lourd et implacable qui s’abat sur l’auditeur à la manière de la chaleur plombée d’un puissant soleil d’Afrique. Le rythme est lent, pesant et propre à transformer tout le monde en lézard apathique. Et si cela ne suffisait pas, Mister BLONDY remet ça avec les deux morceaux suivants, "Politiqui" et "Bloodshed in Africa" qui nous plongent dans la même torpeur bienheureuse.

Pour obtenir ce résultat, Alpha BLONDY est parti enregistrer en Jamaïque où il s’est entouré des musiciens qui accompagnaient Bob MARLEY avant sa mort ; les WAILERS. On retrouve ainsi les frères Aston BARRETT (Basse) et Carlton BARRETT (Batterie), Junior MURVIN (Guitare) et Earl LINDO (Claviers) qui se placent au service de l’ivoirien pour insuffler à son Reggae tout leur savoir-faire et leur groove. Cette collaboration est loin d’être une première puisque la plupart d’entre eux avaient déjà collaboré à Cocody Rock ! (1984).

Mais revenons à ce titre éponyme très particulier qui fait référence à la ville trois fois sainte et qui commence par l’incantation "Barouh ata Adonaï, Barouh aba Yeroushalaïm (salut à toi Dieu, salut à toi Jérusalem)". Ce titre illustre la philosophie et l’ouverture d’esprit dont a toujours fait preuve Alpha BLONDY : quatre langues différentes sont utilisées, et les trois religions présentes sont appelées à coexister pacifiquement. Cette chanson aurait été composée à Jérusalem, l’Ivoirien arguant que c’est même "la ville qui l’a écrite" alors qu’il était au Saint-Sépulcre sur la tombe de Jésus et que les premières notes lui sont venus dans la tête. Ce chant de paix a eu un tel retentissement que depuis 2012 l’université d’Haïfa délivre deux bourses "Alpha Blondy" pour la paix à deux étudiants, l’un palestinien, l’autre israélien. Par ailleurs, le chanteur a l'habitude d’entamer ses concerts avec ce morceau mythique en le faisant précéder par le Psaume 23 du Cantique de David, afin de renforcer la dimension mystique des paroles. Barouh aba Yeroushalaïm !

Mais, si cet album ce veut être un grand plaidoyer pour la paix universelle, il n’est pas unidimensionnel pour autant. Que ce soit au niveau des thèmes abordés ou bien de la musique, ce Jérusalem se révèle très riche. Ainsi, au-delà du message de paix, certains titres se font bien moins sérieux à l’image de l’adaptation du titre de Zachari RICHARDS, "Travailler, c’est Trop Dur", ou bien de "I Love Paris" qui voix le groupe adopter un rythme bien plus énergique. Et si les tempi sont globalement lourds et lents, certains titres se montrent plus dynamiques et entraînant à l’image du mythique "Boulevard de la Mort" qui fait référence au Boulevard Valéry-Giscard-d'Estaing, la grande artère qui relie l'aéroport Houphouët-Boigny à la ville d'Abidjan. Large de 100 mètres elle est réputée pour ses nombreux accidents et pour les risques que prennent les habitants qui doivent la traverser du fait de l’absence de passerelles piétons. Alpha BLONDY fustigeant les responsables politiques à l’origine de cette entaille de béton et de dangers qui ne se soucient guère du bien-être de la population locale. Cette diversité des styles et des thèmes se retrouve également dans l’usage alterné de l’anglais, du français et du dioula (et de manière marginale l’arabe et l’hébreu). De bout en bout, cet album ne connait aucun temps faible. Le chaloupé "Miwa", ou le quasi mystique "Dji" ne dérogeant pas à la règle.

Au rayon des (petites) déception on peut toutefois mentionner le son de batterie qui, bien que très puissant, a un rendu un peu trop mécanique, au point que sur certains morceaux on est en droit de se demander s’il y a bien un batteur derrière les fûts. C’est notamment le cas avec I Love Paris. Mais cela n’est pas en mesure d’atténuer l’impact que ce disque a pu avoir, notamment en France où il a largement contribué à relancer la popularité de ce genre, 5 ans après la mort de son légendaire porte étendard. Avec ce Jérusalem, Alpha BLONDY accouche de son second "Classique" : un album qui, au même titre que "Apartheid Is Nazism", se révèle incontournable et intemporel.

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- Aston 'family Man' Barrett (basse)
- Carlton Barrett (batterie)
- Calvin 'bubbles' Cameron, David Madden, (cuivres)
- Earl 'wire' Lindo (claviers)
- Georges Kouakou (claviers)
- Junior Marvin (guitare)
- Earl 'chinna' Smith (guitare rythmique)
- Owen 'dready' Reid (guitare rythmique)
- Dahlia Lyons, Georgia 'pat' Higgs, Lorna (choeurs)


1. Jerusalem
2. Politiqui
3. Bloodshed In Africa
4. I Love Paris
5. Kalachnikov Love
6. Travailler, C'est Trop Dur (zachari Richards)
7. Dji
8. Boulevard De La Mort
9. Miwa



             



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