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Alpha BLONDY - Revolution (1987)
Par NESTOR le 15 Août 2020          Consultée 1311 fois

Quand Alpha BLONDY sort Revolution en 1987, il surfe sur la vague du succès. Aparheid is Nazism et Jérusalem, ses deux précédents albums, sont des succès artistiques et commerciaux qui lui ont permis de s’imposer comme LA figure africaine du Reggae. Et le bonhomme maintient le rythme d’un disque tous les ans en nous revenant très vite nous offrir Revolution, son cinquième album.
Mais, force est de constater que ce dernier ne parvient pas à se hisser à la hauteur de ces deux augustes devanciers.
Pourtant, plusieurs éléments auraient pu nous laisser espérer la réalisation d’un magistral « coup du chapeau ». Parmi ceux-ci, on peut citer l’apport de nouveaux instruments, de nouvelles sonorités, et un format très court (moins de 30 minutes dans sa version écourtée) qui auraient pu laisser espérer un album frais et recentré sur des morceaux marquants et efficaces. On peut ajouter à cela que Revolution contient un des plus gros hits d’Alpha BLONDY avec le sautillant "Sweet Fanta Diallo", qui rend hommage à sa première petite amie, sur fond de violons et d’un violoncelle.
Mais, cet espoir est de courte durée, et à l’écoute de l'album, le constat est sans appel : sur les (seulement) sept titres de Revolution, seuls quatre pourraient éventuellement être considérés comme intéressants. Les autres sont prévisibles et sans intérêt ("Blesser"), voire insipides et dispensables ("Time" et "Miri", un duo avec la chanteuse ivoirienne Aïcha Koné).
Et encore, parmi les titres qui font bonne figure, certains peuvent faire l’objet de polémique.
Il en va ainsi de "Rock ‘N Roll Remedy", un titre énergique aux sonorités purement Rock qui tranche avec l’univers Reggae dans lequel baignait jusqu’alors l’Ivoirien. Ce morceau, très efficace et pêchu, n’en est pas moins déroutant. Notamment du fait de sa guitare qui tourne le dos aux sons habituellement clairs propres au Reggae, et du Saxophone agressif de Manu DIBANGO. La qualité intrinsèque est indéniablement présente, mais à cette époque de sa carrière, ce titre dénote clairement dans la discographie de mister BLONDY.
Et ce n’est pas le seul titre déroutant de ce Revolution qui comprend un OVNI : "Jah Houphouët Boigny Nous Parle (Rassemblement Démocratique Africain)". Il en existe deux versions. L’une, d’une durée de cinq minutes, est un reggae lent et léthargique qui aurait trouvé avec bonheur sa place au sein du précédent opus. Et dans lequel Alpha BLONDY vante l’âme « rasta » de celui qui est alors le Président de la République de Côte d’Ivoire : Houphouët Boigny. Ce avec une lucidité particulière : « il s’est saigné à blanc pour nous ses petits enfants, il a consacré sa vie pour nous ses petits... »
L’autre, d’une durée de 10 minutes (soit presque un tiers de l’album !), pousse le bouchon encore plus loin, puisqu’il s’agit tout simplement de l’enregistrement d’une allocution de ce même Houphouët sur fond de mélodie reggae des plus banales, et dans lequel le Président d'alors de Côte d’Ivoire retrace l’histoire de sa formation politique.
Cet hommage sans faille au père de la nation ivoirienne a de quoi surprendre venant de la part d’un artiste qui ne s’est jamais gêné pour critiquer certains aspects du gouvernement en place (Brigadier sabari, Boulevard de la mort…) et qui a toujours peiné autant à tenir sa langue qu’une position politique constante.
Si Alpha BLONDY n’a en effet jamais renié son admiration pour Houphouët, il a été beaucoup plus versatile par la suite, officialisant puis désavouant successivement ses soutiens à Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Cet hommage est d’autant plus surprenant qu’alors que le mouvement Rasta est lié au panafricanisme, Houphouët Boigny s’est opposé à ce que l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) œuvre pour l’intégration de ses membres. S’il n’est pas ici question de juger le bien-fondé de l’engagement politique d’Alpha, le voir qualifier Houphouët de « Jah » et de « rastaman » est dans ces conditions pour le moins surprenant.
Mais au-delà de la thématique de ce morceau, c’est son absence quasi-totale de dimension artistique qui gêne. Consacrer pas loin d’un tiers d’un album, déjà assez court, à une mélodie des plus basiques, c’est un pari plus que risqué.

Si cet opus n’est pas dénué de bons passages, il est par trop inégal et bancal pour être considéré comme un classique. Il a toutefois l’avantage de dévoiler un artiste qui ne s’impose pas beaucoup de limites et qui montre ainsi qu’il possède un potentiel d’évolution assez vaste.
Ce Revolution marque cependant la fin de la première période dorée d’Alpha BLONDY.

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- Jumbo : Basse
- Kamassa Seth : Basse
- Samuel Kone : Batterie
- Lionel Jouot, Manu Dibango, Patrick Arte
- Georges Kouarou : Claviers
- Thierry T : Claviers
- Christian Polloni : Guitare
- Julie Mourillon : Guitare
- Sam Camus : Guitare
- Yao Mao : Guitare
- Michel Godard : Tuba
- Dominic Piffarelly : Violon
- Jean-luc Pinot : Violon
- Alen Hoïst : Violoncelle
- Corinne Polloni, Monique , Ragaï Tchonan
- Alpha Blondy : Chant


1. Sweet Fanta Diallo
2. Blesser
3. Jah Houphouet Boigny Nous Parle (rassemblement Dém
4. Rock And Roll Remedy
5. Time
6. Election Koutcha
7. Miri



             



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