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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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Vladimir COSMA - Le Mentor (mocky) (2012)
Par MARCO STIVELL le 27 Avril 2024          Consultée 106 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Entre 2007 et 2011, Jean-Pierre Mocky s'est éloigné du grand écran pour se consacrer au petit. Sa série Myster Mocky Présente, dédiée aux nouvelles perdues d'Alfred Hitchcock et débutée timidement à l'orée des années 90, a ressurgi dans l'intervalle, animée par des castings presque aussi bariolés que ses films, pour marcher franchement, en tout cas suffisamment pour donner deux saisons. Il y a aussi eu le feuilleton Colère en 2010. Bref, quand il retourne à ses affaires habituelles, il a déjà matière à moult films : l'année 2011, il en réalise trois (et ensuite, presque jusqu'à sa mort en 2019, deux par an).
D'abord, Les Insomniaques, une de ces intrigues chantantes où, à Paris, il dirige lui-même une bande d'oiseaux de nuit masqués qui vont retirer une part de leur fortune à des aristocrates et des politiciens corrompus, au nom de ceux qui en ont vraiment besoin. Ensuite, Crédit Pour Tous, mené par l'excellent Dominique Pinon, Arielle Dombasle, Rufus etc, il s'en prend aux organismes (Sofinco, Cofinoga) auxquels tant de gens sans le sou (et acheteurs compulsifs) ont recours, Pinon organisant la résistance. Enfin, avec Dossier Toroto, il offre avec son vieux comparse Jean Abeillé une bouffonnerie autour d'un produit miracle censé faire grossir les légumes, mais qui, contre toutes attentes, marche également fort bien pour le pénis, ce qui crée avantages comme problèmes.

Le premier film de cette période qui retient vraiment l'attention sur la durée, c'est Le Mentor (2012). Mocky se donne à lui-même le rôle de Ludovic, un patron d'entreprise ayant fait faillite et dont la femme divorcée lui a tout pris. Ses biens lui ayant été saisis par la justice, il se retrouve SDF et vit de façon friponne. Mais voilà qu'un jour, à la terrasse d'un café, il surprend une conversation près de lui entre deux jeunes amoureux en passe de se marier, sauf que le gars est un petit con doublé d'un macho de première. Mocky/Ludovic va donc tout faire pour aider la belle inconnue jusqu'alors, Annette jouée par Solène Hébert, amoureuse naïve et sans travail, à sortir de mauvaises griffes et à avancer comme elle en a besoin dans la vie sans demander plus (il a trois fois son âge à elle, au bas mot, et le sait). Un ton qu'on aura vite fait de juger trop paternaliste, surtout que le retournement de situation veut qu'Annette s'attache plus à son mentor/ange gardien qu'elle ne l'admet au départ, mais qui a su plaire. Non pas aux critiques, à qui Mocky s'en était pris durement à l'époque, mais au public. Il y a un propos sensible derrière et la fibre prend joliment.

Comme pour la quasi-totalié des oeuvres de Mocky depuis 2003, le rôle de la composition musicale est laissé à Vladimir COSMA. Toutefois, on a pu facilement remarquer, pour les trois films de 2011, combien étaient légion les emprunts à de précédents films (Les Ballets Ecarlates pour Dossier Toroto, 13 French Street pour Les Insomniaques et Crédit Pour Tous), avec un peu trop de facilité. Dans Le Mentor, il y a peu de matière, et surtout au début ainsi qu'à la fin, mais cela se remarque nettement moins. Surtout que Mocky nous fait une drôle de blague durant les quelques premières secondes dédiées au générique d'intro, en balançant les percussions (congas-timbales) rejointes par la basse qui nous font prévoir un film beaucoup plus 'funky'. Il n'en est rien, le tout est très posé, presque fleur bleue ; si Mocky garde les détails qu'on lui connaît le mieux en évidence, il n'en reste pas moins, au fond et de ses propres dires sincères, un incurable romantique. Et ce thème amusant, on le retrouve, enrichi de cuivres, durant une séquence de massage chez Jean Abeillé plus érotique et joyeuse qu'autre chose, avec des beautés en tenues d'Ève, aux deux tiers du film !

En fait, de durable, il y en a bien peu dans le matériau sonore de ce film, ce n'est pas réellement ce qui fait son attrait, sauf si on aime vraiment l'indépendance de Mocky, son envie de n'en faire qu'à sa tête. Par exemple, durant une des scènes festives de Ludovic avec les SDF (qu'il tient à montrer comme ses 'freaks', ses gueules à lui), on retient une version décalée et néanmoins sympathique en voix-guitare de l'archi-connu "Oh When the Saints". Outre quelques poncifs plaisants comme le violon de gala ou l'accordéon musette des terrasses de cafés parisiens par simplification (tournage à Vincennes/Saint-Mandé mais aussi Corbeil-Essonnes), ce qu'on entend demeure agréable ou adapté aux situations. Ce qui rend la scène de supermarché hilarante, le piano électrique sautillant y aide bien, de même que le thème médiéval gai de la séquence des fiançailles d'Annette et pour l'orgue de Barbarie au parc où Mocky/Ludovic attendant Annette se fait draguer par une fausse 'milf'. C'est trois fois rien mais rattrape le gros creux du milieu sans rien, ou les potentielles idées superflues.

Et comme on l'a dit, même s'il n'y a pas recours si souvent, les scènes d'émotion pure et belle accordées à un trait de Mocky gardé au fond de lui-même, jusqu'à un happy-end rare d'ailleurs (dans ses autobiographies de 2015-2016, il confie pas mal ces regrets venant sur le tard), se laissent savourer comme il se doit. Et c'est, sans surprise, un thème de cordes appuyé, élégant et nostalgique à l'envi qui nous saisit d'abord au début quand Ludovic n'a plus rien au début et dort dans une chambre seul, ses pensées le hantant en voix-off. Cette mélodie sucrée sans excès mais gouteuse revient vers la fin du film, quand Ludovic sort de prison et lors de la séquence final/générique, surplus écarté lui aussi. En somme, un 3 étoiles prometteur, monté à 3,5, juste ce qu'il faut, parce qu'il y a ce qu'il faut. Y compris la fort charmante Solène Hébert, 22 ans, dont c'est le premier rôle en termes de carrière, pas forcément égalé par la suite dans Yves Saint-Laurent où elle est mannequin, ni dans les séries TV Grand Hotel et Demain Nous Appartient.

Note réelle : 3,5

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