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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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Vladimir COSMA - Veneneuses (mocky) (2017)
Par MARCO STIVELL le 21 Mai 2024          Consultée 341 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Cela fait presque cinq ans (début août 2019, donc à trois mois près) que Jean-Pierre Mocky nous a quittés. Son empreinte sur le cinéma français, et peut-être même la culture du pays en général, n'est clairement pas celle des grosses productions suivant un cahier des charges, des moyens larges et superflus (à l'inverse même, tout dans l'économie de temps et des tournages 'de l'instant'), des oeuvres qui veulent se montrer bien avec plus ou moins de sincérité pour plaire à une élite qui les comprend à peine. Et pour cela, il garde le respect de beaucoup, que ce soit des acteurs ou d'une frange du public, notamment celle qui aime prendre un film pour ce qu'il est, tout en reconnaissant une belle forme d'identité, un amour du travail, solide même face au temps. Chaque décennie, depuis 1959, Mocky a sorti une dizaine de films ; la dernière, années 2010, il y en a eu seize, très bons pour la plupart, malgré l'âge et la santé déclinante.
Votez Pour Moi est donc à voir au même titre que les autres, et il est son dernier film – comprendre complété de son vivant, contrairement à Tous Flics !, tourné en 2019, sur l'époque des Gilets Jaunes et jamais vraiment sorti. Dans la région de Dreux-Coulombs en Eure-et-Loir (28), il s'agit d'une élection haute en couleurs entre trois candidats à la mairie suite à une avalanche de scandales qui a évincé leur prédécesseur. Le tout prend un tour épique, puisque l'un des candidats est homosexuel – excellente redécouverte de Bonnafet Tarbouriech, acteur-chanteur nîmois au fort accent, Père Ducros des publicités, qui a aussi tourné pour Gérard Jugnot, Costa-Gavras -, le second totalement passif et entouré de deux aviatrices sans avion (dont Patricia Barzyk, madame Mocky pour rappel) qui se relaient au piano de jardin, et le troisième malmené par sa mère et sa soeur avec qui il vit. Ce dernier est le plus aimé de la ville, mais il a un problème : un jour de parade, le vent soulève la jupe d'une jeune majorette qu'il voit de dos et comme elle n'a rien dessous, cette image se superpose ensuite comme par magie à chaque personne qui lui adresse la parole. Un Mocky festif et terroir, toujours au vitriol envers les politiciens et le clergé, drôle et bien ficelé, même s'il faut tailler dans le gras. Outre l'hymne allemand à l'harmonie pour le jumelage et une ou deux valses, peu de choses à dire musicalement, sinon que Vladimir COSMA nous y offre un passage adorable mais court avec une reprise de la comptine "Frère Jacques", piano digital grave, cloche tubulaire et hautbois.

2017, dernière année de cinéma pour Mocky, est aussi celle, un peu avant donc, de Vénéneuses. Un très joli thriller (impossible de dire autrement) avec une esthétique années 50 dont le réalisateur a l'audace de nous faire croire qu'il se passe en Provence (où il n'a tourné qu'une seule fois en 1986 pour La Machine à Découdre, bien qu'étant né et ayant grandi à Nice). D'abord parce qu'il y a aussi ce bon sudiste Bonnafet Tarbouriech cette fois en gérant mafieux de boîte de nuit (dialogues énormissimes), ensuite l'hôtel-restaurant classe et piscine de Richard Bohringer (revenu de justesse), cité comme prétendumment implanté dans le Vaucluse (84), en tout cas près du Luberon, pas loin de Cucuron. En réalité, le fleuve montré dès le premier plan superbe est la Loire, et on est de nouveau à Saumur, mais aussi dans d'autres lieux proches du Maine-et-Loire (1949), comme plusieurs Mocky antérieurs du début de la décennie. Au moins, pour première valeur ajoutée à cet avant-dernier film, il tient le rôle principal, un 'capo' et patron de la boîte mis en prison pour avoir zigouillé sa femme adultère alors qu'elle était 'sous contrat', et qui veut s'évader pour se venger de la nouvelle, plus jeune, go-go danceuse qui suit la même voie et qui fricote avec Tarbouriech et son frère. Pour celle-ci, il fait revenir Lola Marois (madame Jean-Marie Bigard, rappelez-vous Le Cabanon Rose, l'année précédente, où ils figuraient ensemble) pour une scène introductive de strip-tease musical absolument torride. Surtout le morceau, voulu par COSMA, n'a rien à voir avec de l'électro : c'est du jazz smooth 80's avec sax alto et boîte à rythmes. À ne surtout pas manquer, surtout qu'après nous en avoir mis plein les mirettes, l'actrice poursuit en paroles sur le même air.

Et ce récit-là n'est que le premier tiers du film. Mocky, en fuite, poursuivi par le commissaire Jean-François Stévenin (qui a été déjà flic pour lui en 1982, 1995 et 2013, belle fidélité là encore), débarque chez Bohringer qui vit en compagnie de son neveu muet et paralytique ainsi que ses deux jeunes nièces, demi-soeurs et toutes deux sexy : Clara Huet, très classe, qu'on verra aussi dans les Secrets d'Histoire de Stéphan Bern, et Laura Giudice, celle-ci se promenant en tenue d'Ève. Ne pas oublier qu'il s'agit d'un thriller, et que le titre du film est Vénéneuses ! On aurait aimé que la musique de COSMA aille plus dans le sens de cette narration, cette féminité si exaltante dans le beau comme dans le mal. Mais non, durant le premier tiers du film, on déplore la répétition quasi-incessante du thème aux consonances d'Europe de l'Est, déjà entendu dans au moins un autre Mocky, suffisamment mémorable pour être reconnu et qui veut s'adapter à différents types de séquences, pourvu qu'on l'entende. Qu'il soit lent ou non, joué aux cordes ou au synthé, cela ne change rien et on se dit que la B.O va être encore, comme pour Le Cabanon Rose, le maillon faible de cet excellent film, si bien équilibré dans son scénario, ses rôles masculins vieux et féminins jeunes. Sauf que cela change et quand Mocky conseille Bohringer qu'il a pris en affection, on se dit que c'est la première fois que le thème devenu banal est si bien utilisé dans ce film. Curieusement, à partir de là, on l'entend moins, sauf bien sûr de façon attendue, lors du générique de fin. Alors que celui de début était autre, avec sa belle mélodie tragique, douce, enfantine.

À côté de cela, comme on a eu les oiseaux pour Le Cabanon Rose, ici on a les cigales le jour et les grillons la nuit, effets sonores non négligeable. Outre le thème smooth de la première séquence au Flamingo (la boîte de nuit), une seconde et dernière, plus 'bal masqué', part plutôt sur du swing en big band avec solo de trombone, si éloignée donc de ce que l'on s'imagine entendre dans un dancing de nos jours. Il y a aussi de nouveau du smooth de clarinette, vibraphone et trompette bouchée dans la cuisine de Bohringer lors de l'arrivée de la police et, dans le même endroit, Mocky 'fait l'amour' avec Clara Huet sous les yeux gourmands de Laura Giudice léchant une glace, au rythme d'une musique disco kitschoune du plus bel effet. Si ce film terroir à sa manière, faux-provençal mais torridement distingué, manque de références musicales en la matière, tout comme l'ardéchois susmentionné et sorti l'année d'avant, on peut néanmoins saluer cet ensemble de qualité et même noter encore une petite idée de génie de la part de COSMA, d'autant plus remarquable qu'elle est unique ici. C'est la guitare acoustique au phrasé andalou qui survient lors de deux plans superbes éloignés dévoilant le cours de la Loire sauvage, moments aussi brefs qu'ils sont délicieux. Si on peut dire hélas, il n'y a pas eu suffisamment d'efforts similaires, on se dit aussi heureusement qu'il a laissé COSMA faire un peu cela, heureusement qu'il a fait ce film à temps. Qu'il a fait ce film tout court ; dommage qu'il ait quelques mois d'avance sur le premier évoqué dans la chronique. Après tout, des Dragueurs (1959) aux Vénéneuses, c'est une sacrée boucle rêvée !
Vénéneuses est, pour ceux qui ont la collection Mocky en DVD, le seul à contenir un long (20 minutes environ) entretien avec Vladimir COSMA qui dévoile sa rencontre avec Jean-Pierre Mocky, s'attarde sur certaines BOs des films qu'il a faits pour lui mais pas celui-ci. Et il ne manque pas, même s'il en a vu bien d'autres (avec d'autres), de dire tout le bien qu'il pense du cinéma atypique de Mocky, pour lequel il a avoué souvent travailler à l'aveuglette, et d'un personnage lui-même hors-normes dont il fait l'éloge. Ne serait-ce que pour l'importance patrimoniale.

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