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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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Vladimir COSMA - Les Ballets Ecarlates (mocky) (2004)
Par MARCO STIVELL le 16 Mars 2024          Consultée 458 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

2004 permet à Jean-Pierre Mocky d'offrir Touristes ? Oh Yes! où le nombre de dialogues français en plein Paris se trouve amenuisé face à la déferlante hollandaise, britannique, italienne voire congolaise, plus ou moins en villégiature et dans des situations burlesques ; une volonté de jouer la carte de l'humour décapant tout en faisant preuve de tendresse. Le film a beau être long pour ce qu'il est, c'est un peu le calme avant la tempête car juste après, Les Ballets Écarlates revient à du lourd, le moins qu'on puisse dire, et bien que déjà fort d'une carrière difficile mais tenace, Mocky se verra fermer plus de portes encore à cause de cela.

Anti-conformiste comme tant d'autres de cette filmographie, inspiré par le véritable scandale des Ballets roses en 1959, ce nouvel effort se concentre sur le sujet plus que complexe de la pédophilie, déjà abordé deux-trois fois depuis les années 70 en bribes par le réalisateur. Sauf que cette fois, celui-ci s'en prend aux classes hautes et à leurs réseaux qui organisent des 'événements privés' (pour rester poli) si funestes pour les enfants traumatisés à vie, 'oubliés' par les médias. Niveau visuel, c'est du Mocky pur jus ou presque (fin vengeresse faite de violence), les rares personnes qui en ont vu une projection l'ont jugé comme un film rude, néanmoins normal, suggestif plus que basiquement choquant, et les associations combattant de telles dérives au quotidien l'ont soutenu, mais la censure politique agit plus que d'ordinaire.

Alors, au-delà de ce caractère maudit, reste une noirceur non dénuée de qualités plus positives, presque enfantines dans le rôle de Mocky lui-même qui joue un armurier aidant une mère (sa femme Patricia Barzyk) dont le fils a disparu et qui veut lutter férocement contre ces réseaux pédophiles, après avoir recueilli chez elle un garçon-victime qui a pu s'échapper. Comme elle est garde-forestière et que les scènes sordides se passent dans un château-manoir tout proche, le décor est plutôt naturel, tout comme celui de la ville fluviale qui est en fait Vienne en Isère, sur le Rhône septentrional. De quoi, après cinq films très parisiens, permettre à Mocky de renouer avec la province, et il se réserve même une séquence (le piège dans le château, vers la fin) au cadre superbe de l'île de Grangent, près de Saint-Victor-Sur-Loire, au nord-ouest de Saint-Etienne.

Finis le jazz manouche du Furet (2003) et le côté disparate de la comédie précédente, Vladimir COSMA se concentre ici beaucoup sur des rythmes à trois temps et des mélodies doubles pour guitares classiques. Le thème principal, pétri d'influences méditerranéennes (Grèce, Italie, peut-être Espagne), possède un ton naïf et enfantin, ample et sentimental qui apporte un sérieux contraste avec les premières séquences. Il possède également son pendant mélancolique, un deuxième air plus ballade encore qui accompagne les deux enfants, vendus pour le week-end par leur père en manque d'argent, depuis la sortie du collège jusqu'au château par l'entremise du rabatteur. On réentend plus tard ce même thème lorsque ce dernier tue la jeune fille parce qu'elle menace de tout dire.

Quand l'affreuse soirée débute, un piano et des cordes de chambre guillerets mais splendides, précieux, viennent nous cueillir, accentués ensuite par des cymbales. Durant la séquence pré-final de la souricière, les mêmes arrangements reviennent et quand Barzyk mitraille les chefs du réseau, on entend carrément un aria d'opéra. À croire que, pour trancher un brin avec les ambiances adaptées de Noir Comme le Souvenir (1995), COSMA préfère jouer la carte du contraste avec de la grande et belle musique, l'idée n'étant pas de masquer l'objet de la colère mais plutôt de lui porter un coup en premier, autrement que par le visuel. L'affrontement a bien lieu ensuite grâce à la croisade de Mocky/l'armurier Mathieu et Barzyk/Violaine (qui est vraiment le premier rôle), mais la bande originale, déjà réussie en termes musicaux, est à garder en mémoire pour cette autre raison.

L'exercice n'était vraiment pas facile mais, dans un matériau toujours limité et parfois monté avec l'image de façon peu orthodoxe (Mocky style), COSMA s'en sort avec les honneurs, même si cette B.O-là n'est ni parue en disque, ni proposée sur sa chaîne YouTube. Le thème principal aux guitares s'enrichit tardivement de cordes, de quoi renforcer l'attachement pour ce côté-là d'une pareille oeuvre. On l'entend durant le générique final qui nous régale un peu, pour changer du fond noir si récurrent, de quelques vues aériennes et nocturnes du Rhône et de la ville de Vienne.

Du joli travail en notes, comme les thèmes secondaires habituels au cours de l'heure vingt règlementaire niveau durée. Les amis de Violaine, un couple asiatique tenant un établissement 'bar et arts martiaux' où il abrite momentanément Eric, l'enfant rescapé, sont propices à générer (clichés, quand vous nous tenez) une partition de koto contemplative et très plaisante. Surtout que, derrière, COSMA ne se prive pas de nous balancer un rock extrême-oriental synthétique mené par une flûte en bambou planante ! Dernier élément de choix, bien que court également, le duo de harpes en complainte très élégante et placée judicieusement lorsqu'Éric apprend la mort de sa soeur.

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