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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Vladimir COSMA - Monsieur Cauchemar (mocky) (2015)
Par MARCO STIVELL le 19 Mai 2024          Consultée 503 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Dans la filmographie imposante de Jean-Pierre Mocky, certains films peuvent paraître secondaires à cause de leur distribution inexistante ou leur sujet, mais en réalité, ce sont des essentiels. En tout cas, celui qui nous intéresse ici en est un. Avant cela et après la satire politique Calomnies (2014), en 2015 aussi, il y a eu pas moins de deux autres films, à savoir Tu Es Si Jolie Ce Soir, adaptation du polar The Way You Look Tonight que l'autrice Carlene Thompson faisait paraître vingt ans plus tôt en 1995, pendant que Mocky lui rendait déjà hommage avec l'excellent Noir Comme le Souvenir. Même si ce second effort est moins bon, il y a une ambiance nocturne forte aussi avec un serial killer de jeunes femmes dans les rues et une intrigue familiale assez touffue. On y croise Delphine Chanéac, Lola Dewaere (fille de Patrick, mais pas de Miou-Miou) et quelques autres dont Lionel Abelanski, souvent relégué à des seconds rôles ailleurs et qui obtient ici enfin une belle petite mise en lumière.

Ensuite, juste derrière, il y a Les Compagnons de la Pomponette, réutilisation sur un long métrage entier (chose unique chez Mocky) de l'idée développée pour Les Compagnons de la Marguerite en 1967, quand il s'agissait de faire de l'échangisme durable au sein des couples mariés en falsifiant les registres d'état civil, au nez et à la barbe des maires et de la police. On se doute, avec le titre du nouveau film et avec des mœurs plus libérées, le ton nouveau est plutôt sexuel ; de plus, Mocky s'en prend comme d'habitude au clergé, les protagonistes étant un prêtre et une bonne sœur défroqués à cause de leur 'flirt'. Pas d'acteurs franchement connus dans celui-ci, mais Vladimir COSMA est bien là pour offrir comme générique une sorte de 'pompe' (tiens tiens), phrasé manouche comme dans Le Furet (2003), du flamenco adultérin, de l'orgue d'église bien sûr, mais aussi de la guitare électrique saturée pour quelques scènes cassantes. BO meilleure que le film lui-même, pourtant bien ciselé, tout comme les jazz et valses de Tu Es Si Jolie Ce Soir.

Monsieur Cauchemar, en revanche, rétablit un parfait équilibre, en plus de conclure (ou presque) cette période de tournage intensive de plusieurs films dans la banlieue-est parisienne (Vitry et Bry-Sur-Seine). Et puis, bien que fragilisé par les problèmes de santé, Mocky, à l'époque, écrit ses autobiographies, continue de tourner sa série hitchcockienne reprise un an plus tôt, et tient ici l'un de ses derniers propres premiers rôles. Ancien clown de cirque au sein d'une troupe, fou amoureux d'une danseuse appelée Lucile (le plus beau prénom qui soit) mais comme les autres clowns, il est déchiré par la mort tragique de la belle alors qu'elle est accusée par la police sur dénonciation anonyme et injustifiée. Dix ans plus tard, devenu libraire de roman policier (rien que ça, quelle classe), il veut se charger lui-même du coupable et supprime les anciens clowns tous reconvertis, en pleines nuits de brouillard et tout en semant la confusion sur les témoins potentiels qui voient littéralement 'revivre' les morts (d'où le surnom monsieur Cauchemar dans la presse). Ce faisant, il se rapproche de son meilleur client, un jeune garçon mal dans sa peau car il est le fils d'un assassin condamné à mort et élevé, non sans conflit, par un flic qui va traquer monsieur Cauchemar...

En adaptant un roman noir français cette fois (de Pierre Siniac, en 1960), Mocky signe l'un de ses meilleurs efforts du genre, entre ruelles vieilles, sombres et plongées dans le brouillard, ambiance de cirque mais pas que sous un chapiteau, et, détail non des moindres, jolies actrices comme Claire Sermonne pour Lucile (on la verra aussi en 2016 dans la série Outlander), Jenny Del Pino pour la mère du gamin et, comme elle habituée de Mocky mais trop rare, Sandy Besse, la plus sexy et ici en prostituée. Noir mais haut en couleur et une fois encore, bien servi par Vladimir COSMA.

Reprenant l'idée de pompe rythmique du précédent film très sexualisé, il la tourne intelligemment en plus lente, nonchalante même, avec une formidable orchestration mêlant guitares classiques, piano, mandoline et xylophone. C'est en fait son orchestration d'un thème écrit par le guitariste Nicolas-Yvan Mingot, que l'on connaît notamment grâce à son exceptionnelle empreinte dans la carrière du grand Gabriel YACOUB, ex-MALICORNE. Ce thème qui sert de générique au début revient ensuite durant les scènes de crime de manière si bien développée qu'on ne trouve jamais à se plaindre de l'effet de répétition, si courant chez Mocky et jusqu'à plus soif, certes avec des motifs mélodiques plus simples. Musicalement, on y sent un petit plaisir improvisé de la part des musiciens et comme jamais, qui accompagne fort bien ces scènes étirées par l'action de monsieur Cauchemar, les doutes des témoins... On a même droit, pendant la scène où le gamin fait un très mauvais rêve (le film s'étire ainsi parfois et délicieusement vers une touche horrifique hallucinatoire), à une variation très sympathique de ce thème, contrebasse en avant.

Forcément, les valses habituelles de COSMA marquent moins, mais celle du cirque au début avec la belle Lucile en plein show est brillante, pleine de clarinettes old-school, aussitôt suivie cependant par un air forain bien connu qui n'a de cesse de ramener Mocky vers L'Aile ou la Cuisse, la comédie célèbre. On l'entend transformé quelque peu durant les scènes où 'Monsieur Cauchemar', planifiant ses crimes dans le bureau arrière de sa librairie, se retrouve à parler en tête à tête avec le portrait peint de sa défunte bien-aimée. Autant dire que la folie inhérente à son cinéma est ici bien dosée, la musique limitée en quantité d'idées mais plutôt bien répartie. On se plait autant de la tirade de l'acteur (premier des anciens clowns à être tué) sur fond de thème principal, que du chant ténor (le troisième clown, un bègue !!) pour la messe de Noël, d'autant plus fendard qu'on sent bien que Mocky se fiche ouvertement de Roberto ALAGNA et consorts. Ajoutons encore les musiques d'horreur vintage s'échappant de l'écran télé de la chambre du gamin passionné (très 80's style), ainsi que les interventions jazzy d'instruments solistes : sax alto et guitare électrique bebop pour la librairie de Mocky (les deux se rejoignant durant la séquence finale à l'asile), piano blues joué par pianiste aveugle (le quatrième clown) dans un restaurant, harmonica pour dernier meurtre...

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- Vladimir Cosma (compositions, orchestrations)
- Nicolas-yvan Mingot (guitare, composition)


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