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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Vladimir COSMA - Le Mari De Leon (mocky) (1993)
Par MARCO STIVELL le 24 Février 2024          Consultée 248 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Après Ville à Vendre (1991), notre bon vieux Jean-Pierre Mocky soumet Bonsoir (1992) au cinéma français, tartufferie plus simple, parisienne comme il en fait rarement alors, avec de nouveau Michel Serrault en vedette. Celui-ci, tailleur en mode fraîchement remercié malgré son expérience, se retrouve oisif, vivant d'une allocation minable et préfère appeler à l'hospitalité de gens qu'il ne connaît pas, mais dont, en retour, il veut bien aider à régler les problèmes de couple ou autre. Outre cet immense acteur, on voit sa compagne Lauren Grandt, Jean-Claude Dreyfus en inspecteur de police un peu trop zélé, ainsi que Claude Jade en 'lesbienne honteuse'. Ce dernier point est important car, on le sait, dans le domaine du cinéma français, Mocky est l'un des premiers réalisateurs, sinon 'le' premier, à avoir montré des homosexuels, travestis etc. dans ses films. Pourtant, quand il réalise Le Mari de Léon, en 1993, le public ne joue toujours pas en sa faveur, ni même au départ les acteurs comme Depardieu etc. refusant un rôle qu'il finit par jouer lui-même. Pour cette oeuvre façon pièce de théâtre en 7ème art, il prend pour base le roman de Frédéric Dard inspiré par l'histoire d'amour réelle, aussi platonique que passionnée, d'un des plus proches collaborateurs de Robert Hossein pour ce dernier, alors qu'ils sont hétérosexuels convaincus.

Léon (Serge Riaboukine) aide donc Boris (Mocky) dans son travail de metteur en scène de théâtre, autant qu'il l'aime. Boris tombe facilement amoureux des femmes voire filles plus jeunes, y compris ses actrices, et Léon, souvent jaloux, méprise celles-ci autant qu'il assouvit ses fantasmes de son côté, révélant son esprit dérangé un peu comme sa famille (soeur muette et paralysée suite à un accident). L'amitié tient, jusqu'au jour où Boris rencontre vraiment la femme de sa vie.
Tourné à Epernay (Marne, Champagne-Ardennes) dans une ambiance aristo-artistique pimentée par la verve crue des scénarios de Dard, c'est une réussite et un échec affreux, à plus forte raison quand on pense au succès énorme de Y a T-il un Français Dans la Salle ? (1982), film précédent de Mocky avec le créateur de San-Antonio. Le public homosexuel aurait lui-même boudé ce qui ne montre pas sa nature de façon entière. Lauren Grandt apparaît pour la dernière fois, tandis qu'au contraire, Hélène de Fougerolles sort plutôt volontiers de sa série AB, Le Collège des Coeurs Brisés, pour une première apparition au cinéma. Elle se contente ici d'un 'second rôle remarquable' en comédienne des planches pour Boris/Mocky ; une des rares actrices sur qui il n'a jamais gueulé par ailleurs.

En ce qui concerne Vladimir COSMA, il s'agit de sa quatrième B.O consécutive pour un film de Jean-Pierre, même si, au même moment, il fait plein d'autres choses, notamment pour Yves Robert (les deux premier 'souvenirs d'enfance' de Marcel Pagnol ainsi que Le Bal des Casse-Pieds). Pour autant, ce n'est pas sa moins travaillée, contrairement à Il Gèle en Enfer (1990) ou même Bonsoir (1992). En plus du fait que Le Mari de Léon est, sans figurer dans les meilleurs, un des Mocky à voir parce qu'il est une des curiosités incomprises (à une époque plus 'liberté d'expression' en forme qu'en paroles) dans l'oeuvre (florissante) de ce réalisateur qui l'est déjà beaucoup, la musique garde elle-même quelque chose de touchant. COSMA a tout simplement bien saisi ce vers quoi le film, derrière son ton mordant et ses pantalonnades érotiques (pour autant, avec toujours un rien de distinction visuelle que n'ont pas d'autres Mocky), tendait : le drame d'un amour impossible, contrarié, celui de Léon pour Boris au milieu de filles/femmes qui ne font pratiquement que défiler, jusqu'à celle qui justement, va tenir.

En vérité, cette B.O est très faible en matière, surtout dans son édition album (souvent plutôt regroupée avec les autres de l'époque écrites par le maestro pour le bon Jean-Pierre), mais mariée au film, elle est d'une certaine classe. Autant le très court "Boris Drama" ne peut se laisser mémoriser en dehors de l'emploi du quatuor à cordes, autant ce dernier conduit le thème principal avec grâce, fragilité, une beauté des plus simples et émouvantes. Le violoncelle s'échappe en soliste parfois, mais l'arrangement est suffisamment fin pour ne point se lasser de cette ritournelle, quand bien même elle revient souvent dans le film, selon le principe Mocky.
"La Valse du Maestro" n'en est qu'une variation, le piano en plus. D'ailleurs, c'est le piano seul qu'on entend au début du long métrage. Avec l'effet musique de chambre, on ne pouvait espérer mieux, non seulement pour dépeindre l'histoire, faite d'amour contrarié et de malaise permanent qui éclate en dureté, mais aussi les décors de théâtre, d'hôtels-restaurants et demeures bourgeoises.

Au milieu du film, on a même droit à l'une des marottes de COSMA à l'époque, fournir une version 'synthétique' de son thème, ici lorsque Boris et Léon assouvissent leurs instincts ensemble avec une agent immobilière plutôt reluctante au départ. Et malgré un décalage stylistique comme temporel avec la décennie 80, le résultat demeure appréciable, contre toutes attentes, par rapport aussi à d'autres efforts similaires. Monsieur Vladimir aide aussi à changer un peu, pour une fois, la formule fanfare sacro-sainte chez Mocky illustrant la France populaire et ancienne que ce dernier tient à voir subsister, notamment lors des moments où Léon incarne une parodie de Charlie Chaplin. Clarinette en avant par-dessus l'ensemble cordes et piano, ces thèmes restent plaisants, même si rattachés à l'image, de même que, pour la scène de théâtre américaine, ce vibraphone binaire sur piano ternaire pour un joli décalage en improvisation. Et c'est tout. Cela fait peu encore une fois, certes, mais tout comme pour Mocky dans le reste du propos, c'est du COSMA bien pensé, bien dosé.

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- Vladimir Cosma (compositions, orchestrations)


1. Le Mari De Léon
2. Boris Drama
3. La Valse Du Maestro



             



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