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Nils LOFGREN - Nils (1979)
Par MARCO STIVELL le 30 Mai 2024          Consultée 377 fois

Nils est un peu l'album 'what the fuck?' dans la discographie de LOFGREN, non pas en termes de qualité qui n'est certes pas haute mais pas non plus la moindre, mais parce qu'on se rend bien compte du paquet d'opportunités mises bout à bout ensemble et qui aboutissent à une belle déception, artistique comme populaire.
Si l'on devait interroger Bob Ezrin, producteur parmi les plus réputés, sur son bilan de l'année 1979, cela donnerait à peu près cela :
Journaliste : « Une grande année pour vous, non ?
Ezrin : - Oui, j'ai bossé sur deux albums...
Journaliste : - Un seul, non ? Enfin, un double quoi !
Ezrin : - Non non, deux. Le double The Wall pour PINK FLOYD et Nils pour Nils LOFGREN. »

Sans doute, la maison de disques A&M Records, voyant son jeune poulain au succès honorable mais stagnant entre les années 76 et 77 a-t-elle voulu donner un bon coup de pouce à LOFGREN et appeler le Canadien (deuxième grand après Neil YOUNG) pour chapeauter le nouvel album, alors que rien ou presque n'était encore fait. Après tout, Bob Ezrin, jusqu'en 78, c'est un tas de réussites pour ALICE COOPER, Lou REED, AEROSMITH, KISS et Peter GABRIEL. L'ami Nils, avec son côté 'loner' rien que d'un point de vue composition, veut bien pour la prod mais pas qu'on l'aide à écrire. Sauf qu'Ezrin lui demande : "et si c'est Lou REED ?" Effectivement, là, il veut bien, et devient tout simplement copain avec l'électron libre du rock qui l'a invité à regarder un match de foot chez lui un soir et, une fois rentré à casa, lui aurait dicté les paroles toutes fraîches au téléphone. Echange de bons procédés, plusieurs morceaux de LOFGREN apparaissent sur The Bells, nouvel album de REED. "Il y aura aussi Dick Wagner !" Le guitariste chevronné du glam-rock 70's américain ne joue pas une seule note ici, mais compose bien soit avec REED, soit LOFGREN, soit ce dernier et un peu Ezrin tout de même pour le dernier titre, "You're So Easy".

Avec de grands et beaux moyens, l'album est enregistré/réalisé à New York, aux studios Power Station (les préférés de CHIC où les SISTER SLEDGE passent alors également, ainsi que Ian HUNTER avec des membres du E STREET BAND de Bruce SPRINGSTEEN, et ce dernier en personne pour son double The River), mais aussi à Toronto (chez Bob Ezrin) et Hollywood. À la basse, Bob Babbitt, un des Funk Brothers, figure première de la musique Motown donc. À la batterie, Allan Schwartzberg, grand copain d'Ezrin. Aux percussions, Jody Linscott, spécialiste des congas, jeune Américaine devenue Anglaise, remarquée dans le groupe de british soul-funk KOKOMO et auprès du chanteur Robert PALMER. À la guitare, Nils est épaulé par son frère Tom pour la dernière fois (un peu comme son contrat en fin de vie avec A&M Records), et également secondé par Stu DAYE, autre ancien de l'écurie ALICE COOPER qui mène bien sa barque à l'époque. Les deux tiers de l'album, composés collectivement comme on l'a dit (le reste étant de LOFGREN seul), et auxquels il faut adjoindre la reprise règlementaire, cette fois de Randy NEWMAN ("Baltimore"), devrait au moins bénéficier de tout cela.

Hélas, ce n'est pas le cas. "No Mercy", une composition solo pour le coup, ouvre pourtant l'ensemble en grande pompe dans une ambiance moitié live, moitié studio, d'abord ballade dense puis refrain musclé mais toujours 'laid-back', avec un bon relâchement. Le chant plaintif de Nils s'accorde bien à ce rock typique de la côte nord-est des U.S.A., dans lequel on sent une empreinte plus 'arena' (qui sera développée sur l'album suivant) et pour cause : la foule audible est enregistrée au Madison Square Garden, grande salle emblématique de New York. LOFGREN ne sait pas encore qu'il y reviendra au fil des années et dans de toutes autres conditions ! "I'll Cry Tomorrow", pensée par Dick Wagner et ALICE COOPER lui-même comme une suite à la chanson de ce dernier, "I Never Cry" sur ...Goes to Hell son album de 1976, est un gros blues urbain et tribal transposé aux nouvelles aspirations grandioses, parcouru de bons choeurs féminins et de guitares slides 12 cordes électriques.

Il faut attendre ensuite "Steal Away" pour trouver de la bonne verve hargneuse et haletante, fédératrice avec son duo batterie-cowbell, LOFGREN qui donne ce qu'il faut y compris au chant, en sachant que celle-ci, il l'a écrit seul également. Enfin, on trouve avec "You're So Easy" l'autre point d'orgue de cette collaboration qui s'annonçait si riche, avec un disco-rock bien de son année qui n'aura certes pas le même succès que KISS, loin de là, mais qui justifie pleinement l'alliance de tous ces musiciens formidables, LOFGREN, Linscott, Babbitt, Schwartzberg, des twin guitars aussi bien que des congas-tambourins. Contrairement à d'autres titres où l'on sent que la basse du Funk Brother, par exemple, n'est pas des plus adaptées, entre autres choses. Un vrai miracle final donc pour cet album qui, redisons-le, demeure décevant. À croire que Bob Ezrin a réservé son avant-garde et ses excès pour le bulldozer de Roger Wat... pardon, PINK FLOYD, ce qui n'est pas un mal en soi pour l'extérieur, mais néanmoins si, Nils en pâtit.

"Baltimore", la reprise iconoclaste de Randy NEWMAN, a son côté latino-urbain plaisant et sauve encore un peu les meubles, plutôt cool au départ et sur son final groovy et maléfique où plane l'orgue du Canadien Doug Riley (membre de DR. MUSIC). Ensuite, Nils LOFGREN retombe un peu dans ses travers avec sa "Kool Skool" par lui-même seul encore, pourtant partie d'un bon riff en intro, ainsi que "Shine Silently", co-signée Dick Wagner, soft-rock aux couleurs hippie sympatoche mais trop pépère, avec quelques arrangements orchestraux fondus dans des claviers exotiques. Si ces titres font juste traîner un album à la durée toujours raisonnable cela dit, celui-ci est carrément alourdi par le maladroit "A Fool Like Me", une des collaborations avec Lou REED mais aussi avec David Sanborn, saxophoniste émérite (R.I.P. depuis quelques jours). Celui-ci a trop de caractère pour cette tentative de lorgner vers une Motown bien passe-partout, percussions et choeurs féminins basiques à l'appui, sans parler d'un chanteur lui aussi vraiment doux.

Note réelle : 2,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Nils Lofgren (chant, guitares, accordéon, claviers)
- Bob Ezrin (claviers, percussions, vibraphone, choeurs)
- Allan Schwartzberg (batterie)
- Bob Babbitt (basse)
- Jody Linscott (congas, percussions)
- Stu Daye, Tom Lofgren (guitares, choeurs)
- Colina Phillips, Debbie Fleming (choeurs)
- Doug Riley (orgue hammond)
- David Sanborn (saxophone alto)
- Al Macmillan (orchestrations)


1. No Mercy
2. I'll Cry Tomorrow
3. Baltimore
4. Shine Silently
5. Steal Away
6. Kool Skool
7. A Fool Like Me
8. I Found Her
9. You're So Easy



             



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