Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Ufo
- Style + Membre : Neil Young , Bruce Springsteen

Nils LOFGREN - Flip (1985)
Par MARCO STIVELL le 11 Juin 2024          Consultée 406 fois

Quand Flip sort en 1985, Nils LOFGREN n'est plus tout à fait le même. Bien sûr, c'était déjà le cas deux ou trois ans plus tôt par rapport à une décennie avant, mais peut-être est-ce là encore plus significatif depuis qu'il n'est plus seulement son propre patron, un certain Bruce SPRINGSTEEN ayant pris cette place. Ce dernier ainsi que son E STREET BAND, en plein enregistrement de Born in the U.S.A., futur best-seller aux plus de trente millions de copies vendues et bientôt suivi de la tournée la plus monumentale de l'histoire du rock, ont à peine le temps de s'émouvoir du départ (temporaire) du guitariste-choriste Little/Miami Steven Van Zandt, ami le plus proche du Boss, que le non moins 'little' en taille mais grand Nils LOFGREN rejoint leurs rangs à peine l'album mis en boîte et apporte un souffle bienvenu à la tournée.
Celle-ci est d'ailleurs répétée dans le Big Man's West, club désormais fermé du Jersey Shore tenu pendant deux-trois ans par le saxophoniste Clarence Clemons. Ce sont plus d'un an et demi très riche, les shows de quatre heures ininterrompues, les stades débordant de foules, le tour de la planète. Van Zandt était tout dans le personnage du bon copain souriant et le solo de guitare économique façon B.B. KING, alors que Nils, plus dans une énergie de type mandoline et envolées héroïques, marque également les esprits avec son allure sexy et ses sauts périlleux de gymnaste, pour ceux qui ne l'avaient encore jamais vu sur scène et, hors Etats-Unis, ils sont nombreux. Une belle compensation par rapport à sa menue silhouette ainsi qu'aux biceps et pecs bodybuildés du Boss et de Clemons. Après cette intronisation plus que réussie, il sera réengagé pour l'album et la tournée 1987-88 mais sa propre carrière solo se verra ralentie. En outre, malgré le retour de Van Zandt au sein du E STREET BAND lors de la décennie suivante, il gardera sa place car, on le sait, et Bruce l'a bien transmis à son public comme à ses collègues, en plus de la musique, tout n'est qu'une histoire d'amitié (en 84-85, les bandeaux et bandanas en mode Rambo sont à ajouter).

Quand on fait partie du plus grand groupe de rock de la planète (seuls les hardos/metalleux ne seront pas d'accord, allez en paix, ou en enfer, comme vous voulez), celui au sein duquel on entend également de l'accordéon et de la pedal-steel – merci Nils – entre autres, où les claviers ont une importance capitale (depuis 1967-69, premières années du prog, il convient de ne pas tout laisser aux gratteux ni aux autres animaux bassistes et batteurs de la même trempe), quand enfin on a un leader aussi charismatique, naturellement, tout cela déteint sur sa propre oeuvre. LOFGREN faisait déjà tout cela, et juste avant en 83, il publiait le magnifique Wonderland bien ancré dans son époque, avec une élégance certaine. Toutefois, avec Flip, mot français pour salto sur trampoline, on le sent bien marqué par cette tournée Born in the U.S.A. ô combien retentissante, mais aussi l'album qu'elle défend, forcément. Le disque, avec cette pochette solaire et à caractère unique (combien d'astiqueurs de manches en bois peuvent faire autant ?) est enregistré au studio Warehouse, à Philadelphie, une première par rapport aux précédentes réalisations de Nils, en collaboration avec Lance Quinn pour la production. Sa durée est la plus parfaite existante : 42 minutes et 42 secondes.

Pour la qualité, c'est autre chose, bien que la retombée ne soit pas si lourde après Wonderland. Flip est juste un disque de son temps, avec ce qu'il peut offrir de mieux y compris (premier exploit) dans l'usage récurrent des synth-brass (les cuivres-synthés granuleux typiquement 80's, comme pour la version live de "Born in the U.S.A."). Quelques idées fulgurantes mais peu pour faire date, à l'image du single porteur, "Flip Ya Flip" aux paroles pleines d'agilité, tout comme le clip, un rhythm'n'blues bien chanté par Nils, des choeurs féminins occasionnels, pendant qu'Andy Newmark tient de nouveau la batterie. La guitare, comme la basse de Wornell Jones (grand retour, depuis dix ans et le premier album solo, avec quelques apparitions sporadiques dans l'intervalle) sont noyés dans les synth-brass épiques en nappes, très plaisants encore une fois. Chose déjà moins simple à reconnaître au début de "Secret in the Street" qui fait très cheap mais reste bien mené, tout comme sa propre vidéo. On est plus sur un rock springsteenien bien carré avec accords ouverts, auquel la voix plaintive de l'intéressé colle fort bien et, avant son petit solo joli, le retour marqué des claviers si caractéristiques.
Au fait, dans le groupe, ils sont deux à les gérer, voire trois si l'on compte l'invité Paul Griffin au piano et orgue Hammond (ex-KING CURTIS) : Terry Lavitz (DIXIE DREGS) et Tommy Mandel, plus ou moins bien employé dans DIRE STRAITS durant leur 1983 tour et le live légendaire Alchemy. Déjà plus guère présent donc en 1985-86 pour leur tournée Brothers in Arms presque tout aussi colossale que celle de SPRINGSTEEN, avec notamment des dates à Wembley en Angleterre, dont une le 10 juillet 1985 sur laquelle (tiens, tiens) Nils LOFGREN est invité ! Pour "Solid Rock" en plus, morceau tellement orienté SPRINGSTEEN, déjà sur la version originale de 1980 avec le pianiste Roy Bittan du E STREET BAND !

Pour revenir à Flip, il se conclut certes par "Big Tears Fall", hymne très soul mais rien d'impérissable une nouvelle fois, de même que "Dreams Die Hard", autre rhythm'n'blues communicatif avec l'alliance piano-orgue Hammond-glockenspiel (comme, euh, voilà... hé hé) mais aussi sax baryton pour une meilleure pulsation. Entre le rock mordant de "New Holes in Old Shoes" et la ballade "Delivery Night" claire comme de l'eau de roche, piano digital compris et voix crème de LOFGREN qui nous remet des 'sha la la baby' propices à émouvoir/émoustiller son public côté 'beau sexe', il y a de quoi varier les plaisirs.
L'édition CD ajoute "Beauty and the Beast" au riff plaintif sur fond de synth-brass, au rock si bien carré et efficace, au solo de guitares twin/jumelles tellement bon et aux choeurs féminins si léchés, bref d'une qualité si haute qu'on se demande pourquoi elle n'est qu'un titre bonus, ne s'est pas fait mieux connaître que d'autres titres du milieu de l'album et à leurs côtés, même si du coup sa durée parfaite s'en trouverait cassée.
Flip, lui-même et à l'instar de Hero (album solo de Clarence Clemons sorti la même année), aurait dû bénéficier du succès massif de la période Born in the U.S.A., mais il ne réussit qu'à convaincre les Suédois fidèles et si fiers de leur fils lointain (18ème place), ainsi que les Britanniques, de nouveau après leur désertion inqualifiable pour Wonderland mais un peu moins (36ème place). Aux U.S.A. en revanche, c'est très décevant car l'album n'atteint même pas le top 100. Peut-être, pour cela, Nils LOFGREN en solo se trouve changé, durablement.

A lire aussi en ROCK par MARCO STIVELL :


SANTANA
Havana Moon (1983)
Ordre du jour : diversité




The DICE
The Dice (1982)
Le dé finit sa course


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Nils Lofgren (chant, guitares, claviers)
- Andy Newmark (batterie)
- Wornell Jones (basse)
- Terry Lavitz, Tommy Mandel (synthétiseurs)
- Paul Griffin (piano, orgue hammond)
- Steve Hooper Lombardeli (saxophone)
- Rick Valenti (harmonica, choeurs)
- Devereaux Merryweather (choeurs)
- Rudy Rubin, Tico Torres (choeurs)


1. Flip Ya Flip
2. Secrets In The Street
3. From The Heart
4. Delivery Night
5. King Of The Rock
6. Sweet Midnight
7. New Holes In Old Shoes
8. Dreams Die Hard
9. Big Tears Fall
10. Beauty And The Beast



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod