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Nils LOFGREN - The Loner - Nils Sings Neil (2008)
Par MARCO STIVELL le 11 Septembre 2024          Consultée 251 fois

Une année chargée pour Nils LOFGREN que 2008, et pas toujours en bonnes choses. Au début de l'année, il est sur la route en compagnie de Bruce SPRINGSTEEN et du E STREET BAND pour la grande tournée Magic ; tout aurait été sur des roulettes comme d'habitude sans la maladie suivie du décès de Danny Federici au printemps. La santé n'est d'ailleurs pas non plus au beau fixe pour Nils qui prend de l'âge (57 ans) et paye ses années intensives de basketball augmentées de sauts périlleux réguliers durant les concerts : en septembre, il se fait placer des prothèses pour consolider ses deux hanches. Les soucis aux jambes, la perte d'un ami musicien appelé Danny... Voilà qui, dans les grandes lignes et même en d'autres circonstances, sonne fort commun avec l'histoire d'un certain Neil YOUNG, une carrière dont celle de LOFGREN s'est faite parallèle tout en la rejoignant parfois.

Pour rappel, le Canadien qu'on appelle Loner avait fait appel à Nils dès l'album After the Gold Rush (1970), un de ses plus grands succès, puis pour les débuts du CRAZY HORSE en live (1970-71) tandis que LOFGREN en retour employait Jack Nitzsche (pianiste et producteur de Harvest) pour les albums de son groupe GRIN et, pour le premier, faisait venir le Loner ainsi que des membres du CRAZY HORSE en guests, échange de bons procédés. Neil le rappelle ensuite sur l'album Tonight's the Night (1975), puis pour la période nettement plus controversée de Trans (1982), album et tournée. En 2008, rien de nouveau de ce côté, mais la collaboration entre Neil et Nils, bien qu'il faille encore attendre une décennie pour les réunir comme par le passé, est loin d'être terminée ! Entretemps, il y a cet album, dernier point fort (positif) de l'année pour Nils qui peut exprimer librement son admiration pour la musique de celui qui a été son premier patron 'épisodique'.

The Loner – Nils Sings Neil est donc un album-hommage au final assez naturel. En plus de tout ce qui vient d'être relaté, le chant de LOFGREN rappelle parfois grandement celui de YOUNG, surtout dans les moments folk, avec ce côté traînant et nasal haut-perché, plus rauque avec l'âge mais toujours pourvu d'un vibrato. Si Nils, par ricochet, colle aussi près de son ami en termes vocaux, ce n'est pas leur seul point commun car physiquement parlant, durant les prochaines années, on les verra tous deux affublés de longs favoris, un look très U.S.A. de fin XIXème-début XXème siècle, qui se conjugue bien avec leur mode de vie (Neil a vécu longtemps sur les hauteurs de Californie, Nils a une maison en Arizona), leurs aspirations rurales/folk. À ce titre, il convient de dire que LOFGREN, bien qu'habitué et tout autant qu'avec SPRINGSTEEN de jouer sur deux tableaux complémentaires, la rage électrique étant l'autre, a totalement délaissé cette dernière ici.

Il fait sa sélection de titres qu'il a le mieux retenus de la carrière de YOUNG, principalement concentrés sur les premières années et notamment les albums du BUFFALO SPRINGFIELD (chronologiquement "Flying on the Ground" - chanson sur la drogue -, "M. Soul", "I Am a Child" et "On the Way Home", tous écrits par le Loner seul). Il y a même un titre ("Long May You Run", éponyme) de l'album duo plus tardif avec Stephen STILLS, en 1976 ! Ensuite, il pioche par-ci par-là, sauf chez CROSBY STILLS NASH & YOUNG, pour se concentrer sur quelques albums solo de ce dernier. Nils ouvre l'ensemble tout de même avec "Birds" au piano, entendue dès 1968 et le live accompagnant le premier disque de YOUNG, mais surtout ensuite sur le fameux After the Gold Rush (1970), pour reprendre d'emblée les origines de l'amitié. Et pour cela d'ailleurs, deux morceaux valent mieux qu'un, avec "Only Love Can Break Your Heart" du même disque.

L'imparable "Loner", blues solaire du premier album de 68, s'accompagne d'un extrait du live maudit Time Fades Away en 1973 ("Don't Be Denied", où YOUNG revient sur ses premières expériences en groupe en Ontario, Canada), d'un autre sur Zuma (1975, "Don't Cry No Tears"), d'un "World on a String" bien choisi sur l'immanquable Tonight's the Night (1975), de "Like a Hurricane" gardé au chaud sur le moins connu American Stars'n Bar (1977). Notons enfin que "Mr. Soul", après le BUFFALO, chantée par YOUNG en concerts solo, a connu une version studio sur l'album rock électronique Trans (1982) si décrié.

Et donc, pas de vrai 'tube' ? Rien de l'indéboulonnable Harvest (1972) ?! Non, LOFGREN zappe volontiers ces aspects les plus connus de Neil également, il préfère même du totalement perdu ou presque, comme "Winterlong", inédit publié sur l'anthologie Decade (1977) puis le Live at Fillmore East 70 (sortie tardive en 2006). En revanche, c'est non sans humour que l'on constate que le seul titre ultérieur au début des années 80, dernière collaboration YOUNG-LOFGREN en date, est "Harvest Moon", de l'album éponyme qui fait suite au best-seller, vingt ans après en 1992 et d'un haut niveau de qualité à son tour.

Et re-donc, LOFGREN se contente d'une formule acoustique en solo, alternant guitare acoustique et piano, qui n'est pas sans rappeler celle entendue sur le live au Carnegie Hall 1970, comme d'ailleurs nombre de chansons présentes ici. L'exemple le plus porteur est la très jolie "Wonderin'", chanson tendre pleine de manque exprimée au piano, que YOUNG avait chantée au Carnegie Hall avant d'attendre treize ans pour la ressortir sur Everybody's Rockin' (1983), album rockabilly impersonnel, autre effort cordialement détesté par les fans. Notre Nils fait dans la simplicité, limitant les notes mais pas les intentions : c'est avec du coeur qu'il reprend chacune de ces petites perles d'un songwriter et interprète parmi les plus éminents, un sacré personnage qui sait se montrer exigeant.

À côté, notre petit bonhomme paraît comme sage, et cet album se laisse gentiment écouter, peut-être un peu trop. 57 minutes peuvent paraître longues, il faut se plonger dans un mode détente pour l'écouter vraiment. Peu de variations, à l'image du dobro-bottleneck de l'excellent "World on a String", incantatoire. L'hommage est digne, plaisant, mais de là à y revenir souvent ? LOFGREN et sa voix plaintive, caressante, ne sont pas sans créer la confusion par rapport à celle du Loner, à de nombreuses reprises. Le picking délicat de "I Am a Child", les accords balancés de "Harvest Moon" et "Flying on the Ground", rien que du naturel pour un artiste qui n'a plus rien à prouver. Par la formule acoustique, certains titres comme "Like a Hurricane" sont transfigurés. Le piano de "Don't Be Denied", elle aussi bien changée, plus fragile, offre un bien joli complément au chant. Le riff tranquille de "On the Way Home" figure tout comme "Winterlong" au registre des splendides redécouvertes.

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   MARCO STIVELL

 
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- Nils Lofgren (chant, guitare acoustique, piano, dobro)


1. Birds
2. Long May You Run
3. Flying On The Ground
4. I Am A Child
5. Only Love Can Break Your Heart
6. Harvest Moon
7. Like A Hurricane
8. The Loner
9. Don't Be Denied
10. World On A String
11. Mr. Soul
12. Winterlong
13. On The Way Home
14. Wonderin'
15. Don't Cry No Tears



             



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