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Nils LOFGREN - Crooked Line (1992)
Par MARCO STIVELL le 15 Juillet 2024          Consultée 279 fois

Crooked Line suit de près Silver Lining en termes de sortie. Deux albums en deux ans, Nils LOFGREN avait quelque peu perdu la main en ce qui concerne un tel rythme et si cela paraissait naturel dans les années 70, il faut croire que le suiveur pâtit un peu du premier, déjà quand on voit ce que donne la pochette (même si celle de 91 n'était pas sensationnelle non plus). Heureusement, l'écart est moins grand qu'entre certains albums d'il y a quinze ou vingt ans !
Néanmoins, LOFGREN a tout bonnement décidé, en quelques mois, d'un changement d'équipe. De tout nouveaux musiciens font leur apparition, comme Eric Ambel à la seconde guitare (auparavant ingé son pour Carolyn MAS et membre des DEL-LORDS) et également la production, le bassiste Andy York (par la suite mieux connu auprès de John MELLENCAMP) et le batteur Johnny 'Bee' Badanjek (Bob SEGER, DR. JOHN, ALICE COOPER...).

Autant, avec Silver Lining, on sentait que les années 80 se faisaient encore déterminantes dans l'inspiration, autant ici avec Crooked Line, on est vraiment à fond dans les années 90, notamment en ce début très marqué par la saturation des guitares. Le courant grunge s'installe en tant que renouveau de la scène rock et si notre cher Nils n'a pas besoin d'aller trop lorgner chez les NIRVANA et ALICE IN CHAINS – il a suffisamment contribué au rock 'sombre' non metal en collaborant avec Neil YOUNG et son CRAZY HORSE -, on sent tout de même quelques pointes d'adaptation avec bonne volonté qui s'apparentent à une sorte d'adoubement musical. Figurez-vous d'ailleurs que Neil YOUNG est aussi de la partie, la première fois depuis l'époque LOFGREN/GRIN, même si c'est encore pour des choeurs !

Ce qui est sûr, c'est que notre Suédois-Américain ne se repose pas sur ses lauriers. Un rock élancé gorgé de guitares, aussi direct qu'efficace comme "A Child Could Tell", au ton adolescent in love dans les paroles, démarre l'album sous les meilleurs auspices. Titre résolument taillé pour la scène, tout comme le plus surprenant et éléphantesque "Misery", une tuerie à la rage bien exprimée malgré le voix de Nils toujours frêle, épique et entourée de parties d'accordéon joué par lui-même, comme pour évoquer une Europe de l'Est au passé encore plus que lourd à son époque de 'libération'. Le même thème semble avoir influencé "New Kind of Freedom", à moins que ce ne soit la guerre du Golfe. Morceau encore fin, jusque dans la batterie qui n'atteint pas souvent ce niveau, pour lequel LOFGREN a bien soigné la mélodie. Pour refermer la parenthèse des titres taillés pour la scène, on trouve encore "Just a Little", reprise AOR du hit des BEAU BRUMMELS, groupe californien en vue dans les années 60. Notre Nils renoue avec sa tradition délaissée depuis dix ans et se fait plaisir.

"Crooked Line" poursuit la voie de ce blues moderne teinté de dureté sonore, un refrain dense en montée et qui s'embrase comme une marée noire, du très beau travail (que l'on doit vraiment à Eric Ambel, tout comme l'apport grunge) notamment sur cette rythmique authentique mais aux airs de sample. À côté, LOFGREN allège quand il faut comme sur "You", country sautillante avec picking, énergie positive à laquelle participe le grand Neil YOUNG pour des choeurs si présents qu'ils confèrent au duo. Autre titre auquel il participe, "Someday", malgré sa profondeur et un piano étonnant, se trouve en deçà du reste de l'album. "Walk on Me" et sa couleur côte ouest très aérée font du bien, du même que le solo final de guitare. Quant à "Blue Skies" et "Shot at You", on les apprécie grandement pour leurs escapades folk-country accessibles avec de beaux arrangements incluant la guitare-baryton pour Eric Ambel, ainsi que quelques touches sentimentales voire hispanisantes qui font joliment penser à un certain Chris REA.

Tout cela, bien que consistant, semble ne servir qu'à mieux cacher le diamant sombre de l'opus, à savoir "Drunker River". Long de six minutes, il travaille le blues saturé de façon groovy et avec tellement d'intelligence que c'en est désarmant. L'harmonica du chef Neil YOUNG plane en fond, tout comme sa voix aux côtés de celle plus grave de son vieil ami Nils LOFGREN, complètement hanté. Les guitares grunge se voient augmentées d'autres effets lourds au fur et à mesure que la chanson progresse, le résultat global est assez impressionnant, génial, simplement mais vraiment. Si l'album est un peu moins bon que son prédécesseur, "Drunken River" reste un passage obligé à lui tout seul, parmi les meilleurs titres d'une telle carrière. Et qui ne pouvait que se voir suivre par un "I'll Fight for You" renouant avec la country légère mais sans dénaturer, ne serait-ce que la six-cordes qui déploie toujours ses humeurs acérées. Dommage en revanche, les critiques sont bonnes, enthousiastes, mais tout comme un an avant, aucun succès n'est à noter.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Nils Lofgren (guitares, chant, claviers, accordéon, vibraphon)
- Eric Ambel (guitares, choeurs, timbales)
- Johnny Badajnek (batterie)
- Andy York (basse, choeurs, claviers, percussions)
- Frank Funaro (batterie)
- Rob White (percussions)
- Neil Young (choeurs, guitare, harmonica)


1. A Child Could Tell
2. Blue Skies
3. Misery
4. You
5. Shot At You
6. Crooked Line
7. Walk On Me
8. Someday
9. New Kind Of Freedom
10. Just A Little
11. Drunken River
12. I'll Fight For Youmbe



             



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