As One est le dernier opus qui mixe les forces en présence des membres de KOOL AND THE GANG et du producteur brésilien Eumir Deodato. La pochette est en adéquation avec les aspects colorés et brillants des eighties, même si on regrette un peu la superficialité des jolies mannequins peu de temps auparavant. Le groupe joue désormais dans la division supérieure, les succès se sont accumulés et il est hors de question de laisser retomber le momentum. Le groupe réinvestit donc rapidement les studios pour donner un successeur au superbe Something Special. La potion magique est maintenant connue, le succès éternel leur tend les bras, et il s’agit de la 14ème offrande de nos musicos du new jersey !

C’est "Big Fun" qui ouvre le bal de la ronde des singles de ce nouvel opus. Le ton est clairement funky pop, soit électro funk pour utiliser le terme le plus adéquat. Des nappes de synthé légères, c’est la marque de fabrique, et une section rythmique plombée comme à chaque fois, KOOL reste la base du groupe avec cette basse magnifique. Ce titre fait pour danser qn’a toutefois pas le succès escompté avec une modeste 21ème place. Le fait de gloire de cet opus est donc "Let’s Go Dancin" - 30ème du billboard - avec son beat festif et ses intonations quasi caribéennes. La composition se laisse bien écouter et aurait pu sortir des œuvres complètes d’un des ténors du rocksteady. Ils parlent d’ailleurs de « Reggae Dancing », on se croirait avec Jimmy CLIFF pour un peu ! La structuration de "Hide Hi, Hi De Ho" nous amène tout proche des icônes de l’époque comme IMAGINATION. La force probante du nouveau chanteur s’impose ici avec un naturel désarmant. Alors que les synthés de Deodato remplissent leur fonction mainstream avec efficacité, quelques inflexions discos sont toujours présentes. Hélas ce dernier single ne va pas même charter.

Pas mal de cuivres et une basse bien rondelette drivent "Street Kids". La gratte fonke à tout va et DT chante fort bien comme à l’accoutumée. On remarque quelques incursions hip-hop dans ce titre. La mode déboule sur la musique populaire en ce début de décennie. On y remarque un joli solo distorsionné du gratteux Charles Smith. En cette année où sort Thriller de Michael JACKSON, Il semble que les groupes se mettent à singer les techniques de production de Quincy Jones. C’est l’évidence sur "Pretty Baby" qui, toutes proportions gardée, aurait pu être un titre du king de la pop. On repart sur du funk soul à la Bill WITHERS avec la répétitive "Think It Over" dont les orchestrations sont vraiment minimalistes. Ce titre midslow se laisse bien écouter mais ne propose pas quelque chose de révolutionnaire. Enfin, "As One" est un petit slow, une quasi chialante qui ne restera pas dans les mémoires tant le ton manque de brio. On est très loin des premières amours du groupe, cette fois, la ligne pop est clairement franchie ! Ce titre pourrait sortir de la besace de n’importe quel groupe de new wave de catégorie B de ces années. Il y a du filler dans l’air.

Cet album est probablement le plus faible de leur collaboration avec Eumir Deodato. Les résultats ne sont d’ailleurs pas phénoménaux et l’album n’est pas même platine aux USA. Le producteur brésilien, pourtant révélateur du son qui leur a permis de percer, sera donc remercié pour les livraisons suivantes. L‘opus n’a cependant rien de déshonorant, même si ses singles n’ont pas eu le succès foudroyant des précédents. Je reste sur un trois équilibré, malgré la faible durée de l’oeuvre.