Après le flambard provoqué par Jungle Boogie, nos jeunes funkeux ne craignent plus personne et croient dur comme fer dans leur bonne étoile. L’année 74 s’ouvre sur un déferlement créatif jamais vu jusqu’alors, et le funk mâtiné de Jazz de nos lascars s’adapte magnifiquement aux nouvelles modes. KOOL et ses sbires sont maintenant des stars du show biz, tout va devenir plus facile et leurs livraisons sont attendues comme le bon pain du matin chez votre boulanger. De Lite fait désormais de ses poulains une priorité, il est vrai que tout ceci sent bon l’overdose de billets verts. Il s’agit déjà du cinquième opus de nos jeunes natifs du New Jersey, et pour le moment, tout se passe drôlement bien, la machine prend peu à peu son élan vers le stardom international.

Le premier single "Higher Plane" est le fait de gloire de cette livraison, et c’est Ronaldo Bell qui tient ici le micro. On tache de surfer sur la vague de Jungle Boogie en mélangeant les voix. C’est très funk et dansant mais loin de l’originalité du grand frère. Ajoutons a cela que Ronald est un chanteur assez limité. Malgré tout, le hit atteint la première place du billboard RnB. On continue avec "Rhyme Thyme People" chanté par le sax DT Thomas, un funk drivé par un Wurlitzer qui laisse la part belle aux instrumentations. Enfin, vient l’instrumental "Summer Madness" que mène le Arp2600 de Ronald. Vous allez certainement reconnaître les notes qui sont aujourd’hui entrées dans l’inconscient collectif. Mais oui ! N’est-il pas ? Historique, pas moins !

L’éponyme "Light Of Worlds" propose une ambiance exotique qu’on croirait sud-américaine, nonobstant le Wurlitzer et la débauche cuivrée qui s’ensuit. Le groupe chante à l’unisson pour un résultat plutôt incertain, alors que la composition se tient bien. Le claviériste Ricky West tient le micro de "Fruitman" qui se veut tranquille et chaloupé, dans une ambiance bien détendu du gland, propice à la drague et à la facilité. La gratte de Claydes Smith nous donne "You Don’t have To Change" avec cette fois un chanteur externe Alton Taylor. L’ensemble sonne lourdaud et maladroit. Trouver un chanteur est bel et bien la mission du groupe.

Nous avons aussi quelques instrumentaux supplémentaires : "Street Corner Symphony" est le parfait exemple de la fusion désormais pratiquée par KOOL AND THE GANG : un instrumental de belle allure aux sonorités chaudes et tropicales, avec des cuivres qui sonnent une charge magnifique. Les digressions jazzy qui sont légions montrent que les jeunes gens savent tenir un instrument. L’Arp est de nouveau à la manœuvre sur "Whiting H & G", un autre instrumental qui se défend fort bien, aux jolies harmonies et au calme débonnaire de bon aloi. Nous tombons dans une cuve de beuh pour la coda de "Here after", un concept de fin qui se veut tout beau tout mignon tout gentil, mais la démarche me semble plus naïve qu’autre chose. Restons sur du funk groovy, messieurs !

Des instants fort gracieux jouxtent ici des compositions moins brillantes, c’est l’évidence. A tourner autour du pot, il reste à craindre que nos jeunes musiciens se perdent en chemin. Cette manière de tourner tous autour du micro n’est pas faite pour rassurer leurs fans. Leur musique a besoin de gagner en consistance avec une vraie voix derrière le micro. Les nombreuses évolutions sont cependant notables et KOOL AND THE GANG promet de faire partie de l’élite mondiale de la musique dans les meilleurs délais si tout se passe bien. Un trois équilibré, on reste cools !