C’est l’histoire d’une bande de potes de la jeunesse black défavorisée des banlieues de New YORK. En cette fin de décennie des sixties, le funk pointe carrément sous la soul et nombre de jeunes musiciens en herbe veulent devenir qui le James BROWN, qui le Marvin GAYE des seventies. L’embryon du groupe se développe autour des frères Bell, Robert "Kool" et Ronald âgés de 19 et de 18 ans et alors en pleine découverte du jazz. Le groupe provient de la highschool de Jersey City, la Lincoln High… Incroyable ce que le New Jersey aura produit de carrières dans tous les genres, voyez donc Bruce SPRINGSTEEN ou BON JOVI pour ne citer que les plus connus ! La famille Bell vit dans le même immeuble que Thelonius MONK tout ce ci est une immense histoire de fraternité ! Après deux années dans le circuit des clubs locaux, la maison Del Lite les signe et nous voici avec leur premier éponyme opus entre les mains !

Alors ce premier album est entièrement instrumental ! Ça vous en bouche un coin pas vrai, alors que KOOL et ses sbires sont aujourd’hui mondialement connu pour leurs chatoyantes harmonies vocales ! Et nous avons trois singles pour débuter leur parcours ! Nous débutons par "Kool And The Gang", une gratte déjà bien funky et des cuivres rebondis à la James BROWN, ça ne s’invente pas. Une ambiance pseudo live et pas mal de percussions lui donnent déjà une vibe bien entraînante. "The Gang’s Back Again" louvoie dans la même ambiance festive. "Let The Music Take Your Mind" achève cette petite ronde qui doit plus que jamais au grand grandfather de la funky music. Les gars ont l’air de s’éclater, les résultats ne se font pas attendre et on intègre les tops 100 du hot ainsi que les tops 20 du soul, c’est encourageant.

L’immense Roberto KOOL se taille la part du lion sur "Give It Up" bien… cool ? Voilà mon terme favori définitivement proscrit dans les chroniques de ce groupe légendaire, va falloir se renouveler ! On apprécie ici la batterie véloce de George "Funky" Brown. La gratte obstinée de Clayde Smith mène "Kool’s Back Again" de bout en bout, on se croirait dans un entraînement de Rocky une centaine de kilomètres plus bas à Philly. "Chocolate Buttermilk" se tient pas mal mais la répétitivité des thèmes se pose tout de même un peu… ça fait encore musique d’ambiance certes sympa mais pas très ramenarde, et le funk se doit d’être flamboyant non ?

La vibe est plus décontractée sur "Raw Hamburger", avec de belles parties cuivrées de DT Thomas au sax alto, "Spike" Mickens à la trompette et de Ronald au sax soprano, déjà la carte de visite du groupe, avec un KOOL qui drive toute l’assise des titres avec sa basse ondoyante. "Sea Of Tranquillity" nous endormirait presque avec des cuivres qui sonne plus la sieste au bord de la plage que la dynamique des dancefloor. "Breeze And Soul" sonne un petit réveil paresseux mais l’ensemble est drôlement agréable même s’il n’annonce pas encore des lendemains qui font danser toute la planète. Enfin, "Since I Lost My Baby" est la reprise des MIRACLES mais oui, vous ne vous trompez pas. Un petit hommage vite oublié car la voix de Smokey faisait ici toute la différence.

A l’image des huit jeunes gens posant avec timidité sur la pochette de l’album démontrant la provenance modeste du groupe, la musique reste encore discrète et n’ose pas encore s’attaquer à un funk coloré et vibrant. On fait montre d’un professionnalisme évident, les instruments et la vibe sont maîtrisés et pour un premier essai, le résultat est encourageant. Il va cependant falloir se surpasser pour sortir de l’ombre de la multitude de groupes qui les encadrent dans leur ascension vers les sommets.