Vous savez ce qu’on dit : "peu à peu l’oiseau fait son nid". Peu à peu, KOOL AND THE GANG se fait un nom et devient un des phénomènes grandissants des débuts du funk des seventies. Nous voici face à son quatrième méfait, et il semble que la tendance soit à l’influence naissante du disco sur les autres formes de musique dance. Robert 'KOOL' Bell drive son groupe vers un son plus funk 'Tight' que jamais. La pochette fourre-tout racole à tout va, et le titre prône une ambivalence fort bien symbolisée par la funky music. Il faut percer et donner des hits à cette machine à groove. Nous sommes toujours durant la fière année 73, et nos jeunes musiciens donnent tout pour réussir.

Le premier single "Funky Stuff" possède comme principaux ingrédients des cuivres dynamiques et une gratte tombée dans une cuve de beuh. Les trois cuivres chantent à l’unisson et cela rend pas mal cette fois. Certes, le petit côté répétitif donne un peu le tournis, mais les progrès sont évidents. C’est avec "Jungle Boogie" que s’ouvrent les portes de la renommée pour le groupe du New Jersey. Les vocaux agressifs et ludiques de Donald Boyce y restent jusqu’à aujourd’hui un standard de la fonky music. Il atteint une très belle 4ème place au billlboard et reste encore aujourd’hui connu de tous, preuve de sa grande efficacité. "Hollywood Swinging" prend la relève et atteint une 6ème place valeureuse. Le titre plus statique présente moins d’attraits à mon sens. En revanche, la voix du clavier Ricky passe fort bien.

"More Funky Stuff" reprend là où son petit frère nous avait laissés. La gratte complètement stone ne parvient même plus à s’arrêter. N’abusez pas de la weed, les jeunes, sous peine de réagir de cette manière. La guitare obstinée de Clay drive "Life Is What You Make It" de bout en bout avec une certaine intensité psychiatrique. Il nous gratifie d’ailleurs d’un petit solo à la Wes MONTGOMERY de fort belle allure. Les percussions de "This is You This Is Me" nous plongent dans une ambiance black évidente, titre véloce et plutôt pop donnant une impression globale de jam.

Les cuivres de "Heaven At Once" ralentissent le tempo. Le chant s'y fait velouté, Ricky proclamant qu’ils sont les grands scientifiques du son. C’est smooth, tout en spoken word, un dialogue entre le clavier et un jeune ado. Quelques réminiscences jazzy lors des solos de sax, celui de Clay Smith à la guitare et celui de trompette par 'Spike' Misckens, un ensemble agréable. L’éponyme "Wild And Peaceful" est une longue pièce ambitieuse de plus de 9 minutes, comme si nos camarades funkeux se mettaient au progressif. Ce titre laidback dégage des sonorités naturalistes, les aspects jazzy reprenant un tant soit peu le dessus. La flûte trouve ici un terrain de choix évident pour se lancer, mais il en va de même des cuivres.

Il s’agit du premier disque d’or, justifié, de KOOL AND THE GANG. Les petits jeunes n’y déméritent en aucune manière. L’opus contient le premier classique "Jungle Boogie" et les trois singles font un flambard à la tête des charts. C’est fait, le groupe anime plus souvent qu’à son tour l’émission [i)Soul Train, tournant comme des morts de faim et sa réputation scénique devenant énorme. L’album atteint la 36ème place du billboard. C’est le début de la gloire. Cela vaut à ce titre jouissif un 3.5 arrondi à la supérieure.