Pas de folie autour de KOOL AND THE GANG pour le moment, mais les p'tits gars du New Jersey travaillent et tournent comme de beaux diables dans les scènes locales espérant gagner plus de visibilité sur le territoire ricain. Cette fois, une section de cordes a été recruté pour les accompagner… Un mouvement pour aseptiser quelque peu leur musique ? La pochette pioche un brin du côté des frangins JACKSON V, il n’y a pas de mal à copier ce qui est efficace, tout ceci est déjà bien plus funky dans l’idée ! Aucun chanteur n’a été recruté pour les besoins de la cause, les progrès seront-ils suffisants pour assumer ? Nous sommes encore en 72 et ce Good Times est le troisième opus studio des futurs stars du funk.

Le ton commence à devenir plus efficace avec "Good Times", mais la totalité du groupe continue de pousser la chansonnette et il manque un véritable manieur de Mike pour véritablement attirer l’attention. La mélodie se laisse adopter, on sent le fun qui commence à poindre, avec comme toujours beaucoup de relents du parrain James BROWN, avec un long solo, quasi free, de sax de Ronald Bell. La basse de Robert Bell drive la suite "Country Junky" avec une déjà belle maestria, pas de doute ils savent jouer ! Ces deux titres introductifs sont dans la lignée des deux précédents albums mais posent les bases de l’évolution du son à venir des jeunes musiciens. On continue de chanter à l’unisson sur "Making Merry Music", qui propose un funk dans la droite lignée de ce que font les émules du P-Funk de George CLINTON, très rythmique et avec une certaine débauche sonore.

Pour mieux marquer le coup de ses grandes influences, Ronald propose "I Remember John W Coltrane", mais le titre sonne carrément pop au lieu de donner dans la démonstration jazzy, certes très cool et révélateur des envies du groupe. Enfin, le bridge voit Ronald partir dans des circonvolutions free jazz qui font honneur à son statut de musicien. Le wurlitzer et une gratte funky de première bourre assaisonnée de wah wah sont à la destinée de "North East South West", on sent les influences tant jazzy que soul derrière les sections rythmiques et on ne peut s’empêcher de dodeliner de la tête comme un bon rasta cool devant ce son déjà bien évolué. Un instrumental bien tempéré. On apprécie l’assemblage hétéroclite de "Rated X", avec quelques dérivations psychédéliques que SLY et ses sbires n’auraient pas renié. Une jam qui évolue de manière spéciale car développant pour la première fois un esprit supra funk, quasiment du space funk !

Deux des titres sont plus ressemblants à de véritables chansons : Ricky West se lance pour de bon pour la première fois sur le slow "Wild Is Love", nous jouxtons des territoires pop surprenants pour le groupe, les cordes transforment quelque peu la composition en chialante sur la coda. "Father, Father" est l’étonnante contribution du batteur Georges "Funky" Brown, qui nous fait un spoken word à la Gil SCOT HERON sur l’introduction. La harpe sonne originale dans cet ensemble plus orienté soul que réellement funk.

Pas de grande évolution pour ce troisième opus qui sent bon le funk des early seventies. Les influences jazzy et soul sont bien digérées et on sent que le groupe cherche à diversifier son propos. Pour le moment cependant, la folie qui caractérise FUNKADELIC ou les fous furieux de SLY AND THE FAMILY STONE. Il va falloir trouver un frontman qui assume le micro, en attendant c’est un nouveau trois.