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Bruce SPRINGSTEEN - The Promise (2010)
Par MARCO STIVELL le 22 Décembre 2010          Consultée 10420 fois

La mode est un peu aux reprises et, pour les plus grands artistes qui peuvent se le permettre, aux sorties d'albums de leur cave, là où ils rangent archives et autres trésors que le fan attend avec impatience. A ce sujet, Bruce SPRINGSTEEN ne fait que régaler ses fans depuis quelques temps. Après l'important coffret Tracks en 1998, on avait eu droit à l'excellente compil The Essential en 2003 qui sur trois CDs en comportait un d'inédits, puis on a eu le coffret anniversaire de Born to Run avec le Live à l'Hammersmith Odeon, et voici maintenant The Promise, double disque d'inédits extrait du coffret de Darkness on the Edge of Town ! Tout un programme.

Malheureusement, on pourrait croire en étant un brin objectif qu'avec ces publications de fonds de tiroir à répétition, Bruce nous livre du matériel juste satisfaisant ou beaucoup moins que ça. Nonobstant le fait que l'on n'aime pas sa musique "à tiroirs", il est difficile de ne pas reconnaître qu'il arrive à faire énormément de choses avec trois accords. Mais le doute persiste. Il y a aussi la crainte de retrouver des chansons que l'on connaît déjà, y compris sous des formes différentes et donc plus ou moins satisfaisantes que les "originales". En ce qui concerne le contenu global de The Promise, il y a peu de redites par rapport à Tracks, 18 Tracks, ou même Darkness on the Edge of Town. Seulement une "nouvelle" (estampilée "78" alors que Darkness on the Edge of Town est de... 78 !) version de "Racing in the Street", "Rendezvous", "The Promise" bien évidemment, ainsi que "Fire" et "Because the Night" par SPRINGSTEEN seul avec le E Street Band, toutes deux en studio alors qu'on n'avait que les prestations du copieux Live 75-85 jusque-là. J'ai un peu le sentiment que certaines chansons ont été "retouchées" vocalement parlant. Bruce ne me donne pas toujours l'impression d'avoir laissé sa voix telle quelle sur les anciens enregistrements. Sa voix diffère selon les chansons, un coup il possède celle qu'il avait bien quand il était jeune, claire et élégante, tandis qu'un autre coup je reconnais sa voix un peu éraillée des années 2000. Bizarre bizarre, et quelque part surprise, surprise ("C'mon open your eyes and let your love shine down")...

Les deux disques de The Promise se composent donc majoritairement de chansons parfaitement méconnues du grand public. Les amoureux de Darkness on the Edge of Town y trouveront plus ou moins leur compte car outre le tube "Because the Night" écrit à la même époque et écarté de l'album au profit de Patti Smith, on rencontre des chansons similaires, à l'ambiance folk qui domine sur certains titres comme "Factory" ("Come on (Let's Go Tonight)" étant carrément sa jumelle, musique identique mais autre choix de texte) mais aussi et surtout des ballades rock de bar à foison. "Ain't Good Enough for you", "Spanish Eyes", sans oublier "The Promise" et plusieurs autres chansons sont du même moule, le romantisme désespéré façon SPRINGSTEEN, noyé dans des ballades au son rétro avec force mélodies aussi simples que déchirantes, soli de saxophone ou de guitare lyrique... Et le lyrisme, ce n'est pas ce qui manque sur The Promise, cela concerne aussi les autres chansons, à commencer par cette fabuleuse version de "Racing in the Street", moins retenue, sans doute plus épique encore que celle que l'on connaissait...

On note bien quelques chansons qui se démarquent, avec cuivres légers, pas aussi marqués que sur "Tenth Avenue Freeze-Out" mais suffisamment présents sur le double album pour qu'ils valent la peine d'être notés. Clarence Clemons, quant à lui, se fait tantôt sobre, tantôt rageur comme à son habitude, et l'on ne s'en plaindra pas (quoique...) Les autres musiciens sont fidèles à eux-mêmes, toujours efficaces. Difficile de savoir si Steve Van Zandt se tape un solo par rapport à Bruce qui avait alors souvent tendance à tenir la guitare lead. En revanche, le génial Danny Federici a son moment de gloire sur "Candy's Boy", chose qui n'est jamais négligeable. Je rappelle qu'il est mon musicien préféré du E Street Band, et je regretterai toujours son "départ", donc j'en apprécie plus facilement les moments où il est mis en avant.

Certains trouveront que ces chansons ont vieilli, personnellement je considère qu'on peut les écouter aussi bien que celles de The River. Il y a des chansons du niveau de Darkness on the Edge of Town (que j'aime beaucoup) et d'autres du niveau de The River (que j'aime beaucoup... moins). Bruce nous présente chacune d'entre elles comme de vieux amis qu'il revoit longtemps après les avoir perdus de vue, mais il n'est pas évident de voir les choses sous un oeil aussi clément. En effet, si l'ensemble du disque est agréable, peu de morceaux retiennent suffisamment l'attention pour que l'on se dise qu'on y reviendra souvent. Il n'y a pas non plus de morceaux aussi "mordants" qu'un "Adam Raised a Cain" et cela manque peut-être un peu. Cependant, les petites pépites disséminées ça et là dégagent une aura telle qu'on ne peut s'empêcher de les faire rentrer dans le cercle des plus belles chansons de l'époque écrites par Bruce. Pour commencer, en dehors de "Racing in the Street", citons "Someday (we'll Be Together)", où la voix du Boss est soutenue par des choeurs féminins délicats et absolument magiques (c'est du Magic ou Working on a Dream avant l'heure). Parmi eux, deux jeunes femmes du nom de Patti Scialfa pour la première, Soozie Tyrell pour la seconde. Hé oui, Patti sept ans avant la tournée Born in the U.S.A., et Soozie quatorze ans avant Lucky Town ! Autres grands morceaux, pêle-mêle, "Rendezvous", "Spanish Eyes", "Candy's Boy", "The Promise", et surtout, surtout le lumineux "Outside Looking In", un des morceaux qui se démarquent le plus de l'ambiance générale.

Dans l'ensemble un disque plutôt bon, mais qui ne peut se dépétrer de l'étiquette "simple collection de chansons gentillettes". Remarquez, l'ambition de Bruce à son sujet ne va pas plus loin donc ne faisons pas trop la fine bouche à ce sujet. Ce n'est pas plus mal comme ça.

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   MARCO STIVELL

 
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- Bruce Springsteen (chant, guitares, harmonica)
- Roy Bittan (piano)
- Clarence Clemons (saxophones ténor et baryton, percussions)
- Danny Federici (orgue hammond, glockenspiel)
- Garry Tallent (basse)
- Steve Van Zandt (guitares, choeurs, arrangements des cuivres)
- Max Weinberg (batterie)
- + Rick Garda (trompette)
- Stan Harrison (saxophone ténor)
- Ed Manion (saxophone baryton)
- Bob Muckin (trompette)
- Richie 'la Bamba' Rosenberg (trombone)
- David Lindley (violon)
- Barry Danielian (trompette)
- Dan Levine (trombone)
- Curt Ram (trompette)
- Tiffeny Andrews (choeurs)
- Corinda Carford (choeurs)
- Michelle Moore (choeurs)
- Antoinette Savage (choeurs)
- Patti Scialfa (choeurs)
- Soozie Tyrell (choeurs)
- Jon Landau (batterie)
- Bob Chirmside (basse)
- Ken Asher (arrangements des cordes)


1. Racing In The Street ('78)
2. Gotta Get That Feeling
3. Outside Looking In
4. Someday (we'll Be Together)
5. One Way Street
6. Because The Night
7. Wrong Side Of The Street
8. The Brokenhearted
9. Rendezvous
10. Candy's Boy

1. Save My Love
2. Ain't Good Enough For You
3. Fire
4. Spanish Eyes
5. It's A Shame
6. Come In (let's Go Tonight)
7. Talk To Me
8. The Little Things (my Baby Does)
9. Breakaway
10. The Promise
11. City Of Night



             



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