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Bruce SPRINGSTEEN - The River (1980)
Par ERWIN le 1er Mai 2010          Consultée 11927 fois

Quand il s’agit d’œuvre majeure, le kronikeur a toujours du mal à se situer sur les échelles de notation, cette « rivière », unique double album de Springsteen n’échappe pas à la règle. Je ne l’ai pour ma part jamais trouvé simple d’accès. Nous sommes en 1980, une faste décennie s’ouvre pour le Boss. Son Band, le bien nommé E Street, est désormais fidèle au poste. Bruce, armé de sa Telecaster magique, est aux avant-postes d’une musique qui s’est trouvée au fil des 2 albums précédents. Il pensait au départ faire un album simple, mais son désir d’introspection et d’analyse était tel qu’il revint sur ses pas pour mettre en boite ce double album.

Le premier constat est étonnant, car nombreuses sont les chansons laissées de côté lors de l’enregistrement de Darkness on the Edge of Town, en vrac : « The River », « Ramrod », « Point Blank » ou « Sherry Darling », soit l’ossature des meilleurs titres de la rivière.

D’un strict point de vue personnel, je crois qu’un album simple aurait été de meilleure facture, car remplissage il y a. Je vous vois, les yeux rouges, toutes griffes dehors, prêts à me lyncher. Dire du mal de cet album, ça fout les jetons ! Vous voulez des preuves ? « Two Hearts » « The price you pay », la supra poussive « Hungry Heart » qui deviendra pourtant le premier hit véritable du Boss en sa terre natale, la ligne de piano toute mollassone de « Out in the Street » et ses « hoho-hoho-ho », tout cela ne m’emballe guère.

Cependant, l’agressive « Crush on You » met une ambiance du tonnerre, et la très rock’n’roll « You Can Look » sonnent remarquablement, pour conclure notre premier skeud sur la bien nommée « The River » que Bruce écrivit pour sa sœur et son beauf, dans un souci de décrire les difficultés rencontrées par les petites gens en cette fin des années 70 aux Etats-Unis. Une mélodie superbe, un refrain imparable font de ce titre un grand classique du Boss et une pierre inamovible de ses concerts. Cette harmonica déchirante, cette voix nimbée de sincérité, une guitare folk semblable à celle de son mentor Bob Dylan en ont fait la légende qu’elle est aujourd’hui.

Alors bien sûr, on a ensuite ce deuxième disque bourré jusqu’à la gueule de classiques, « Point Blank » ne laisse personne indifférent et est sans doute le meilleur morceau de l’album. La sublime « Cadillac Ranch » annonce un futur brillant de billets verts pour notre Boss, et il reprendra moult fois plus tard des thèmes joyeux et entraînants (Born in the USA en sera rempli). Il continue d’ailleurs sur cette lancée avec « I’m a Rocker » une vrai revendication dans la bouche du natif du New jersey. Et puis nous avons la sourde ambiance de « Stolen Car » qui annonce une volonté intimiste que l’on retrouvera sur Nebraska.

Pour votre serviteur, le morceau de bravoure de notre jolie rivière est néanmoins le très typé garage rock « Ramrod », qui enchaîne les gimmicks chers à Springsteen, une grosse ligne d’orgue, une guitare frustre suivie par le sax omniprésent de Clemons, et le Bruce qui scande plus qu’il ne chante, tel un Dylan bodybuildé.

L’album est présent sur la liste des plus grands albums de tous les temps éditée par le magazine Rolling Stone et figure honorablement à la 250eme position. Il reste à ce jour une des plus fortes ventes de Springsteen. Tout est question de goût, si The River » semble être l’album jonction entre le statut de superstar du Boss et une première période plus modeste, il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas exempte de défauts. Les singles furent choisis lors d’une fête du slip quelconque, car enchaîner « Hungry heart », « Fade Away » quand vous disposez de « The River » ou de « Point Blank » ça manque de gueule, franchement ! Il faut être sourd ma parole ! Bruce aurait mieux fait de laisser la première à ses potes Ramones comme c'était prévu, cela aurait eu meilleure allure.

Cet album est avant tout une date, « A Getaway » comme l’appelle lui-même notre Boss, avec le franc parler qui le caractérise. Mais je lui préfère indéniablement les deux qui suivront. L’avantage avec Springsteen, c’est la richesse d’une carrière qui laisse bien peu de monde indifférent, il y a à boire et à manger au long de ces quarante années de musique, comme c’est le cas sur « The River », la clef de voûte de la cathédrale Springsteenienne.

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   ERWIN

 
   MARCO STIVELL

 
   (2 chroniques)



- Bruce Springsteen (chant, guitares, harmonica, piano)
- Roy Bittan (piano, orgue, chœurs)
- Clarence Clemmons (saxophone, percussions, chœurs)
- Steve Van Zandt (guitares acoustique et électrique, chœurs)
- Danny Federici (orgue)
- Garry Tallent (basse)
- Max Weinberg (batterie)
- Sam Moore, Bobby King, Bobby Hatfield (chœurs)


1. Cd1
2. The Ties That Bind
3. Sherry Darling
4. Jackson Cage
5. Two Hearts
6. Independence Day
7. Hungry Heart
8. Out In The Street
9. Crush On You
10. You Can Look
11. I Wanna Marry You
12. The River
13. Cd2
14. Point Blank
15. Cadillac Ranch
16. I’m A Rocker
17. Fade Away
18. Stolen Car
19. Ramrod
20. The Price You Pay
21. Drive All Night
22. Wreck On The Highway



             



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