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Bruce SPRINGSTEEN - The Ghost Of Tom Joad (1995)
Par SUNTORY TIME le 18 Octobre 2011          Consultée 8552 fois

La sortie du Greatest Hits et la reformation inéspérée du E Street Band laissaient de grands espoirs dans la sortie d’un nouvel album avec le Boss et son groupe.
Et bien SPRINGSTEEN a encore pris son monde à revers en nous refaisant le coup façon Nebraska ; un album folk et dépouillé.

Mais Nebraska était un album de démos qui ne disait pas son nom, alors que The Ghost of Tom Joad est composé tel quel au départ, avec un concept précis : certaines chansons reprennent des thèmes des Raisins de la Colère, le célèbre roman de John Steinbeck, dont Tom Joad est l’un des principaux personnages.
Autre distinction par rapport à Nebraska ; le Boss n’est pas tout seul avec sa guitare (certains membre du E Street Band sont présents), et l’harmonica est très peu présent. Il s’accompagne de chœurs, d’une rythmique discrète et surtout de synthé ambiant qui font toute la richesse de ces chansons si épurées en apparence.

Rarement la musique de SPRINGSTEEN n’a paru si paisible dans cette veine folk. Là où Nebraska nous semblait hivernal et peu accueillant, The Ghost of Tom Joad se fait doux, la chanson-titre commence par un harmonica qui vise juste et la voix du Boss, plus rauque et chaleureuse que jamais. Il nous embarque pour des histoires de route, de plaines arides, suivant les paumés, les reclus de la société, les immigrés mexicains et les garde-frontières.
C’est le centre et le sud des USA qui font office de décor, ces terres desséchées où même les orages ne donnent pas de pluie (« Dry Lightning »).

Car tout le paradoxe de cet album est là. La douceur de la musique cache la gravité des textes. SPRINGSTEEN fait un portrait très sombre de cette Amérique là, si lointaine de l’image rêvée du Nouveau Monde triomphant. Il n’y a guère que sur le très beau « Youngstown », relatant le déclin industriel de la ville du même nom, que la musique se fait un temps sois peu dramatique.

On pourrait écrire des thèses entières sur cet album, décortiquer le texte de chaque chanson pour le remettre dans son contexte, analyser la poésie, les termes employés. Mais à quoi bon ? Si les talents de parolier de Bruce échappent à certains, la musique, elle, est bel et bien là. Discrète, mais tellement envoûtante. Les claviers d’ambient sont devenus une marque de fabrique du Boss pour ses morceaux les plus folk (l’album Devils & Dust suivra le même schéma 10 ans plus tard), et l’émotion n’en n’est que plus forte.

Au départ, je me suis méfié des albums du genre de Nebraska et The Ghost of Tom Joad. A la lecture des chroniques les plus intellos sur le Boss, ces deux albums sont les seuls qui vaillent la peine d’être écoutés (!). A cette époque, je pensais intello = chiant comme la pluie. Je constate à quel point je me suis trompé aujourd’hui concernant ces disques, même s’il faut je pense une certaine maturité à leur écoute, même si Nebraska est de mon point de vue plus difficile d’accès.

The Ghost of Tom Joad est un chef d’œuvre, un trésor de poésie et de douceur que ne laisse pas supposer son étrange pochette, et l’un des disques les plus aboutis de SPRINGSTEEN. Alors pourquoi ce 4/5 ? De mon point de vue, l’album a un gros handicap : sa production.

Les arrangements musicaux dont j’ai parlé plus haut sont discrets, trop discrets même. Et la voie du Boss, si puissante même dans la délicatesse, est tellement présente que certaines chansons donnent l’impression d’être chantées a capela, comme « The New Timer » et surtout « Galveston Bay » où claviers et guitares sont quasi inaudibles. Si les balances entre la musique et le chant avaient été mieux équilibrées, le Fantôme de ce bon vieux Tom Joad aurait mérité la note maximale sans hésitation.

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   (2 chroniques)



- Bruce Springsteen (chant, guitare, claviers)
- Danny Federici & Chuck Plotkin (claviers)
- Gary Mallaber (batterie)
- Marty Rifkin (pedal steel guitare)
- Gary Tallent & Jim Hanson (basse)
- Soosie Tyrell (violon)
- Jennifer Condos (basse sur « across the border »)
- Lisa Powel & Patti Scialfa (chœurs sur « across the border »)


1. The Ghost Of Tom Joad
2. Straight Time
3. Highway 29
4. Youngstown
5. Sinaloa Cowboys
6. The Line
7. Balboa Park
8. Dry Lightning
9. The New Timer
10. Across The Border
11. Galveston Bay
12. My Best Was Never Good Enough



             



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